Si certains se seraient arrêtés là, les britanniques ont décidé d’aller plus loin en up-gradant leur moto. Est-ce que ça fait du Bobber Black une nouveauté ? On pourrait philosopher longuement sur la question autour d’une pinte. D’un côté, on nous explique que c’est un nouveau modèle et que du reste, le Bobber « normal » reste au catalogue. Mais si on y regarde bien, le Bobber Black est un Bobber amélioré. Pour moi, ce n’est pas vraiment un nouveau modèle. Bref, il est surtout important de savoir que si vous êtes intéressé, les deux modèles existent au catalogue.
Mais alors, qu’est ce qui le rend meilleur ce Bobber Black ? Triumph a su écouter les critiques et a amélioré certains points tels que l’ensemble du train avant, à commencer par le freinage. Il faut bien l’avouer, c’était certainement LE point noir de ce modèle. La nouvelle anglaise se voit donc équipée d’un système de freinage composé de deux disques de 310 mm pincés par des étriers Brembo. Sur le papier en tout cas, le job a été bien fait. Il restera à vérifier si c’est également le cas en dynamique.
La fourche a également été revue. C’est maintenant un ensemble Showa de 47 mm de diamètre qui enserre une roue avant aux dimensions nouvelles. Avec cette roue (à rayons, s’il vous plait) en 16’ et ce large pneu (130/90 B16), la tenue de route devrait être différente de ce que l’on connaissait, et la réactivité de la machine modifiée.
Au niveau de l’avant, une modification reste à relever. L’éclairage passe au LED multifonction, avec des feux de jour distincts.
Ca c’est les modifications « techniques ». Car le Bobber Black, comme vous le savez certainement est… noir. Je veux dire tout noir. La majorité des pièces de la moto ont été peintes afin de la rendre plus sombre. Et franchement, avec cette couleur couplée à ce nouvel avant, Triumph a déjà réussi son pari. Souvent pendant cette présentation, on a entendu que le Bobber Black était « plus sombre, plus agressif et plus fort ». He bien force est de constater qu’au premier coup d’œil, c’est exactement ce que l’on ressent. Le rendu est plus agressif et plus musclé que le modèle classique.
Initialement, Triumph a sorti ce modèle en référence à ce qui se faisait dans la période d’après guerre, dans les années 40. Une moto qui se devait d’être simple et performante. Le Bobber Black présente un style épuré et musclé à souhait qui se renforce encore avec cet avant. On retrouve un certain héritage, avec par exemple le bouchon de réservoir, le compartiment de batterie au style authentique avec sa sangle en acier inox, le contacteur déporté, le support de selle flottant, ou encore le moyeu arrière qui fait fortement penser à un frein à tambour. Et que dire des jantes à rayon ? Mais le plus drôle est encore de se rendre compte que des gens se demandent si la moto est aux normes Euro4 avec ses carbus, alors que l’on a bien une injection. Tout est fait pour rappeler, avec réussite, les anciens modèles.
Mais la magie de ce Bobber, c’est d’avoir gardé cet héritage, et de l’avoir couplé à la technologie d’aujourd’hui, le tout avec un soin inégalable. Feux à LED, traction contrôle (déconnectable), ABS, modes de conduite, clé avec transpondeur anti-démarrage et régulateur de vitesse sont au rendez-vous. Et tout ça avec un souci de finition irréprochable. Mis à part le câblage obligatoire qui vient des comodos, tout est lisse et épuré à souhait avec, comme cerise sur le gâteau, le logo de la marque présent sur bien des pièces, toujours intégré avec une certaine classe.
Le principe du Bobber, c’est de pouvoir personnaliser sa moto afin d’en faire un modèle propre à soi, voire même unique. Et dès le modèle de base, sans avoir à débourser un centime de plus, on peut commencer la personnalisation. En effet, il est possible de régler la selle en l’éloignant du réservoir pour un style de conduite plus « calme », qui modifiera considérablement la position. De la même manière il est possible de régler la position du compteur. Et pour continuer à prendre un max de plaisir quelle que soit la position choisie, Triumph a eu l’excellente idée de mettre une poignée d’embrayage assistée.
Viennent ensuite les multiples options au catalogue. Elles sont plus de 120 pour ce modèle et elles vous permettront de personnaliser votre Bobber Black de manière plus ou moins importante en fonction de vos souhaits et de l’épaisseur de votre porte-monnaie. Pour vous donner une idée, il est par exemple possible de mettre un guidon haut. Je vous assure que le visuel de la moto change immédiatement. Ha oui, au niveau visuel, il y a le choix au niveau du coloris entre le noir et … le noir ! Blague à part, si le Bobber Black sera évidemment noir, il y a la possibilité de choisir entre le brillant ou le mat.
La présentation « théorique » de l’engin est terminée, il fait grand beau (on est dans le sud de l’Espagne) et mon cuir est à portée de main. On règle les dernières formalités et j’enjambe mon Bobber Black. Aoutch ! Le poids de la machine est bien présent. Il faut dire qu’avec le second disque, tout le système qui va avec, et avec la nouvelle fourche, ce sont quasiment 10 kg supplémentaires qui s’ajoutent à la machine. Bon, on verra le ressenti, mais ce détail me déplait un peu, mais la moto pèse maintenant près de 240 kg tout pleins faits.
