Le retour s’effectuera pratiquement par le même chemin qu’à l’aller. L’occasion de constater que la seule option superflue, à mes yeux, est le shifter. Autant je peux concevoir que ce soit un accessoire utile sur une sportive ou un roadster, autant il n’est d’aucun aide sur ce genre de moto, allant à l’encontre même de sa philosophie. Un shifter, c’est fait pour passer les rapports à la volée. Gaz en grand. Ce qui, sur un trail, est loin d’être le type de conduite adopté le plus fréquemment. Résultat, si on tente un passage de vitesse sans être sur le bon régime, la boite accroche dans un grand claquement désagréable, et on reprend aussi sec l’embrayage. Une option dispensable, donc. La suspension ESA doit en revanche faire partie des cases à cocher lors de la commande. Bien qu’elle n’agisse que sur l’amortisseur arrière, elle est très efficace et on sent de réelles différences à l’usage entre les différents modes. Le fait qu’elle permette de changer les réglages en roulant et donc d’adapter en temps réel les suspensions à l’état de la route est un vrai plus. Le régulateur sera également un précieux allié, dès que l’on empruntera une portion de route ou d’autoroute rectiligne sans trop de circulation. Son usage s’avère assez intuitif et permet au pilote de s’économiser. Enfin, au chapitre de la consommation, nous avons affaire à un véritable chameau. Avec 4,79l/100 de consommation vérifiée sur cette boucle, mêlant autoroute, ville, cols et piste, l’autonomie théorique dépasse les 300km, malgré un réservoir que je jugeais assez petit, sa contenance s’élevant à une quinzaine de litres. De toute façon, la selle vous aura fait stopper votre périple bien avant, tant elle s’avère – comme pressenti – dure et inconfortable. Changement indispensable si vous prévoyez des balades en duo, sous peine de divorce imminent. L’impression de départ se confirme également avec le saute-vent, qui porte bien mal son nom tant il n’offre aucune protection, même minime. On paie certainement ici le tribut à l’orientation « terrain » voulue par BMW pour sa nouvelle 850… et ce même si elle est chaussée d’origine de pneus au profil 100% routier. Les voie du positionnement marketing sont souvent impénétrables.
Le constat final est sans appel : cette version medium de la gamme GS est addictive à plus d’un titre et mérite clairement qu’on s’y attarde. Une fois qu’elle vous aura mis en confiance, vous aurez entre les mains un véritable couteau suisse permettant de rouler en tout sécurité sur n’importe quel type de terrain. Avec elle, je me vois clairement aller affronter les pistes défoncées de la Mongolie. Seule une panne d’électronique pourrait la stopper. Mais c’est une belle moto à la finition impeccable qui vous apportera une sacrée dose de fun. Le bicylindre de 853cm3, à qui l’on pourrait reprocher une certaine linéarité lors des montées en régime, offre une douceur de fonctionnement qui fait des merveilles sur les terrains accidentés. Reste qu’elle est à mon sens nettement plus pousse-au-crime qu’un roadster ou qu’une hypersport, car ces dernières vont vous prévenir de façon assez claire lorsque vous dépasserez vos propres limites. La F850GS vous permet de les repousser au-delà du raisonnable, avec une facilité déconcertante. Mais gare à vous si elle décroche. Car vous serez probablement déjà au-dessus de vos pompes depuis un moment.
Point de départ : Cluses. Si vous venez du Valais, passez par Abondance et les Gets, la route en vaut la peine. On suit ensuite l’itinéraire de la Route des Grandes Alpes, jusqu’à Bourg St-Maurice. Col de la Colombière, col des Aravis, col des Saisies, Cormet de Roselend. Arrivée à Bourg-St-Maurice, prenez la direction d’Albertville par la N90 jusqu’à Aime, un petit village situé sur votre droite. De là, grimpez et zigzaguez en direction d’Arêches et de Beaufort. Admirez ce panorama. De rien, c’est cadeau.
Une fois à Beaufort, on prend la direction d’Ugine via Queige et le col de la Forclaz. Une fois à Ugine, on traverse la D1212 et on remonte en direction du col de l’Arpettaz. A partir de là, une quinzaine de kilomètres de piste, caillouteuse à souhait, vous attendent. Longer la chaine des Aravis, seul au monde sur cette route déserte est un moment de bonheur à savourer intensément. Un tel parcours devrait faire partie du traitement antidépressif de base remboursé par les caisses d’assurance maladie.
J’espère que la balade vous plaira !