Puisque nous n’avons pas eu l’honneur d’être conviés la présentation de presse, nous avons demandé à Harley-Davidson Suisse de nous fournir un modèle de démonstration pour un essai de quelques jours. C’est ainsi que je me retrouve avec une FXDR 114 flambant neuve, dans le coloris mat « Rawhide Denim ». Et quand je dis neuve, ce n’est pas une expression, car le compteur indique à peine une centaine de kilomètres. Rodage à faire. Pas l’idéal pour jauger le caractère entier du moteur, mais il faudra faire avec. Je vais traiter avec douceur le gros twin américain, c’est promis.
Avec une vidéo de présentation pareille, comment ne pas avoir envie de tester la moto à fond ? Ce n’est pas tous les jours qu’Harley-Davidson met en scène sa dernière nouveauté sur une piste ! Ainsi donc, ce serait la Harley la plus sportive, agile et performante jamais produite ? Provocation ou révolution ? Hypersport ou hipster sport ? C’est ce qu’on va voir !
Au programme, il y aura donc de la route, plusieurs essayeurs afin de recueillir différents avis, et surtout une session sur le circuit de Vaison-Piste avec les AcidTracks, qui terminent leur saison de roulage justement le week-end suivant. Sauf que. Avec un déluge, de la Suisse à la Saône-et-Loire, pile ce jour-là, le plus petit rayon de soleil n’avait aucune chance de percer. Le but n’étant pas de se taper 400km de petites routes humides pour arriver ensuite sur un circuit détrempé, le test sur piste tombera finalement à l’eau. Jeu de mot facile s’il en est. Tant pis, ce n’est que partie remise. Rendez-vous dès 2019 pour jauger plus sérieusement ses capacités sportives sur l’une des nombreuses sorties des Tracks. Et pourquoi pas, même, pour un petit comparo avec une certaine concurrente italienne, qui m’avait tant marqué ? Wait and see…
En attendant, c’est donc un essai plus « classique » qui se profile. Et profitons donc de l’occasion pour partir à la rencontre de motards passionnés, afin de leur faire tester le monstre de métal et de recueillir leur avis. Enfin, quand je dis « de métal », ce n’est que partiellement vrai, car les pièces plastiques sont nombreuses sur la FXDR, ainsi que l’aluminium, que l’on retrouve notamment au niveau du bras oscillant, des demis guidons et pour la 1ère fois, du bâti de cadre arrière. Tout ceci, bien sûr, dans le but de réduire le poids, qui se stabilise à… 303kg ! Il faut dire que niveau chiffres, la FXDR ne fait pas dans la dentelle. Empattement de 1735mm, roue de 19 pouces à l’avant et pneu de 240mm à l’arrière, on est a priori loin des caractéristiques d’une moto sportive. Mais pour Harley, ce mot ne semble définitivement pas avoir la même connotation que pour le reste du monde.
La moto est là, sagement béquillée, à attendre qu’un pilote vienne lui limer les cale-pieds. Petit tour du propriétaire. Au niveau du look, rien à dire, c’est soigné. Le coloris mat amène un aspect brut tandis que l’ensemble est réhaussé par quelques touches d’un rouge éclatant, presque orangé. Sensible aux traces de doigts, ce type de peinture sied particulièrement bien la FXDR, lui donnant un air crapuleux. Car c’est vraiment de ça qu’on parle. Une moto de bad boy. Longue, basse et trapue, avec sa roue de 19 pouces comme projetée vers l’avant et un angle de chasse de 34°, la FXDR impressionne. Sa place semble en effet plus du côté d’une Shelby GT500 de 1968 que d’une SLS AMG. Sa ligne donne l’impression, plus encore que la Fat Bob, d’un poing fermé prêt à lancer un uppercut.
La finition est vraiment premium. Pour le coup, rien ne dépasse. Des demi-guidons usinés aux jantes gravées au laser, le soin apporté aux détails est partout. Même les pneus d’origine arborent un discret logo HD sur leur flan. Classieux. Le petit compteur est ultra minimaliste, et à défaut d’être lisible, il est complet. Il comprend une jauge à essence, deux trips et un ordinateur de bord pouvant afficher au choix le régime moteur, l’heure ou encore le kilométrage restant avant la panne sèche. A noter que sur l’ensemble des modèles 2018, le témoin de rapport engagé est désormais constamment affiché. En bref, l’ensemble est plutôt brut, et dégage une certaine bestialité. Trois éléments accrochent cependant le regard, et tempèrent mon exaltation. La partie arrière, tout d’abord. A priori, il devrait y avoir de quoi exhiber un arrière train de pur dragster. Mais dans un élan de bienveillance, les ingénieurs ont recouvert la partie allant de la selle au support de plaque d’une immense pièce en plastique ajouré, dans le plus pur style Lego Technic. D’une esthétique pour le moins discutable, j’imagine sans peine que peu de FXDR quitteront les concessions en en étant équipées. D’ailleurs, le modèle d’expo chez Harley-Davidson Geneva en est déjà débarrassé.