Première étape : Malpensa - Genova (275 km)
C’est sous un ciel très chargé que les compétiteurs s’élancent par intervalle de 30 secondes à l’assaut de cette première étape de 275 km qui doit nous amener au port de Gênes.
Ayant équipé ma Honda d’un dérouleur de roadbook, d’un tripmaster et d’un GPS (privilège uniquement toléré en catégorie amateur), je pars avec comme objectif de n’utiliser le GPS qu’en cas de nécessité. Après trois erreurs sur le premier kilomètre, mes belles résolutions sont vite balayées et je contrôle chaque case du Roadbook sur le GPS.
Cette première étape est principalement constituée de pistes longeant champs et rivières dans les provinces de Pavia et d’Alexandrie. Les paysages sont magnifiques et compensent l’intérêt un peu limité de cette section sans difficultés.
La spéciale chronométrée de 13 km sera quant à elle aux l’antipodes de l’étape du jour. Caillouteuse, cassante, toute faite de montées et de descentes bien raides, elle a donné du fils à retordre à beaucoup de participants. C’était à mon avis la spéciale la plus difficile du rallye d’un point de vu technique et j’étais bien heureux d’être au guidon d’une moto légère.
Après une dernière liaison, il nous faut encore braver le trafic chaotique de la ville de Gênes pour rejoindre son port et embarquer sur le ferry qui nous amènera demain en Sardaigne.
Sur le bateau j’ai l’occasion de faire plus ample connaissance avec l’équipe de la MBE (Motor Bike Expo) qui m’a invité et avec qui je partage la table au restaurant. Cette foire qui a lieu chaque année fin janvier à Vérone est connue pour être l’un des plus grands évènements dédiés au Custom, mais ils sont également en train de s’ouvrir à tout ce qui touche à l’Adventouring.
De leur team, ils sont quatre à participer en classe non compétitive dont le célèbre pilote de Rallye Franco Picco, au guidon d’une Gilera RC 600, qui fêtera ses 65 ans en Sardaigne!
Seconde étape : Porto Torres - Arborea (294 km)
La spéciale dans la forêt de Burgos est l’un des rendez-vous immanquables de tout rallye en Sardaigne. Réputée pour être très difficile en navigation, les favoris y ont laissé des plumes, et certains même toute chance de victoire. La moitié des 24 pilotes en classe pro a échoppé de trois heures de pénalité pour s’être perdus ou n’avoir pas respecté la trace…
Après avoir obtenu une 6ème place lors de la première spéciale, le jeune pilote Alberto de Bernardi gagne l’étape et prend la tête du rallye après une navigation sans fautes et un temps de 38 minutes au guidon d’une Vent 125 RR, une moto de moins de 15 chevaux !
Rien à voir avec le terrain cassant de la spéciale d'hier, aujourd’hui c’est de la terre bien grasse et ça se déroule entièrement en forêt. La navigation est très difficile, il y a beaucoup de changement de directions et des chemins qui partent dans tous les sens. Rapidement, je laisse tomber le roadbook pour juste suivre la trace GPS. C’est vraiment fun et j’arrive à doubler 7 concurrents avant de me retrouver derrière un trio qui ne me laisse pas passer. Je boucle les 25 km en 45 min.
Dis comme ça, c’est juste 7 minutes de plus que le meilleur temps, mais je vous garanti que de rouler en suivant bêtement une trace GPS ou en naviguant au moyen d’un roadbook et d’un tripmaster n’est absolument pas comparable. Moi qui avais initialement hésité à m’inscrire en catégorie pro pour le défi, je suis content d’être venu en amateur, mes compétences de navigation n’étant vraiment pas suffisantes.
La journée est loin d’être terminée et ce n’est que vers 18h30 que j’arrive à Arborea, après 180 km de liaison, quasiment exclusivement sur pistes. Une magnifique image qu’il me reste de cette journée est la section sur des collines avec le coucher de soleil et les éoliennes en arrière-plan.
Troisième étape : Arborea – Arborea (214 km)
L’étape d’aujourd’hui est une boucle, ce qui est assez agréable, du fait qu’on dorme dans le même hôtel ce soir. Sa particularité est de se dérouler dans une zone montagneuse où jadis de nombreuses mines furent exploitées. A l’abandon depuis le début des années 90, leurs vestiges sont encore présents partout dans la région et ça donne un petit côté post-apocalyptique que j’adore !
Le départ de cette spéciale de 12 km a lieu à 25 km de l’hôtel. Elle est très roulante et sans difficultés particulières. Coincé derrière un pilote un poil plus lent que moi, je fais une erreur en le suivant, et en voulant corriger le tir après avoir manqué une bifurcation à gauche, je manque de justesse de me faire percuter par celui qui me suit, qui a fait la même erreur et qui tombe pour m’éviter. Heureusement, il n’y a qu’un levier d’embrayage un peu tordu à signaler. On relève sa Ténéré 700 à deux et on repart. Verdict ; 18min 35, soit près de 5 min de plus que le meilleur temps…
En juillet, lors du Sardegna Gran Tour, j’ai bien regretté de ne pas m’être arrêté pour visiter les bâtiments à l’abandon des mines de Montevecchio et d’Ingurtoso. Cette fois, on ne m’y reprendra pas ! La spéciale étant terminée, il me reste toute la journée pour finir cette boucle et donc largement le temps de m’arrêter sur quelques spots pour explorer ces bâtiments.
Au point où j’en suis, sur le coup des 14h30, je m’arrête même dans un charmant restaurant en bord de mer où de nombreux concurrents sont déjà attablés en train de manger.
C’était excellent, mais ça me coûtera une heure et demi de piste sous une pluie battante et un départ le lendemain avec des pieds mouillés…