La réalité, c’est que pendant toute la durée de l’essai, tous ceux qui se sont relayés à son guidon ont été approchés par des motards ou des passants. Tous étaient curieux à la vue de l’engin, et leurs réactions étaient plutôt enthousiastes. Peut-on en conclure que les critiques les plus virulentes se font derrière un écran, et le plus souvent sans avoir réellement vu la moto ? Allez la voir, essayez-là… et on en reparle. D’autres étaient sceptiques, à commencer par Jimmy. Notre licorne pistarde a revêtu son plus beau cuir (jaune fluo) pour tenter de repousser les limites de la bête. Sur route, bien sûr, difficile de poser le genou sans se mettre en danger. Mais il en est ressorti tout émoustillé. « Pas mal, dis donc ! », m’a-t-il lâché. « Je suis agréablement surpris. C’est chouette d’avoir enfin un vrai train avant sur une Harley. Le feeling est excellent malgré la position. Le châssis, s’il n’est pas à proprement parler sportif, se comporte vraiment bien. La moto est impressionnante d’agilité et le freinage très correct. En fait, elle est hyper saine, je crois que c’est le plus important à relever. Par contre, je crois qu’elle n’a pas l’antipatinage, hein ? » En effet, Jimmy. Quand la moto n’avance pas et que tu sens une forte odeur de caoutchouc brûlé, c’est que le pneu arrière patine « un peu ».
Laurent, 44 ans, qui possède (entre autres) une FXSTC de ’95 et une Buell XB12S, a été l’un de nos rouleurs sur cet essai, et émet un avis plus critique. « Le look plait, ou ne plait pas, mais l’esthétique ne laisse personne indifférent. Je trouve dommage qu’il y aie autant de plastique, au niveau de la prise d’air et du sabot moteur notamment. L’instrumentation est basique et l’équipement spartiate, c’est dépouillé, certes, mais à l’extrême.
Globalement… ils prétendent avoir conçu la plus sportive des Harley, mais il faudrait peut-être leur demander ce qu’ils entendent par la dénomination de « moto sportive » car il se peut que quelque chose leur échappe. Cependant, c’est vrai que de mon expérience sur Harley, je n’ai jamais mis autant d’angle sur une américaine sans entendre de pièce frotter. A la mise sur angle justement, le pneu ne bronche absolument pas, et ce malgré la cavalerie qui arrive d’un bloc en quelques tours-minutes. Le son est assez étouffé, mais tout de même assez présent pour se faire repérer et très agréable quand on ouvre en grand. La grosse, énorme, outrageante, boite à air y est, sans doute, pour quelque chose. Le confort global fait de la FXDR une Harley « solo », qui offre un rayon d’action correct avant l’apparition de douleurs. Malgré son poids, elle reste très maniable à basse vitesse et stable en allure soutenue et le freinage est puissant et très dosable.
En zone urbaine, je n’ai par contre pas apprécié la sensibilité de la poignée de gaz. C’est en fait le vrai gros défaut que j’ai trouvé à cette moto. Le dosage est délicat, d’autant plus avec 160Nm de couple et l’absence d’antipatinage. Le gros point positif est le moteur, avec cette puissance ressentie qui est très exaltante, dans une sonorité d’aspiration envoûtante.
Reste qu’à ce prix, et bien que cette moto soit destinée un achat compulsif et fatalement déraisonnable, on devrait en avoir un peu plus pour son argent. A ce niveau de tarifs, la concurrence se nomme X-Diavel S ou même V-Max, et la finition comme l'équipement sont d’un autre niveau. »
Autre utilisateur, plus modéré cette fois. Didier, 28 ans, fidèle d’AcidMoto.ch depuis toujours qui roule actuellement en Triumph Street Triple R. Il nous donne son avis sur la FXDR, qu’il a eu la chance de tester sur de petites routes de montagnes. « La moto est étonnante d’agilité. En la voyant, on pense que ça va être un bateau, et puis non. Du coup, on enchaine les virages sans arrière-pensée, jusqu’au raclement des repose-pieds. La garde au sol, même si elle est limitée, reste impressionnante pour une Harley-Davidson. Et ce moteur, c’est une usine à sensations. Il a une patate monstre ! Franchement, j’ai pris mon pied avec. La sonorité est extra, il y a juste la position bizarre, mais on s’y fait. En tout cas, après 250km de petites routes, je ne ressens pas la moindre fatigue. Après, visuellement… il y a quelques trucs à épurer sur l’arrière, et les clignos sont vraiment trop gros à mon sens, mais ça, c’est une affaire de goûts. Ah, et j’ai eu un petit souci avec le bouton des phares. A chaque grosse secousse, il sautait et retombait en code. Sympa de nuit sur des routes de campagne. Mais globalement, c’est une bonne surprise ».
Une bonne surprise, voilà ce qui résume parfaitement cette FXDR. Les avis que l’on peut lire sur le web sont aussi tranchés que la ligne de la moto, et le débat sur ce que doit représenter une marque centenaire aussi emblématique Harley-Davidson est, et sera, toujours aussi virulent. Mais si on regarde les caractéristiques intrinsèques de la moto, on se rend compte qu’on a une moto longe, basse, avec un pneu de 240mm à l’arrière, une roue de 19 pouces à l’avant et un gros V-twin de 1868cm3 au milieu. Quelque que soit l’habillage, quel que soit l’image renvoyée, forcément différente selon notre vécu, cela reste une Harley-Davidson, au caractère furieux et à la ligne virile. Gageons que dans quelques années, elle sera une référence aussi forte que la V-Rod l’est devenue.
Un grand merci au Garage Dethurens, à Laconnex, pour la mise à disposition de la Shelby GT500 et de la Pontiac GTO pour les photos statiques.