Que veut dire Kreuzfahrtmotorrad ? C'est une invention personnelle, en remplaçant le mot bateau dans "bateau de croisière" par moto. Même si l'aspect voyage n'est pas comme celui d'une K1600, on retrouve le mot "cruiser" dans ce néologisme qui est assez adapté au final. Pour découvrir une partie technique, je vous invite à lire la première publication et pour des impressions sur la rencontre avec la moto, lisez la seconde publication.
J'ai cependant remarqué des différences entre ces deux First Edition, celle qu'on essaie aujourd'hui a quelques options : une selle passager, des repose-pieds plateau, poignées chauffantes, marche arrière électrique, aide au démarrage en côte et des pneus Michelin en lieu et place des gommes Bridgestone. La première monte est une surprise chez BMW. C'est une marque ou l'autre qui arrivera montée sur votre moto. Petit détail supplémentaire sur la selle conducteur qui a un insert à la place d'une broderie.
Tout semble démesuré sur cette moto, tout est gros et imposant. A commencer par le moteur gigantesque. Les collecteurs d'échappement ont le diamètre d'un poing, les tubes de fourche, on ne fait pas le tour avec une main, la surface chromée des échappements a de quoi vous éblouir et les supports de ces derniers ont la section d'un support de frein pour une sportive 600. Les 345 kg en ordre de marche ne sont pas une blague.
On est assis plutôt bas avec les genoux à 90° et les bras tendus un peu plus bas qu'à l'horizontale. Relever la moto de sa béquille est impressionnant, dès qu'elle ne touche plus le sol la moto tient assez bien son équilibre et ne demande plus tant de force. On peut alors replier cette longue et fine tige de métal avant de démarrer.
Clé sans fil dans la poche, on allume la moto qui illumine son phare et anime son petit compteur à aiguille pour afficher la vitesse. Dans la partie inférieure, on trouve un ordinateur de bord assez complet. On navigue intuitivement à l'arrêt, avec deux boutons. L'autre bouton change le mode Rain, Rock et Roll même en roulant.
Une pression sur le démarreur, le gros boxer s'ébroue et fait basculer la R18 sur la gauche. J'en reste marqué même après avoir rendu la moto. Au ralenti, le moulin tourne à un peu moins de 1'000 tr/min, dans un grondement grave et présent. Pour passer la première, je tire l'embrayage et presse sur le sélecteur devant mon pied. Je m'attends à un bruit sourd mais rien ou presque, la première passe en douceur. Sans la disparition du N vert sur le compteur je ne m'en rendais pas compte.
Petit laché d'embrayage et la BMW se tire vers l'avant. 150 Nm disponibles dès 2'000 tours, c'est énorme. En tournant rien qu'un peu la poignée de gaz, la vitesse augmente rapidement et il faut mettre la 2e. Avec les plateaux, il faut presser sur le sélecteur de montée qui se situe au talon que j'ai mis du temps à trouver "à la volée". Là, il y a un bruit sec d'enclenchement avant de lâcher l'embrayage et de remettre gaz de plus belle.
De la place du conducteur, le bruit du moteur qui monte en régime est agréable, vigoureux. Du bord de la route, le bruit n'est pas excessif, typiquement boxer et satisfait aux dernières normes en vigueur. C'est surtout le look plein de chromes qui attire le regard, en plus du côté très imposant de la moto.
Avec la R18, on peut sans autre se jeter à l'assaut de routes sinueuses, la garde au sol est étonnament permissive. Il m'a fallu du temps pour aller frotter un cale-pied. L'agilité de ce cruiser m'étonne, car il permet d'avoir un rythme soutenu, en se laissant porter par le couple monumental du boxer 1800cm3. Le balancer d'un angle à l'autre est instinctif, même un motard peu aguerri y arrive très facilement. Malgré son poids, la moto fait preuve de dynamisme.
Quand on engage vraiment cette R18, on atteint vite des vitesses prohibées. Sans dépasser les 4'000 tr/min, le compteur s'affole vite, tellement le moteur est vigoureux. Cependant il faudra arrêter l'engin, là mon habitude de n'utiliser que le frein avant montre ses limites. En empoignant fermement le levier de frein, la réponse se fait attendre, solliciter le frein arrière devient rapidement nécessaire. Il est aussi grand qu'un disque avant, certainement pour encaisser une utilisation marquée. Je souhaiterais presque le retour du freinage combiné, un temps largement implanté dans la gamme bavaroise.
Pour un trajet autoroutier, la R18 pèche bien sûr par sa prise au vent. J'avais les épaules pile à la hauteur de mes mains et avais une brise qui me remontait dans les manches. En 6e, dès 90 km/h la reprise se fera aisément, avec les 150 Nm disponibles, ce couple omniprésent rend le voyage confortable. Peu de vibrations se font sentir à bas régimes ; il ne manque que le régulateur de vitesse. En roulant avec d'autres compères, j'ai en outre remarqué que le compteur est plutôt généreux, on est plus proche des 110 km/h lorsqu'il indique 120.
Cette incursion bavaroise dans le cruiser pourrait bien connaître le même succès que la R Nine T. Elle me rappelle cette dernière dans l'approche : créer un modèle avec un élément iconique de BMW, le moteur Boxer, et le présenter comme un produit tendance dans un segment inexploré jusqu'à présent. La facilité de prise en pain en fait la démonstration, cette R18 trouvera son public.
Au Etats-Unis c'est déjà le cas, les premières séries ont rapidement trouvé preneur, avec leur lot de pièces et d'accessoires. En Suisse, les First Edition se sont aussi rapidement écoulées, puis une seconde vague de commandes a eu lieu avec la première livraison de motos de démonstration. Les délais de livraison s'étendent facilement à l'entamme de la saison prochaine.