Ma tendre moitié m’avait offert une journée de stage avec Gilles Salvador, et c’est ainsi que tout a commencé. Mais Gilles Salvador, vous savez qui c’est ? Non, ce n’est pas le mec tout maigre qui chantait "une chanson douce"... C’est l’autre... Celui qui, en 1989, se tirait la bourre avec Eddy Lawson lors de l’épreuve très disputée du guidon d’or et obtenait la seconde place. C’est le même bonhomme qui était titré à deux reprises en championnat de France SM en 1995 et 1997. Et c’est encore lui qui finissait champion d’Europe de Supermotard en 1997… Quoi, ça suffit pas à vous impressionner ? Ok, alors il a également remporté la catégorie "monocylindre" du Dark Dog Moto Tour en 2008 (aujourd’hui appelé Moto Tour), il a participé à plusieurs reprises au Paris-Dakar et a gouté à l’endurance en étant au départ de courses mythiques comme les 24 Heures du Mans, le Bol d’Or ou encore les 24 Heures de SPA.
Bref, c’est pas vraiment ce que j’appellerais un novice en la matière.
Autre souci à régler, et pas des moindres... Je n’ai pas de supermot... C’est Philippe Dupasquier qui me prêtera gentiment sa moto, avec laquelle il a remporté son titre cette année. Ouais, comme vous dites : yeah !
Mais revenons à nos monos. Samedi matin, une fois les formalités administratives passées, Gilles prend son groupe en main. Un briefing, quelques mises en garde (oui, Gilles, on va faire gaffe aux pneus froids !), et on saute sur les brêles. Pour l’occasion, la mienne m’avait été prêté par Philippe Dupasquier, mais ça, je vous en parlerais dans un autre article. Quoi qu’il en soit, si vous n’avez pas de brêle pour ce genre de stage, il est possible d’en louer une et c’est sur une Husqvarna 450FS que vous évoluerez tout au long des roulages.
Quelques tours plus tard, Gilles a observé et il a même déjà prodigué quelques conseils. Mais on part pour un premier exercice. Le coach prend la parole et il annonce la couleur : "on va aller travailler le freinage sur les graviers. C’est plus dur mais vous verrez, ça ira tout seul sur le bitume après ! Et puis pour s’échauffer, ça va bien." Ha, voilà... je m’attendais pas à ça tout de suite... alors j’y vais mais j’ai peur !
Nous voilà donc sur une belle surface de graviers. La demande de Gilles est on ne peut plus simple : "vous partez du fond là-bas, et au cône, je veux que vous vous arrêtiez sur la plus courte distance possible !" A chaque passage, Gilles prend le temps d’expliquer à chacun d’entre nous les améliorations à apporter pour gagner en efficacité. Car c’est bien là le but final, l’efficacité. Il n’a pas obtenu ses titres en cherchant du confort !
Sauf qu’à force de chercher l’efficacité, c’est les graviers que j’ai trouvé. Une prise des freins trop brutale et j’ai croisé les skis ! Alors que je m’écrase au sol avec la grâce du moustique sur une visière, je m’excuse déjà auprès de Philippe Dupasquier. Je me relève, crache un gravillon et relève la moto. Ouf, rien de cassé. Je repars pour l’exercice avec un peu moins de fougue, mais avec beaucoup plus de réussite.
Vient ensuite le même exercice, mais sur piste. Avant de s’élancer, Gilles nous montre comment faire. Sauf qu’il le fait sur la roue avant, et ce sur plusieurs mètres. Ouah, papy envoie du bois ! "Il faut apprendre à jouer avec sa moto" qu’il nous dit en enlevant son casque. Bon, ben… on va jouer !
Je m’élance une première fois, et Gilles Salvador m’explique : "c’est très bien, mais t’as de la marge ! N’aies pas peur de serrer ton levier et si ça lève trop, tu relâches". Ok, tant qu’à être là, autant en profiter. Deuxième passage, l’arrière de la moto se lève au fur et à mesure que je ralentis la moto et je m’arrête alors que ma roue arrière joue toujours les équilibristes. Le sourire sur le visage de Gilles me fait tout de suite comprendre que ça n’a pas été trop mal. "Ouais c’est ça ! c’est ce qu’il faut faire, jouer avec sa moto !" Il est comme ça Gilles, un homme simple, qui transmet son savoir autant que sa bonne humeur et son entrain.
Après un repas léger, on repart en piste, et cette fois-ci, on travaille le truc qui me rend dingue, le truc auquel je pense quand on me dit "supermoto" : la glisse.
Une fois de plus, on commence par écouter les précieux conseils de Gilles avant d’avoir droit à un spectacle une démo du prof. C’est impressionnant. A le voir à l’œuvre, ça semble facile. Je me doute bien que ce ne sera pas le cas mais je m’élance avec une banane d’enfer rien qu’à l’idée de rentrer une belle glisse au freinage. Au fur et à mesure des passages, Gilles se met sur la piste, nous appelle afin de nous distiller quelques conseils et corrections. Comme pour chaque exercice, on ne se limite pas au virage travaillé, on a tout le reste de la piste pour se faire plaisir. Forcément, beaucoup de virages deviennent le théâtre de glisses de plus en plus affirmées.
La journée continue ensuite sur un ensemble de virages, où se mélangent trajectoire, glisse, ré-accélération. Après les explications et la démo du maître, Gilles nous montre un autre aspect de sa personnalité. Il se donne à fond, n’hésitant pas à se mettre au milieu de la piste pour nous forcer à "trajecter" comme il faut. C’est ce que j’appelle de l’engagement !
La journée se terminera avec quelques tours libres, l’occasion pour moi de synthétiser tout ce que j’ai appris pendant ma journée. Ne faisant qu’une journée, je n’aurais pas l’occasion de travailler la partie terre, qui se fera le lendemain pour les autres participants.
Merci aux copains de stage de m'avoir transmis quelques clichés de cette seconde journée. Du reste cela vous permettra de vous faire une petite idée de ce qu'à pu être le travail dans la partie terre.
Outre la découverte du supermot’, le stage m’aura aussi fait découvrir un mec génial au talent incontestable, un personnage à part entière qu’il faut connaître si on aime cette discipline. Vous l’aurez compris, c’est de Gilles que je parle. Mais j’aurais également fait de superbes connaissances (dont Alexis, que je remercie pour ses photos).
Après cette journée, il y a deux choses que je peux vous dire : j’aime le supermot et je retournerais voir Gilles. Et si d’aventure vous vouliez être de la partie, n’hésitez pas à vous rendre sur son site Internet.