
Voilà mon état d’esprit au guidon de cette moto au look pour le moins atypique, après un ride de quelques 200 miles, en compagnie des autres modèles de la gamme Touring, désormais équipée du Milwaukee Eight 114. Ces motos, et la Road Glide Special en particulier, ont cette faculté à vous catapulter dans une autre dimension, celle du retour aux origines de la moto, où l’ensemble des sensations prennent largement le dessus sur de futiles questions de performance brutes, d’esthétisme, ou même de prix.
Un V-twin, deux roues et un guidon. Voici l’essence même de la moto. Et de la philosophie Harley-Davidson, depuis plus d’un siècle. Pourtant, ces motos évoluent. Doucement, mais sûrement. Il convient de trouver le délicat équilibre entre l’évolution technologique nécessaire à leur survie, et la sensibilité des puristes. Et force est de constater que la direction prise par la marque américaine semble plutôt bonne.
Car que veut un biker qui roule en Harley-Davidson ? A priori, de l’authenticité et du charme. Un moteur et un châssis qui donnent de bonnes sensations. Et pour ceux qui optent pour un modèle Touring, du confort, des aspects pratiques et de la technologie. Mais discrètement intégrée. Encore une fois, il s’agit de ne pas brusquer une clientèle passionnée, mais peu adepte d’une modernisation souvent taxée de « japonisation ». L’évolution doit donc être contrôlée et progressive. Petit à petit donc, la firme de Milwaukee peaufine et adapte ses motos à l’air du temps. Un écran tactile, c’était il y a encore peu une hérésie sur une Harley-Davidson. C’est maintenant chose acquise, et une des améliorations porte d’ailleurs sur le nouveau système Boom! Box GTS, une interface multimédia tactile comprenant la navigation, la sono ainsi que l’ordinateur de bord et qui est à présent compatible avec le système CarPlay d’Apple. Cette nouvelle interface devrait démarrer beaucoup plus rapidement – instantanément même, selon la marque – et offrir une expérience de navigation beaucoup plus intuitive.
A défaut de la mythique Mother Road, c’est dans la région de l’Algarve, au Portugal, que Harley-Davidson a choisi de me faire essayer sa nouvelle gamme Touring. Nouvelle car cette année, c’est cure de musculation pour l’ensemble de ses modèles, qui adoptent le Twin Cam 114 ci, déjà vu sur la Fat Bob ou encore la nouvelle FXDR. Deux power cruisers qui marchent vraiment très fort, et dont le moteur m’avait franchement convaincu. Les motos de la gamme Touring étant « légèrement » plus lourdes (le poids fait partie intégrante de la culture Harley), nul doute qu’ils ne pourront que faire du bien à des modèles avant tout conçus pour voyager longtemps et confortablement. Avec cette poignée de centimètre-cubes supplémentaires, la cylindrée passe à 1868cm3. Le couple est désormais de 163Nm à 3000 tr/min, pour une puissance de 90cv à 5000tr/min. Cela représente sur le papier 5% de couple en plus, pour des accélérations potentielles 5% plus rapides également, entre 0 et 100km/h. Rendez-vous le lendemain pour constater les progrès en dynamique.
Lagos, 9h du matin, et tout de même une quinzaine de degrés ambiants. Devant l’hôtel, une dizaine de motos sont alignées. Je vais pouvoir rouler tout au long de la journée sur quatre des emblématiques modèles de la gamme, chacune ayant son style et sa personnalité. A commencer par la Road King Special, dont j’ai essayé la précédente version au mois d’août passé, sur les plus beaux cols de Suisse. Alors équipée du moteur 107ci, je l’avais vraiment appréciée pour son confort surprenant et les sensations qu’elle offrait, tout en me demandant justement pourquoi elle n’avait pas encore eu droit au fameux moteur 114, qui m’avait tant bluffé sur la Fat Bob. C’est à présent rectifié, et je me réjouis de voir à quel point cela la transforme. Vient ensuite la Road Glide Special. Avec son esthétique particulière, ce n’est rien de dire qu’elle divise. Pourtant, la marque américaine croit en elle dur comme fer. La preuve, elle fait partie des trois modèles CVO pour 2019 (la gamme ultra haut de gamme du constructeur), avec notamment une peinture des plus réussies. La robe de celle que j’ai essayée, taillée dans un orange des plus vifs et ornée de bandes noires, la met d’ailleurs parfaitement en valeur. Aussi imposante soit-elle, il semble qu’elle aie quelques atouts dans sa manche. Je pourrai aussi m’essayer à la Street Glide Special, un bagger au look plus classique, ainsi qu’au fleuron de la marque, l’Electra Gilde, pardon l’Ultra Limited. N’oublions pas que ces machines se positionnent sur un segment ultra premium. En les observant, toutes ont l’air imposantes, et peuvent être intimidantes. Pourtant, leur prise en main va s’avérer aisée, et les bêtes se laisseront apprivoiser facilement.
Départ pour une boucle de quelques 280km, sur le parcours de laquelle nous pourrons régulièrement passer de l’une à l’autre des motos, et ainsi juger de l’ensemble des améliorations apportées. Bien sûr, avec seulement une poignée de kilomètres pour chacune, il s’agit d’une prise de température plus que d’un essai complet. Je vais donc tacher de vous livrer mes impressions et mes sensations de conduite au plus près de ce que j’ai vécu.