On ne change pas un concept qui gagne ! Pour cette seconde édition, la Vercingétorix rassemble près de 110 motards, soit près de trois fois la cuvée 2015 ! Yann, un des deux "pères" de ce concept nous a pondu un tracé à plus de 80% inédit par rapport à première édition. Au programme, 750 kilomètres de chemins et petites routes sur trois jours avec deux tracés à choix, l’Aventure pour les novices et l’Extrême pour les amateurs avertis.
Le grand avantage de la Vercingétorix par rapport au Paris-Dunkerque est que le départ et l’arrivée se situent au même endroit, ce qui simplifie grandement la logistique pour tous ceux qui sont venus avec des remorques ou des vans. Et pour nous les Suisses, Lavoute-Chilhac est bien plus près que Dunkerque. A titre d’exemple, depuis Fribourg, c’est 500 kilomètres contre 830 kilomètres pour Dunkerque...
Le point de rencontre se situe dans le camping de la magnifique petite ville de Lavoûte-Chilhac, en Auvergne. Les 500 kilomètres de route qui me séparent depuis Fribourg seront expédiées en cinq heures sous un soleil de plomb. Pour cet événement, Honda m’a confié la nouvelle Africa Twin CRF 1000L, la version avec boîte manuelle. Si sur route elle n’égale pas le confort de ses concurrentes 1200cc, j’ai hâte de la tester sur les pistes, là où elle devrait tirer son épingle du jeu.
Après les cafés-croissants au bord de la rivière, le départ est donné sur le coup des 09h00 par groupe de 3-4 motards. En temps qu’amateur de mécanique, j’en profite pour jeter un coup d’œil au parc moto. Il y a quelques perles qui sautent aux yeux immédiatement, comme une XT500 et une CCM GP450. Moins de GS que sur le Paris-Dunkerque et plus de trails des années 90 comme des Dominator, Transalp, XT600 et autres Suzuki DR.
Je prends le départ avec deux Suisses, Miguel et Patrice, tous deux possédant une grosse paire de cylindres, puisqu’ils roulent avec des R1200GS à refroidissement liquide. J’avais rencontré Miguel l’année passée sur le Hard Alpi Tour et on a décidé de faire équipe cette année pour la version extrême de 36 heures. La Vercingétorix sera donc un bon exercice pour rouler ensemble.
Le temps de sortir de Lavoûte-Chilhac et on se retrouve presque immédiatement sur les chemins, quel bonheur ! L’Africa Twin avec sa roue avant de 21" et ses pneus TKC80 est un vrai vélo. Je suis instantanément à mon aise dessus, comme si je la connaissais depuis longtemps.
Les conditions ne pourraient être meilleures ! La météo est au top et le tracé, un excellent mix de petites routes et pistes de forêt. On roule avec un très bon rythme, quasiment sans pauses, jusqu’à ce que l’on trouve un restaurant dans un tout petit village. Je me moque de Patrice qui a la gueule toute noire de poussière... avant de voir la mienne dans le rétro. Ce n’est pas mieux ! Seul Miguel qui roule devant est immaculé.
On se pose à une table avec quatre autres motards arrivés avant nous. Le patron est totalement débordé, comme si un régiment entier venait de débarquer... Après nous, une bonne dizaine de participants arrivent petit à petit... Du coup, on attend longtemps mais on mange bien et pour pas cher.
Quand on reprend la route vers les 13h30, il nous reste plus de 130 kilomètres à parcourir. On pensait rallier le bivouac vers les 17h00-30, mais c’était sans compter sur un gros bourbier qui nous a donné du fil à retordre... Enfin, surtout aux possesseurs de tanks teutons !
Alors qu’on arrive à l’endroit en question, il y a déjà une GS bien embourbée. Miguel la contourne par la droite et reste planté. Patrice tente la gauche avec une grosse louche de gaz et se plante également, non sans avoir au préalable projeté quelques dizaines de kilos de boue derrière lui ! Avec mon Africa Twin, je passe presque les doigts dans le nez.
Une fois la GS de Miguel tirée d’affaire, on s’occupe de celle de Patrice qui est en bien plus mauvaise posture... Enfin, quand je dis "on", je dois préciser que je m’inclus uniquement comme soutien moral puisque je me suis contenté de prendre des photos pendant que les autres mouillaient la chemise. Ce n’est bien entendu pas une excuse pour ne pas me salir les bottes, mais par pur professionalisme journalistique que je me devais de documenter l’opération pour vous en faire profiter.
