Un rallye accessible aux néophytes
Se lancer sur un rallye pour la première fois n’est pas chose aisée pour un néophyte. C’est cher, souvent loin, ça dure facilement une bonne semaine et ça nécessite tout un équipement spécifique. En général, la navigation se fait au roadbook et tripmaster et, suivant l’évènement, il y a des temps à respecter sur les liaisons et aux départs des spéciales, un peu à la manière d’une course d’enduro.
Les organisateurs du Swank Rally ont créé un évènement accessible à tout un chacun, aussi bien d’un point de vu du budget (990 euros) que de la durée (quatre jours). Avec un départ de Milan, d’un point de vu logistique, il est facile d’accès et on peut même s’y rendre directement au guidon de sa moto comme certains participants l’ont fait.
Chaque étape d’environ 220 à 300 km comporte une spéciale chronométrée définissant le classement des compétiteurs ayant choisi l’une des deux catégories « course », R1 (motos modernes) et R2 (motos anciennes d’avant 1999). Ceux-ci doivent être titulaire d’une licence FIM et n’ont droit qu’au roadbook papier pour la navigation.
La catégorie « expérience » est non-compétitive et rassemble les ¾ des participants. Pas besoin de licence de course ni de dérouleur de roadbook. Chaque participant reçoit les traces GPS et parcourent l’itinéraire à son rythme et n’est pas obligé de faire les spéciales. S’il les fait, on lui communiquera son temps, mais celui-ci ne sera pas enregistré. C’est la catégorie idéale pour se faire plaisir sans le stress de la course et sans avoir besoin de connaissances de navigation au roadbook.
Sachez également que l’organisateur attache une très grande importance à la sécurité. Chaque participant étant équipé d’une balise qui permet à l’organisation de le suivre en temps réel. Ainsi, deux ambulances 4x4 ainsi que des médecins à motos sont présents sur l’évènement.
Sur le Swank Rally, de parfaits néophytes côtoient des professionnels comme le pilote Yamaha Alessandro Botturi, la légende du Dakar Franco Picco, qui à 66 ans sera encore au départ du Dakar 2022 ou encore Filippo Bassoli, directeur marketing de MV Agusta au guidon de l’ex Cagiva Elefant d’usine d’Edi Orioli !
On ne change pas une formule gagnante, ou presque!
L’édition 2021 reprend en grande partie le concept de l’édition précédente. À savoir un prologue sur la piste de motocross de Malpensa, une première étape italienne qui nous amène au port de Gênes et trois étapes en Sardaigne avec, au total, deux nuits sur l’île et deux nuits sur le ferry.
Pour la première fois, les participants de la catégorie « expérience » ont le choix entre l’itinéraire « hard » et un itinéraire « soft », qui exclut quelques sections difficiles. Cette nouveauté a été mise en place car un nombre important de participants sont venus avec des bicylindres cette année. On dénombre facilement une quarantaine de Ténéré 700 !
La Monnier reprend du service
Pour ma 2ème participation, je repars en catégorie « expérience » au guidon de ma Honda Monnier XR 400 qui s’était avérée parfaite pour la tâche l’an passé. Le plein d’essence et un filtre à air propre et elle était prête à repartir !
Ma XR étant équipée d’un dérouleur de roadbook et d’un tripmaster, j’ai pour l’occasion demandé à avoir le roadbook papier en plus des traces GPS de sorte à pouvoir m’entrainer à la navigation en quête d’une hypothétique participation en catégorie R2 (un jour)…
Cette année, le prologue sur la mythique piste de motocross de Malpensa est bien boueux car il a plu les jours précédents. Parti en 145ème position, j’imagine que je peux vous épargner la description de l’état de la piste… Dans tous les cas, je me félicite de ne pas avoir perdu du temps à laver ma moto avant de venir !
Etape 1 : Malpensa – Gênes
La première étape de 275 kilomètres nous amène au port de Gênes où l’on embarque sur le ferry pour la Sardaigne en début de soirée. Les pistes sont assez roulantes et faciles, ce qui constitue une bonne mise en jambes pour le reste du rallye. Qui va se corser dès que nos roues toucheront le sol sarde.
