Je débraye et appuie sur le démarreur. Dès ce moment, la magie opère. Le son distillé par les échappements biseautés est feutré, grave et très prometteur. Et encore, on n’est qu’au ralenti. Quelques coups de gaz me font comprendre que je vais certainement bien m’amuser au guidon. Je passe la première et dès les premiers tours de roues, les kilos de la moto disparaissent.
Que ce soit en milieu urbain, ou sur le reste de la route, la problématique du poids ne m’est jamais revenue en tête. La raison est assez simple. En fait le poids de la moto est situé assez bas, donc il n’est absolument pas gênant.
Rapidement, je profite du moteur 1200 cm3 du Bobber Black, qui est juste extraordinaire. Il est parfaitement adapté à cette moto. Si le bloc moteur est issu de la Bonneville, des réglages différents ont été faits pour une réaction adaptée à cette moto. Le couple est assez surprenant puisqu’il atteint 106 Nm à 4'000 tr/min. Alors ok, c’est la valeur maximale, mais ce qui est vraiment intéressant, c’est qu’à environ 2'200 tr/min, on est quasiment à 10 Nm, et que cette valeur monte crescendo jusqu’à 4'000 tours. Et la, on pourrait se dire que le moteur va s’éteindre et qu’il faut passer la vitesse supérieure. Ben non. On ne redescend à la valeur initiale qu’aux alentours des 5'500 tours. Pour la faire plus simple et sans chiffres, on a du couple tout de suite, et jusqu’à longtemps. Si la plage d’utilisation la plus fun reste les mi-régimes, on peut se permettre de descendre à 1500 tours sur le cinquième rapport, d’essorer la poignée et le moteur fera le reste. Ca tapera un peu au début mais la moto repartira sans réelle gêne.
Mais le couple ne fait pas tout. 77 chevaux, ce n’est pas immense, mais honnêtement, pour cette typologie de moto, c’est suffisant. On en aimerait toujours plus, mais il faut rester objectif… D’autant plus que le moteur est disponible partout et il donne l’impression d’être élastique. Comme disait un confrère, « on pourrait rouler toute la journée sur deux rapports tellement il y a de l’allonge ». Et tout ça avec une souplesse assez paradoxale. On sent que ça arrive, sans jamais être surpris ou violenté.
Et cette souplesse amène à un autre constat. Par temps sec, le contrôle de traction ne sert à rien. A moins de provoquer la perte d’adhérence de l’arrière, la moto ne bouge pas. En revanche, si vous cherchez à jouer sur des départs un peu « appuyés », ou que vous jouez de la cirette, le rodéo est garanti, pour le plus grand des bonheurs de son pilote. N’oublions pas qu’un des principes du Bobber est sa conduite « hot-rod ». On ajoute à cela la mélodie des échappements qui est super agréable et la conduite devient rock’n’roll, et ça, c’est juste génial. Du reste, les plus avertis auront assez vite compris le choix du titre et sur quels morceaux de musique j’ai tapé cet article ;-)
Je vous expliquais plus haut que la principale différence entre le Bobber d’origine et le Bobber Black se trouvait dans son train avant. Pour commencer, ça freine enfin ! Et correctement en plus, avec du mordant dès la prise du levier.
Les améliorations apportent un vrai plus à la moto. Si le gros pneu ampute un peu de vivacité sur les changements d’angle, on est sur un rail. La fourche fonctionne à merveille et aucun mouvement parasite ne vient perturber le Bobber Black dans les virages. Jusqu’à ce que le cale-pied fasse connaissance avec le bitume.
Vous me direz que l’orientation première de ce genre de moto n’est pas de prendre beaucoup d’angle et vous avez raison. Mais entre son moteur, sa partie cycle saine et rassurante et son freinage, on se prend vite au jeu. C’est là toute la réussite du modèle. Malheureusement, la garde au sol vous remettra vite à l’ordre car une fois le cale pied posé par terre, il n’y a plus vraiment de place à l’improvisation. Et si on essaie de forcer, c’est ensuite la béquille (du côté gauche) qui servira de dernier avertissement. C’est dommage car sans ça, je pense que le Bobber Black se rapprochait du sans faute ! Bien sûr, on pourrait critiquer la capacité du réservoir, mais le style de la moto veut ça. Et puis il faut aussi dire que vu la consommation, on peut faire environ 160 km avec les 9 litres, ça reste super correct !
Au final, ce Bobber Black est juste une machine à plaisir. On est surpris de ce que l’on arrive à faire avec cette machine et du coup, on lui en demande toujours plus. Mais le plus important, c’est qu’il distille un plaisir immense à son pilote, et juste pour ça, à mes yeux, cette brêle est une pure réussite !