Ultra Limited
Pour commencer, j’hérite de l’Ultra Limited. Autant attaquer d’entrée de jeu par du lourd. Du massif même. L’avantage, c’est qu’ensuite, les autres me paraitront aussi maniables que des 125. Je prends place sur la large selle au moelleux digne d’un canapé, mais je ne suis pas très à l’aise. Car il s’avère que la selle est très confortable. Trop confortable même. On a littéralement l’impression de s’enfoncer dedans, pour ne jamais pouvoir en ressortir. Je préfère – et de loin – l’assise que partagent les trois autres protagonistes du jour. De plus, j’ai la sensation d’être à l’étroit (plus que sur la Street Glide que j’essaierai par la suite), l’assise étant relativement basse et les jambes un peu repliées. Pas de crainte, mon mètre quatre-vingt-quatre ne touche pas le carénage, mais une fois calé, je ne peux plus bouger, et donc varier ma position de conduite. Embêtant.
La protection, par contre, est de haut niveau, et on est parfaitement à l'abri du vent, du bout des pieds au sommet du casque. Je profite de la voie rapide du début de parcours pour me familiariser avec le nouveau système audio. Il se révèle assez intuitif et la prise en main est instinctive. On peut le commander via un bouton au commodo gauche, ou directement via l’écran tactile. La navigation est aisée et le son, d’excellente qualité, est parfaitement audible jusqu’aux vitesses autorisées par la loi. L’Ultra Limited est un navire de croisière, et comme tout embarcation de cette envergure, il faut toutefois prendre son temps pour la manœuvrer. Si la tenue de route est impériale en ligne droite, offrant une stabilité à toute épreuve, il s’agira de ne pas la brusquer lorsque des virages se présentent. Ici, c’est elle le capitaine, et elle vous dictera la meilleure façon d’en tirer le maximum. D’autant que le 114 tracte fort et emmène les 399kg de l’engin avec une vigueur empreinte de douceur. Des quatre motos, ce sera celle avec laquelle je me serai senti le moins à mon aise. Simple question de feeling personnel.
Street Glide Special
Après une courte pause, je prends le guidon de la Street Glide Special. Je n’ai jamais été un grand fan des baggers, j’ai toujours eu l’impression qu’il y avait dans ce style un arrière-goût d’inachevé. Des valises, mais pas de top-case. Un carénage, mais une bulle courte. Etrange concept dont pourtant raffolent les étasuniens. Je m’installe à bord et je suis bien accueilli. Bien qu’elle soit visuellement assez proche de l’Ultra Limited, je dispose de plus d’espace une fois assis sur la large selle. Elle est identique à celle de la Road King Special, et elle est particulièrement confortable. Lors de mon essai sur les grands cols alpins que compte notre beau pays, j’avais été agréablement surpris par son confort sur la durée. Un bon point pour la Street.
Le cœur qui pulse dans le cadre acier arrache sans peine les quelques 379kg de la bête de manière étonnamment punchy. Arrivé dans des enchainements de virages plus rapides, je constate que la tenue de route est plutôt bonne. En tout cas, et je le vérifierai après, ses suspensions un peu plus fermes la rendent plus facile à emmener que ses sœurs Road Glide et Ultra Limited, le tout sans perdre vraiment en confort. Un compromis pas loin d’être idéal.
Road King Special
Au tour de la Road King de passer entre mes mains. A la première accélération, je me rends compte que l’adoption du nouveau 114 la transforme vraiment. Il ne lui manquait qu’un peu de peps, et le nouveau Milwaukee Eight le lui sert sur un plateau. Le moteur est plus rond, plus agréable, et les accélérations vous plaquent contre le dosseret de selle. Ça pousse, ça déménage, et c’est vraiment jouissif. Un régal !
L’impression de légèreté est grande à son guidon, amplifiée par l’absence de protection qui permet au vent de fouetter allégrement le haut du corps, mais aussi et surtout un dégagement total du champ de vision. Devant nos yeux, la route défile dans une explosion de sensations, à laquelle participe la sonorité de l’échappement. Etouffé par des normes antipollution toujours plus drastiques, il tire pourtant son épingle du jeu et s’avère produire la meilleure symphonie du groupe. On est loin d’un grondement sourd (le Stage 1 est là pour ça), mais le moteur ronronne dans une acoustique fort appréciable. Carton plein pour cette Road King Special en version 114, que j’emmènerai avec plaisir sur les petites routes sinueuses de notre beau pays cet été.