La moto de Patrice a nécessité un peu plus d’efforts que celle de Miguel, mais la suivante, c’était encore pire... Au fur et à mesure que les participants arrivent, il y en a de nouvelles motos qui se plantent. On décide de partir et de laisser les nouveaux arrivants se débrouiller entre eux, sans quoi, on ne sera jamais de retour. Ça peut paraître un peu salaud comme ça, mais ils sont bien bien assez nombreux !
Quand on boucle enfin les 260 kilomètres du tracé extrême, il est 18h30 passé et la plus grande partie des participants est déjà installé sur le bivouac. Il y a vraisemblablement beaucoup de monde qui a coupé la fin, on aurait dû arriver dans les premiers autrement.
On se dépêche de monter nos tentes alors qu’il commence à pleuvoir avant de se mettre à l’abris dans le restaurant. En plein souper débarque un trio de Suisses : André avec sa Dominator, Frank en Transalp et Laurent en KTM 1190 Adventure. Je les avais interviewés sur le Hard Alpi Tour l’année passée. Ils étaient dans la région pour suivre un cour de tout-terrain chez le fameux Jean-Pierre Goy et ont décidé de prolonger le plaisir en participants aux deux derniers jours de la Vercingétorix. Tout comme pour les autres événements, Cocoricorando offre également la possibilité de s’inscrire pour deux jours ou seulement un jour, ce qui est très pratique puisqu’on évite de payer le prix fort si on ne peut profiter des trois jours.
Un copieux orage va arroser la région pendant une bonne partie de la nuit. Une chose est sûre... on aura au moins pas de poussière demain !
Alors que je range ma tente, J’aperçois des gars en train de changer la fourche d’une vieille Suzuki DR 600. Son propriétaire a été percuté hier par une voiture. Sous le choc, la fourche a cassé, mais par chance, lui n’a rien eu. Pendant que l’assistance dépannage de l’organisation lui transporte la moto, avec ses potes il parvient à trouver une casse moto à 40km du bivouac qui possédait justement une fourche pour sa brêle. Si c’est pas la classe !
Miguel en tête, aujourd’hui, il envoie du lourd par rapport à hier. Malgré l’orage d’hier soir, il n’y a pas trop de boue et surtout plus de poussière. Le tracé est fantastique, beaucoup plus roulant qu’hier et je me régale comme jamais au guidon de l’Africa Twin. Par moment, je me prends un peu pour Marc Coma sur les pistes du Dakar, avant de me rappeler que je suis sur un chemin de forêt théoriquement limité à 40 km/h avec une moto qui n’est pas la mienne et une caution de 2000 balles à payer en cas de dégâts...
D’ailleurs, le bloc compteur de l’Africa Twin est totalement illisible ave le soleil et la poussière. C’est bien le seul défaut que je puisse lui trouver, avec le bouton pour des poignées chauffantes, que j’active à plusieurs reprises involontairement. Plus je roule avec, plus je suis dingue de cette Africa Twin. Sur papier, elle ne vend pas du rêve avec une puissance largement en retrait par rapport à la concurrence et un poids à peine plus léger. Il faut vraiment rouler avec en tout-terrain pour réaliser à quelle point elle est bien foutue. A aucun moment je n’ai eu à faire face à la moindre situation où je me suis dit, si seulement elle faisait 20kg de moins… J’ai l’impression que je passerais partout où je passe avec ma KTM 640 Adventure qui pèse bien 40kg de moins.
Les paysages aujourd’hui sont vraiment magnifiques. Le tracé nous fait traverser deux magnifiques ponts sans barrières.
Mes deux collègues ont chacun chuté à quelques reprises, le plus souvent à l’arrêt, mais ils assurent quand il s’agit de relever leur lourde monture, spécialement Miguel, qui n’est pas grand et doit peser à peine le quart de sa GS Adventure. Il la relève seul en moins de temps qu’il me faut pour béquiller ma moto.
A 13h, on a dépassé la plus grande partie des concurrents et surtout on se rend compte qu’on a déjà passé tous les restos que Cocoricorando avait relevé.
On parvient à trouver une petite épicerie avec une sympathique terrasse où on rejoint trois motards. On se commande quelques sandwichs avant d’être à notre tour rejoint par une bonne dizaine de participants. Alors qu’on est à l’abri éclate un violent orage. L’espace d’une dizaine de minutes, il tombe des cordes. Le second trio de Suisses arrive à nouveau sous la pluie ! Quelle poisse !
