Il aime bien me taquiner, le Manu. Surtout quand il s’agit de motos qui ne sont pas faites pour attaquer. Enfin, selon lui. Mais le pire, c’est qu’on ne peut pas lui donner complétement tort. Sur le papier, la Diavel 2019, c’est la promesse d’un arrêt à la pompe tous les 200km, des aspects pratiques réduits à néant et une maniabilité à priori digne d’un rouleau-compresseur. Bon, on est loin quand même d’une Münch Mammut (attention, appel aux connaisseurs !), mais il est vrai que la polyvalence n’est à priori pas son principal atout. Oubliez les vacances avec madame, sous peine de divorce, ou les trajets quotidiens sous la pluie, qui vous repeindront consciencieusement d’une eau poussiéreuse, de la manière la plus uniforme possible. Mais il y a le reste. Tout le reste. L’inutile comme dit Manu. L’essentiel selon moi. Un look ravageur, une sonorité grondante, et surtout un moteur. Que dis-je : THE moteur ! Une véritable usine à sensations !
Autant le dire d’entrée de jeu : j’ai adoré cette moto. Et c’est précisément son côté "gros jouet" qui m’a plu. Oui : le but premier de la Diavel est de vous en mettre plein la vue à l’arrêt, et de vous procurer le maximum de sensations sur la route. C’est ce qu’on attend d’elle ! Alors si elle devait offrir plus, ce serait forcément du bonus. Voilà comment j’ai abordé cet essai. Je vous entends déjà me dire : "Laisse tomber, il n’est pas objectif." Et bien justement. J’essaie de me mettre à la place d’un futur Ducatista, forcément séduit avant tout par le design. Et l’émotion que déclenche une moto est rarement rationnelle. La passion ne s’explique pas. Elle se vit !
En arrivant à Marbella, où doit avoir lieu l’essai, je me retrouve face à la moto, qui trône sur la terrasse de l’hôtel. Et là, c’est le premier uppercut. Visuel celui-ci. La silhouette est massive et imposante, et donne l’impression d’une bête, tapie, à l’affût, prête à l’attaque. Cependant, les lignes sont fluides et dégagent une certaine élégance. La qualité des assemblages et la finition apportée aux détails sont d’excellente facture. Tout est ajusté au millimètre, rien ne dépasse, hormis le logo DUCATI apposé en relief sur le réservoir.
Cette nouvelle Diavel annonce donc clairement la couleur. Celle de la marque d’abord, un rouge étincelant dans cette livrée « Total black » qui met particulièrement en valeur le cadre en treillis tubulaire, emblématique de la firme de Bologne. En photo, cette déclinaison me paraissait moins impactante visuellement. Mais pour l’avoir sous les yeux, je dois dire qu’elle claque ! La peinture noire est en réalité en deux tons, avec un mélange de noir mat sur les côtés, assorti d’un noir brillant sur la bande centrale du réservoir. Ce contraste des matières et des textures, que l’on retrouve également sur la selle, fait écho à celui, éclatant, du cadre rouge dans cette robe d’un noir profond. Les suspensions Öhlins, à la classique signature « Or », donne le ton de la moto : ce sera brutal, mais drapé d’une élégance toute italienne.
Car surtout, la Diavel 2019 annonce la couleur en termes de sportivité, d’agressivité, de technologie et d’élégance. Sportivité, car elle hérite désormais – enfin ! – du moteur à distribution variable de 1262cc de la X-Diavel. Agressivité, car avec 159cv et 129nm de couple, placés à respectivement 9500 et 7500 tr/min, les performances sont élevées, et plus proches de ce qu’on est en mesure d’attendre d’une sportive que d’un cruiser. Technologique avec une arrivée en fanfare de tout le savoir-faire de la marque dans ce domaine : ABS de virage, Traction Control et Wheeling Control, tous gérés par une centrale inertielle à 6 axes et réglables sur plusieurs niveaux. 3 modes de conduites sont disponibles, ainsi qu’un système de démarrage sans clé, un écran TFT de 3,5’’ avec connexion bluetooth, un shifter Up&Down, un régulateur de vitesse, et des feux full LED. Elégance enfin car du monstre massif et bodybuildé de 2011, on passe à une silhouette désormais plus épurée, avec des traitements de matière nobles, une finition haut de gamme et de multiples détails qui flattent la rétine, à l’image du traitement bi-matière de la selle, de la finition en alu brossé des écopes ou du petit logo Ducati situé dans le phare.