La position est particulière, mais pas gênante ni désagréable. A la fin de la journée, je me rendrais compte que la selle est confortable sans pour autant être une référence. J’allume la moto et rapidement, je me concentre sur le compteur. Comme le reste de la moto, il est minimaliste (dans le bon sens du terme), dénudé de superflu. Si la vitesse est indiquée « à l’ancienne » grâce à une aiguille, un petit espace digital donne le reste des indications nécessaires, voire même un peu plus.
De cette façon, on a accès à deux trips, à l’horloge, au compte-tour, au contrôle de traction, aux poignées chauffantes (en option), et à la jauge d’essence. Toutes ces informations sont accessibles via un seul bouton. Simple, pratique et efficace.
Je débraye et appuie sur le démarreur. Dès ce moment, la magie opère. Le son distillé par les échappements biseautés est feutré, grave et très prometteur. Et encore, on n’est qu’au ralenti. Quelques coups de gaz me font comprendre que je vais certainement bien m’amuser au guidon. Je passe la première et dès les premiers tours de roues, les kilos de la moto disparaissent.
Que ce soit en milieu urbain, ou sur le reste de la route, la problématique du poids ne m’est jamais revenue en tête. La raison est assez simple. En fait le poids de la moto est situé assez bas, donc il n’est absolument pas gênant.
Rapidement, je profite du moteur 1200 cm3 du Bobber Black, qui est juste extraordinaire. Il est parfaitement adapté à cette moto. Si le bloc moteur est issu de la Bonneville, des réglages différents ont été faits pour une réaction adaptée à cette moto. Le couple est assez surprenant puisqu’il atteint 106 Nm à 4'000 tr/min. Alors ok, c’est la valeur maximale, mais ce qui est vraiment intéressant, c’est qu’à environ 2'200 tr/min, on est quasiment à 10 Nm, et que cette valeur monte crescendo jusqu’à 4'000 tours. Et la, on pourrait se dire que le moteur va s’éteindre et qu’il faut passer la vitesse supérieure. Ben non. On ne redescend à la valeur initiale qu’aux alentours des 5'500 tours. Pour la faire plus simple et sans chiffres, on a du couple tout de suite, et jusqu’à longtemps. Si la plage d’utilisation la plus fun reste les mi-régimes, on peut se permettre de descendre à 1500 tours sur le cinquième rapport, d’essorer la poignée et le moteur fera le reste. Ca tapera un peu au début mais la moto repartira sans réelle gêne.
Mais le couple ne fait pas tout. 77 chevaux, ce n’est pas immense, mais honnêtement, pour cette typologie de moto, c’est suffisant. On en aimerait toujours plus, mais il faut rester objectif… D’autant plus que le moteur est disponible partout et il donne l’impression d’être élastique. Comme disait un confrère, « on pourrait rouler toute la journée sur deux rapports tellement il y a de l’allonge ». Et tout ça avec une souplesse assez paradoxale. On sent que ça arrive, sans jamais être surpris ou violenté.
Et cette souplesse amène à un autre constat. Par temps sec, le contrôle de traction ne sert à rien. A moins de provoquer la perte d’adhérence de l’arrière, la moto ne bouge pas. En revanche, si vous cherchez à jouer sur des départs un peu « appuyés », ou que vous jouez de la cirette, le rodéo est garanti, pour le plus grand des bonheurs de son pilote. N’oublions pas qu’un des principes du Bobber est sa conduite « hot-rod ». On ajoute à cela la mélodie des échappements qui est super agréable et la conduite devient rock’n’roll, et ça, c’est juste génial. Du reste, les plus avertis auront assez vite compris le choix du titre et sur quels morceaux de musique j’ai tapé cet article ;-)
Je vous expliquais plus haut que la principale différence entre le Bobber d’origine et le Bobber Black se trouvait dans son train avant. Pour commencer, ça freine enfin ! Et correctement en plus, avec du mordant dès la prise du levier.
Les améliorations apportent un vrai plus à la moto. Si le gros pneu ampute un peu de vivacité sur les changements d’angle, on est sur un rail. La fourche fonctionne à merveille et aucun mouvement parasite ne vient perturber le Bobber Black dans les virages. Jusqu’à ce que le cale-pied fasse connaissance avec le bitume.
Vous me direz que l’orientation première de ce genre de moto n’est pas de prendre beaucoup d’angle et vous avez raison. Mais entre son moteur, sa partie cycle saine et rassurante et son freinage, on se prend vite au jeu. C’est là toute la réussite du modèle. Malheureusement, la garde au sol vous remettra vite à l’ordre car une fois le cale pied posé par terre, il n’y a plus vraiment de place à l’improvisation. Et si on essaie de forcer, c’est ensuite la béquille (du côté gauche) qui servira de dernier avertissement. C’est dommage car sans ça, je pense que le Bobber Black se rapprochait du sans faute ! Bien sûr, on pourrait critiquer la capacité du réservoir, mais le style de la moto veut ça. Et puis il faut aussi dire que vu la consommation, on peut faire environ 160 km avec les 9 litres, ça reste super correct !
Au final, ce Bobber Black est juste une machine à plaisir. On est surpris de ce que l’on arrive à faire avec cette machine et du coup, on lui en demande toujours plus. Mais le plus important, c’est qu’il distille un plaisir immense à son pilote, et juste pour ça, à mes yeux, cette brêle est une pure réussite !