Le bleu passe au vert, flashback.
Livraison de la Speed Triple RS le 28 Mars, rodage expédié en une semaine – je suis impatient et la récupère donc dès le premier de ses services effectué, soit le vendredi suivant. Moto tout juste rodée, et le reste était à l’avenant : cuir neuf, casque rutilant. Et la boule au ventre. J’enfourche la moto et direction la France, Vaison Piste. J’étais impatient.
Le premier jour. De ma première vraie saison de roulage sur circuit. À la veille d’une vingtaine de journées sur les circuits de France. Mais, puisqu’il faut bien commencer par le commencement et faire les choses dans l’ordre, le stage de pilotage. Avant ça, une journée d’initiation au circuit avec le Cornu Master School à l’Anneau du Rhin puis un détour avec la Tortue Team sur le Circuit du Luc. Mais là, un stage de deux jours, à Vaison Piste, petit circuit de 2 kilomètres dans l’arrière-pays bourguignon, où l’on ne voit pas l’ombre d’une ligne droite. Un weekend complet dans l’antre de Vaison, qui tournicote, qui tricote, qui gauche-droite et pif-paffe, monte et descend... Le décor est posé.
Et ce vendredi-là, un soir d’avril 2018, lorsque je pénètre dans l’enceinte du circuit, je ne le savais pas. Pas encore. Que ce serait le début d’une aventure palpitante, humaine, personnelle. Et que j’étais au commencement de quelque chose. À la veille de connaître des gens merveilleux. Les Alexandra, Adrien, Xavier, Guillaume, Irinda, David, Loris, Céline, John, Hervé, J-C, Fabio, Fabienne, Cédric, Greg, Nico, et tous les autres. VOUS autres.
Ce que j’y ai appris
Les AcidTracks m’ont appris la patience et à travailler les fondamentaux. À me poser. Me canaliser. Mais il y a pleins de petits moments qui font le piment et l’écume de mes jours…
Avant les roulages, il y a l’attente, la préparation, la projection et l’impatience. Le décompte des jours, les échanges sur les messageries instantanées et les réseaux sociaux. La location de la camionnette, le chargement des motos. Avec les copains, on n’a pas toujours tout fait tout bon, mais souvent juste. On a eu chaud, on s’est énervés, rarement, il y a même eu des bruits bizarres dans la cargaison parfois, mais toujours l’excitation du départ. La promesse du voyage. Puis le voyage. Et des retrouvailles et de nouvelles connaissances. De ces sensations.
Pendant les roulages ; la jouissance du moment présent, de cette vague de peur, d’adrénaline qui vous submerge et ces élans de camaraderie qui vous étreignent. C’est l’apprentissage de la peur, de toutes ces façons de la canaliser, la gestion de la fatigue, puis la satisfaction des progrès effectués, de ce sentiment de partage, d’être dans une bulle, en dehors du temps. Et ce mélange de peur et d’excitation, renouvelé à chaque session. Et des tranches de rires à chaque échauffement.
J’ai appris à écouter, observer, reproduire ce qu’on m’a enseigné, m’appliquer. Et bu jusqu’à la virgule, et absorbé les conseils des coaches. Aussitôt mis en application dans la session suivante. Et voir, peu à peu, la peur se mélanger au plaisir. Et cette envie, insatiable, d’y retourner. Encore et toujours. Et mille fois sur le point de corde je me serai appliqué. Et mille et une fois sur mes appuis je me serai concentré. Et cent fois ce regard j’aurai travaillé. Jusqu’à l’envi. Jusqu’à en douter.
Jusqu’à ce contact. Premier genou. Ce moment précis où l'effleurement furtif devient caresse éternelle.
« Nous vous devons une reconnaissance éternelle ».
Merci à toute l’Équipe, aux coaches, aux photographes et à toutes celles et tous ceux qui œuvrent pour aider, d’avoir su rester humbles, flamboyants et sérieux à la fois, et nous avoir communiqué votre passion et su créer cette atmosphère de partage et distiller une ambiance si magique.
Qu’il me tarde aujourd’hui de vous retrouver tous et toutes, même sur une saison 2020 tronquée. Bientôt donc… Et le reste n’est que de l’attente.