On reprend la route sous un ciel couvert. Il fait bien plus frais, avec de temps à autre quelques goutelettes qui tombent, c’est agréable. On poursuit avec notre rythme effréné pour atteindre le bivouac vers les 16h15. Seule une dizaine de participants sont arrivés avant nous. Une fois la tente montée, on profite du beau temps pour faire un saut dans la piscine avant de prendre l’apéro avec nos compatriotes arrivés peu après nous.
Aujoud’hui, un participant malchanceux au guidon d’une magnifique Ducati Scramber s’est cassé la clavicule en chutant et a été héliporté, l’endroit n’étant pas très accessible par la route.
S’en suit le souper et encore quelques heures de théorie sur les pressions de pneus et de voyages lointains avant d’aller se coucher. On se trouve environ à 1’000m d’altitude et il fait froid la nuit. Malgré un équipement plus adapté que sur le Paris-Dunkerque, on a quand même bien eu froid cette nuit.
Réveil doublement difficile en ce dimanche matin. Non seulement ma gorge est complètement irritée mais en plus j’ai l’estomac en vrac, si on peut dire ça comme ça pour rester élégant... Quelque chose a dû mal passer hier soir. Du coup pour ne pas avoir de mauvaises surprises, je prends un Ricola pour le cou, deux imodiums pour le cul et départ pour la dernière section de 250 kilomètres. Il s’avérera par la suite que je ne suis de loin par le seul touché par ce mal mystérieux, il devait donc vraiment avait un truc pas net avec le souper d’hier soir...
Mon mal de cou et un état un peu grippal ne réussiront toutefois pas à me gâcher le plaisir de cette magnifique journée. A court de Ricolas, Patrice me sauve la vie en me donnant un paquet de Fisherman’s Friends qui me permettent de contenir tant bien que mal mon mal de cou.
On fait une très bonne équipe avec Miguel et Patrice, le rythme est parfait pour moi. C’est à nouveau une journée bien poussiéreuse et je prends mes distances pour ne pas avoir la gueule noire comme Patrice qui roule littéralement dans la roue de Miguel.
Ce qui est cool en France, c’est que tu peux te faire un super gueuleton avec entrée, plat et dessert pour € 16.-. Après un bon repas sur une terrasse, on attaque les derniers 100 kilomètres. L’autre team suisse nous colle aux basquettes malgré des motos bien moins performantes. Ils s’en sortent diablement bien sur les pistes et ça prouve encore une fois que nos vieux trails sont encore tout à fait adapté pour ce genre d’événement. Si on ne m’avait pas prêté l’Africa Twin, je serais venu avec ma vieille Ténéré 600 qui a fêté ses 30 ans en mai !
Cette sympatique petite journée suit son cours pépère jusqu’à ce que l’on atteigne les dix derniers kilomètres.
Comme pour fini en beauté, toutes les difficultés de la journée sont concentrées dans ses derniers kilomètres. Tout d’abord une longue descente sur un chemin de forêt bien torturé avec des racines et cailloux, puis toujours dans la forêt quelques zones bien boueuses. Encore une fois, je passe ces difficultées relativement facilement avec mon Africa Twin, mais un peu moins à la cool que sur le reste de l’événement, la fatigue et mon début de crève n’aidant pas. Je constate également malgré moi, que l’ABS avant qui n’est pas déconnectable fonctionne vraiment très bien dans le terrain. Le vieux préjugé que l’ABS ne fonctionne pas en tout-terrain est en train de prendre du plomb dans l’aile... A essayer pour se faire une idée !
Après une bière bien fraîche pour savourer la fin de la Vercingétorix et discuter de notre possible participation à la Cathare-Moto-Trail cet automne, mes deux coéquipiers décident de rentrer le soir-même en Suisse et du coup reprennent le guidon pour près de 400 kilomètres. Quant à moi, je reste sur place pour la nuit et prends la route du retour le demain matin.
Des étapes ni trop longues, ni trop techniques, pas de chutes, une organisation au top et une super météo, je me suis vraiment fait plaisir sur la Vercingétorix !
J’en profite pour dire un grand merci à Yann et Antoine de Cocoricorando pour leur fantastique travail et à Honda Suisse pour m’avoir prété cette fabuleuse Africa Twin ! N’empêche, maintenant je serais quand même assez intéressé à essayer la version DTC pour comparer !
En bonus une petite vidéo en mode POV qui condense en quatre minutes une partie du magnifique tracé de la Vercingétorix, et du coup, qui vous montre également ce dont est capable l’Africa Twin CRF 1000 !
Infos pratiques : Les tarifs comprennent le petit-déjeuner et le souper. Pour les accompagnants, l’accès à l’espace bivouac coûte € 35.- par personne et par nuit (souper inclus). Il est également possible de louer un Tripy pour l’événement.