Quand j’arrive au départ de la première spéciale de 13 kilomètres, on nous fait savoir qu’elle est annulée… Trop de chutes de participants en bicylindres à déplorer... Dommage. Je me souviens qu’elle m’avait donné du fils à retordre l’an passé. Avec un gros trail, il est quasi impossible de repartir seul si l’on se loupe sur un des virages tout au long de cette montée interminable, tant elle est raide. Apparemment, c’est vite devenu l’hécatombe et ils ont préféré arrêter.
Pensant qu’il était possible de manger au port, je fais l’erreur de rouler nonstop jusqu’à Gênes pour découvrir qu’une fois dans le port, il n’y a rien à manger et on ne peut pas ressortir… Heureusement qu’il ne reste que deux heures avant l’embarquement… Est-ce que je n’avais pas fait la même erreur l’année passée déjà ?
Sur le ferry, je fais la connaissance de Baptiste, un jeune français en Africa Twin 750 avec qui je partage ma cabine. Par la même occasion, je fais connaissance avec les autres Français présents sur l’évènement avec qui on partage l’apéro sur le pont du navire et le souper. L’an passé ils n’étaient que trois, mais cette année ils sont cinq. Du côté des Suisses on n'est que trois francophones et une demi-douzaine d’alémaniques. Il va sans dire que mis à part quelques Allemands, Hollandais et Autrichiens, la majorité des participants sont Italiens.
Etape 2 : Porto Torres – Arborea
Cette première étape de 290 kilomètres sur le sol sarde doit nous amener à Arborea en début de soirée. Sa particularité: une spéciale longue de 27 km dans la mythique forêt de Burgos, réputée pour sa difficulté au niveau de la navigation. L’an passé, j’avais adoré et j’étais donc particulièrement impatient de la retrouver.
Depuis le début de cette 3ème édition j’essaie de naviguer avec le roadbook et de jeter un œil au GPS uniquement cas de doute. Les casses sont nombreuses, en particuliers sur les spéciales et il faut absolument rester concentré sur la lecture du roadbook sous peine de rater un point. La navigation sur cette première spéciale se passe à merveille et mis à part une hésitation ou deux, où j’ai regardé mon GPS, j’ai réussi à m’en sortir en 46 minutes. A titre indicatif, le vainqueur de l’étape, le pilote professionnel Yamaha Alessando Botturi l’a bouclée en 33 minutes au guidon d’une Ténéré 700 !
A la fin de cette magnifique étape, on se retrouve en bord de mer à Arborea, dans un immense complexe hôtelier capable d’accueillir les quelques 160 participants et leurs 100 accompagnateurs. Si les participants comme vous et moi viennent avec quatre paires de sous-vêtements, une paire de claquettes et les mêmes pneus que l’année précédente, certains pilotes débarquent avec un team d’assistance complet avec camion, tente, mécanos et changement de pneus chaque soir…
Etape 3 : boucle Arborea - Arborea
Aujourd’hui, pas besoin de trimbaler ses affaires dans le sac à dos, on peut tout laisser à l’hôtel et profiter d’une étape montagneuse plus courte de 220 km qui nous fait découvrir le passé minier de la Sardaigne avec les vestiges de nombreuses mines abandonnées. Entre le Sardegna Gran Tour et la précédente édition du Swank, c’est la 3ème fois que je roule sur ces pistes, et je dois avouer que je ne suis pas encore prêt de m’en lasser. L’étape est plus caillouteuse et poussiéreuse que celle d'hier. Le terrain de jeu est montagneux. Par rapport à l’an passé, on fait la boucle en sens inverse. Je m’en rends compte au départ de la spéciale quand je reconnais la descente ultra raide de la fin…
Cette spéciale est plus axée sur la vitesse que la navigation, qui est assez facile. Après un passage en forêt, on se retrouve sur des crêtes dégagées, c’est vraiment superbe !
Cette fois, au lieu d’aller explorer quelques bâtiments abandonnés des mines, je me pose tranquillement dans un restaurant pour manger une morce avant de rejoindre l’hôtel vers les 15h. Baptiste, mon compagnon de chambre durant tout l’événement arrive lui toujours tard avec un tas de galères. Après une crevaison le premier jour, aujourd’hui un de ses compatriotes est tombé en panne sèche, puis la moto ne voulait plus repartir…
Jean-François, le Neuchâtelois déjà présent l’an passé, est lui, fidèle à son habitude, toujours de retour dans les premiers.
