Prise en main du bestiau chez Harley-Davidson Geneva, par un bel après-midi d’été. Un qualificatif qui lui va bien, tant la moto est massive et imposante. Harley-Davidson classe sa Road King Special dans la catégorie Touring. Une voyageuse donc. Sauf que bon, à priori, elle n’en a pas vraiment l’air. Il y a bien deux valises mais elles ont l’air assez étroites. Pas de pare-brise, pas de top-case, pas de poignées chauffantes. Ça a quand même l’air mal barré leur truc. Après trois jours de roulage, avec au programme quelques-uns des plus beaux cols que compte notre beau pays, on verra bien si le qualificatif de « Touring » lui convient toujours.
A part ça, il faut bien avouer qu’elle a de la gueule, quand même. C’est vrai qu’on ne peut pas franchement parler d’une ligne très moderne, mais il y a une certaine recherche esthétique dans la simplicité. Ici, tout respire l’authenticité. La moto est entièrement construite en métal et il n’y a pas de fioritures inutiles. L’ensemble dégage une forte impression de solidité, à l’image des imposants arceaux latéraux faisant office de pare-carters, du gros réservoir de 22,7 litres ou de la large selle creusée, qui semble d’ailleurs plutôt accueillante. Le design est épuré jusque dans la console du réservoir, qui intègre dans sa partie haute le bloc compteur. La finition est excellente, malgré quelques câbles baladeurs, heureusement bien camouflés, mais qui se sont révélés avec la lueur rasante d’une fin de journée. Dans ce coloris « Industrial Grey Denim », on a presque l’impression d’avoir affaire à une machine de l’armée datant de quelques décennies, ce qui lui confère un coté vintage qui n’est pas déplaisant. Une impression par ailleurs largement renforcée par les silencieux d’échappement, qui pointent vers l’arrière tels des canons prêts à tirer. L’équipement d’origine est très correct, et comprend donc l’ABS, le régulateur de vitesse et les valises latérales. Point barre. Pour une fois, cela fait plaisir de ne pas avoir à cocher deux pages d’options pour avoir une moto complète
Au moment de l’enfourcher, on est naturellement à l’aise, du moins tant que la moto est béquillée. Si la selle est basse et accessible, le guidon force à mettre les avant-bras en hauteur et le réservoir à écarter les jambes pour l’enserrer. Les larges platines de repose-pieds contribuent à l’impression de confort et permettent de garder les pieds bien à plat, sans qu’ils soient exagérément projetés en avant. Le sélecteur double branche, s’il est pratique en soi, reste un gadget dispensable, surtout par le fait que son retour occupe beaucoup de place sur la platine et réduit à néant l’avantage de ne pas avoir qu’un simple repose-pied. Du côté droit, c’est la pédale de frein qui pose problème. Peut-être est-ce dû à ma taille et à ma position sur la moto, mais il ne va pas être possible de l’actionner sans décoller totalement mon pied de la platine. Cette décomposition du mouvement me semble contre-intuitive en cas de freinage d’urgence. Cette Road King Special n’a pas l’air d’avoir de prétentions hautement sportives, mais sait-on jamais.
A un certain moment, il va pourtant falloir la redresser. Et là, on prend pleinement conscience du poids de l’héritage de la marque centenaire. Et je pèse mes mots. Mon dieu, qu’elle est lourde. A se demander si les ingénieurs de Millwaulkee n’ont pas planqué exprès des blocs de béton à l’intérieur, juste pour l’alourdir. Comme pour une machine à laver. En espérant qu’ils n’aient pas poussé le vice jusqu’à ajouter un mode essorage. Hummmmpf. Ça y est. Démarrage. Très discret. Trop discret. Le moteur tourne ou pas ? Oui oui, ça vibre, tout est ok. Décidément, c’est une habitude chez Harley de prendre le terme de « silencieux » à la lettre. Bon sang, une Harley, c’est une concentré d’émotions brutes. Et ces émotions, le grondement du twin de 1745cc devrait largement y contribuer ! Passage obligé par la case Stage 1. Je disais quoi au sujet des options, déjà ? Ah oui, ce ne sont pas des options mais des accessoires. Logique étasunienne, somme toute.