Toujours afin de répondre aux normes Euro4, le tirage de cette dernière a été revu et au lieu d’avoir un rapport de 1:1 entre la poignée et le papillon des gaz on a par exemple pour 20% d’ouverture de la poignée 10% d’ouverture des papillons. Du coup, pour ouvrir les gaz à fond, il faut quasiment s’y reprendre à 2 fois tant le tirage est long. Ce point a été rapporté aux ingénieurs Ducati qui vont essayer de remédier à cela avant la commercialisation de la Desert Sled au mois de mars.
L’assise sur la selle accueillante est des plus confortable et les commandes tombent bien sous les mains. Le grand guidon n’occasionne pas de mouvements de direction et permet de contrôler la moto au millimètre dans les enchainements sinueux. D’ailleurs, toujours pour la selle, même avec mon 1m72, j’ai les deux pieds qui touchent bien par terre grâce à l’assise étroite présente à l’avant de la selle.
Le freinage est très efficace, avec un bon mordant lors de la prise des freins et une excellente puissance quand on appuie sur la poignée droite. La fourche encaisse très bien la puissance du freinage et ne pompe pas exagérément.
Et que dire de la maniabilité ? Elle est tout simplement exceptionnelle ! La roue avant de 19 pouces conjuguée aux pneus pas trop large permet de balancer la Sled d’un angle à l’autre sans aucun effort. Elle est également bien aidée par le profit très rond des pneus.
Par contre, il suffit d’un coup d’oeil pour se rendre compte que la Desert Sled n’est pas faite pour le duo sur longue distance. Bien que la selle soit très accueillante, votre passager sera un peu à l’étroit, la faute à des cale-pieds placés assez haut. J’ai essayé de monter derrière un collègue suisse-allemand et ai trouvé que mes jambes étaient très repliées. Pas très confortable pour faire de la route.
La pluie ne nous ayant pas épargné durant notre roulage, elle a permis de mettre en avant l’excellent grip des Pirelli Scorpion. Même sur route mouillée, et pour des pneus capables d’encaisser du off-road, ils ont été impériaux !
Après être sorti d’une belle série de virage, j’en profite pour musarder sur le tableau de bord. Celui-ci est réduit à sa plus simple expression et ne foisonne pas d’information… on y trouve la vitesse, le compte-tours (pas très lisible) avec un barre-graphe arrondi sur le bas, un ODO, deux trips et la température extérieur et… basta ! Un indicateur de rapport engagé aurait été le bienvenu, ou encore un niveau d’essence. Par contre, il est aisé de rentrer dans le menu, pour par exemple désactiver l’ABS pour s’aventurer en off-road.
Et c’est justement ce qui nous attend ! Au détour d’une route, notre (rapide) guide s’arrête et nous demande de désactiver ledit ABS car une belle piste de sable et de cailloux nous attend.
Bon autant vous le dire tout de suite, je ne suis pas le king de l’enduro. J’ai quelques faits d’armes à mon actif comme une mémorable course amateur au guidon d’une KX500 2-temps mais guère plus.
Et c’est bien là que la Desert Sled se met en avant grâce à sa facilité. Tout d’abord la position debout est des plus efficaces. On sent bien la moto et les commandes tombent bien sous les mains et les pieds. Seul la botte droite vient un peu trop butter contre le cale-pieds passager. Mais pour rappel, il est possible de l’enlever…
Mais revenons à nos moutons, me voilà debout sur les cale-pieds de la Desert Sled en train d’essayer d’appliquer les conseils de mon collègue suisse-allemand féru et grand maître de l’enduro et de la conduite dans le sable. Hop je mets le poids en arrière et je laisse le guidon aller où il veut (euh enfin pas trop hein).
Ma bien nommée Desert Sled avance bon train, me permettant de reprendre à l’embrayage quand il faut et je ne manquerais pas de louer sa constance et sa douceur tout au long de notre long périple en tout-terrain. Pour l’avoir bien fait travailler, jamais je n’ai ressenti la moindre fatigue à la main gauche.
Malgré ses 191kg à sec, la Ducati n’est pas difficile à emmener, elle est même assez fun car dès qu’une ornière se dessine devant ma roue, je n’hésite pas à mettre un petit coup de gaz et un bon appui sur les jambes afin de m’offrir un tout petit jump.
Le petit twin à refroidissement à air et à 2 soupapes est vaillant et démontre encore, en fait surtout dans ces conditions off-road, qu’il est largement suffisant. Nul besoin de puissance supplémentaire.
La connexion entre la poignée de gaz et la roue arrière est excellente, le nouveau ratio entre la poignée et les papillons amène une grande douceur qui permet de ne pas être surpris par les réactions de la moto ou encore de justement s’amuser à ouvrir progressivement pour faire patiner la roue arrière.
En ce qui concerne le freinage, bah oui, même en tout-terrain il faut bien penser à s’arrêter de temps en temps pour attendre les collègues qui ont été victimes d’un excès d’optimiste et qui se sont bourrés, ce dernier une fois l’ABS déconnecté devient moins mordant et permet de ralentir la Sled de plus en plus fort selon la pression exercée sur le levier droit. Un sérieux atout et une bonne aide. J’ai juste trouvé la course de la pédale de frein arrière un peu longue.
Plus on roule et plus je me sens en confiance, la rythme augmente et on a le droit à de sérieux passages dans le sable profond où justement, plus la vitesse est élevée et plus le passage est facile. On ne le voit pas sur les photos, mais sous le masque de mon casque j’ai la banane !
Là encore, pendant notre session off-road les conditions météos ne nous auront pas épargnés. On aura eu un bout sans pluie avant de tomber sur une portion boueuse qu’il aura fallu négocier sur le premier rapport, au pas, en jouant sérieusement de l’embrayage avant de, pour finir, faire demi-tour, les lieux étant impraticables et une bonne partie de mes collègues ayant connu les affres de la chute.
Là encore, je peux vous dire qu’on a loué la simplicité de la Desert Sled car la seule casse que nous aurons connu est un levier d’embrayage. Point de guidon tordu ou encore de carénage cassé, voir de radiateur percé. On s’arrête pour filer un coup de patte au collègue, on relève la moto et hop ça repart.
Alors ? La Desert Sled bonne, brute ou truande ? Je serais tenté de dire qu’elle est les trois à la fois. La bonne tant elle est… bonne à tout faire : des plus faciles et sympathique sur route et dotée de sacrées capacités en off-road.
La Brute pour son côté… brut et sans fioritures. Tout ce qui se trouve sur la Sled est là pour qu’elle fonctionne et fasse se qu'on attend d’elle : prendre du plaisir à son guidon et basta. Pas besoin de plus en somme.
Et pour finir la truande car il suffit de voir un bout de piste en bord de route pour vous faire quitter la vôtre et partir à l’aventure, voir ce qu’il y a autour de ce ruban d’asphalte que tout le monde emprunte mais dont pour fini on ne s’éloigne guère alors qu’il y a tant à découvrir.
Enfin, le soir venu, en discutant avec mes collègue, on en vient à rêver la bière à la main à nous trouver sur la côte australienne ou californienne pour rejoindre au guidon de la Scrambler Desert Sled nos potes pour profiter du soleil, de la mer et du sable.