Il faut savoir que suivant votre numéro de départ, il y a bien une heure de différence entre les premiers et les derniers à partir le matin.
Etape 4 : Arborea – Porto Torres
Cette dernière étape de 300 kilomètres doit nous amener au port de Porto Torres où l’on embarquera sur le ferry pour l’Italie en début de soirée. Bien que l’organisateur ait formellement conseillé aux participants en bicylindre d’éviter la spéciale, certains s’y sont quand même essayés et doivent encore avoir du sable entre les dents !
En effet, cette dernière spéciale de seulement 7 km se déroule entièrement dans du sable. Sur papier, cela peut sembler une formalité, mais pour tous ceux qui n’ont pas d’expérience du sable et/ou ont une moto lourde, bonjour la galère !
Je suis parti en toute confiance suite à ma bonne expérience de 2020. Pourtant, j’avais oublié un petit détail… L’an passé, il avait plu le matin, ce qui avait raffermi le sable. Mais là, c’était mou de chez mou…
Alors que je m’auto-congratulais de mes compétences insoupçonnées en navigation au roadbook ce matin encore, sur cette dernière spéciale je me suis complètement planté !
Après deux chutes à basse vitesse, j’arrivais à peine à souffler et je n’avais même plus la tête à essayer de comprendre où j’étais. J’ai essayé de suivre la trace GPS, non sans me planter pour essayer de suivre d’autres participants, qui se sont plantés également…
À un moment donné, je vois Baptiste assis par terre, sans casque avec son Africa Twin 750 ensablée…Le pauvre ! Je le laisse dans sa galère sans trop de culpabilité vu que je n’en mène pas large non plus, et parviens tant bien que mal à rejoindre l’arrivée après 21 minutes qui m’ont semblé avoir duré une heure !
La fin de l’étape est plus roulante et se situe souvent à la lisière des champs. A noter un petit passage en forêt ultra dangereux où une sorte de fesh-fesh rendait la visibilité quasi nulle. Je ne savais même pas que ça existait ailleurs que dans le désert cette saloperie. J’ai dû m’arrêter lorsqu’un concurrent m’a dépassé car je n’y voyais absolument plus rien.
Nelson, le valaisan au guidon d’une BMW HP2 va en faire les frais avec une grosse pièce qui fracasse son cache-soupape. Heureusement, lui s’en sort sans une égratignure.
Tous les compétiteurs rejoignent petit à petit l’arrivée située en bord de mer ou l’on savoure la fin de cette belle aventure avec une bière fraiche avant de se diriger ensuite vers le port pour embarquer à nouveau sur le ferry. La remise des prix se fera cette année sur le ferry.
Infos pratiques
L’inscription à l’édition 2021 coute 990 euros (890 euros pour ceux qui s’inscrivaient avant le 30 Avril) et inclut le ferry aller-retour, l’assistance médicale, l’assurance, les deux nuits d’hôtel en Sardaigne ainsi que les petit-déjeuners et soupers en Sardaigne. En ajoutant la nuit à Malpensa, les repas sur le ferry, l’essence, la carte FIM, la location du transpondeur et les repas en journée, vous vous en sortez avec environ 1'500 euros, ce qui reste très abordable pour un rallye. De plus, il est possible de laisser votre fourgon sur le parking de la piste de cross de Malpensa.
Si vous vous aventurez pour la première fois sur un évènement de ce type, je vous conseille fortement de partir avec une moto légère, surtout si vous n'êtes pas trop expérimenté en tout-terrain. Sachez que le vainqueur de la catégorie R1 de l'édition 2020 roulait en Vent 125 4 temps et qu'il est venu cette année au guidon d'une Cagiva Elefant 125 2 temps des années 80!
Cette année, la catégorie R1 a été remportée par le pilote professionel Botturi au guidon d'une Ténéré 700!
À chacun de trouver une monture adaptée à son niveau...
Le Swank Rally édition 2022
La prochaine édition du Swank Rally se déroulera du 27 septembre au 1er octobre 2022. Sachez également que l’itinéraire de la 4ème édition sera complètement nouveau. Vous trouverez toutes les informations sur le site officiel en temps voulu.