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Avant une commercialisation probable avant 2020, la firme de Milwaukee a trouvé judicieux d’introduire sa clientèle, ou du moins une poignée de chanceux, dans le développement de la LiveWire, le but essentiel étant de ne pas louper l’avènement de cette nouvelle technologie dans les rangs d’Harley-Davidson. Il s’agit d’oublier ses acquis, de ne plus se référer au célèbre potato-potato typique du twin et de partir d’une feuille blanche pour exprimer ses impressions et son ressenti au guidon de ce prototype pour le moins audacieux.
Sans vouloir bouleverser les genres et entrer dans le futurisme auquel s’identifierait volontiers les firmes japonaises, Harley-Davidson a eu la décence de conserver un look relativement conventionnelle et propre à son identité. Un châssis apparent en aluminium coulé à la finition sablée, une fourche inversée entièrement réglable, un bras oscillant façon "Milwaukee" traversé par la courroie de transmission, un simili-réservoir, une boucle arrière super courte, de magnifiques jantes à bâtons en Y, ... Elle claque, cette LiveWire !
Et ce que les designers d’Harley-Davidson ont particulièrement réussi, c’est la partie habituellement dédiée au moteur. De loin, on ne ferait pas la différence avec une moto classique ; et plus on s’en approche, on découvre qu’il ne s’agit pas d’une moto standard. N’imaginez pas un amas de plastique, mais plutôt un savant mélange de matériaux simulant la présence d’un moteur de grosse cylindrée ! On s’attardera particulièrement sur le semblant de carter-moteur chromé, très réussi ! D’ailleurs, c’est là, au plus proche du sol, que se loge le moteur électrique.
Puis, pour palier à la notion d’économie d’énergie inhérent à cette technologie, il a été impératif d’équiper la LiveWire d’une armada de LEDs pour les feux longue portée, de croisement et arrière, ainsi que pour les clignotants.
Même le tableau de bord fait l’impasse sur les aiguilles et privilégie un écran LED rectangulaire et tactile. Les informations qui s’y affichent déroutent complètement. On y voit les indicateurs de niveau de charge de la batterie et le niveau de puissance auquel on soumet le moteur. A l’arrêt, on obtient aussi la température du moteur électrique (refroidi par huile), de la batterie et de l’unité centrale électronique (refroidie par eau), et d'autres informations encore.
La présentation technique est dispensée par le responsable technique de Harley-Davidson France. On ne parle plus bielles et cylindrées, mais watts, ions, autonomie, accélération. Même au Pays de l’Oncle Sam, on se met à l’électrique, c’est dire si le monde des deux-roues est en pleine mutation ! Pour parler chiffres, il y a une certaine avarice et on n’en saura guère plus que le moteur triphasé à induction développe l’équivalent de 55kW (74cv) à 8’500tr/min et 70.5Nm à 8’000tr/min avec un régime maximal à 15’000tr/min et que la moto est capable d’une accélération de 0 à 100km/h en moins de 4 secondes, une vitesse maximale de 150km/h et une autonomie maximale théorique de 85 kilomètres en mode standard (en full, comptez 63 kilomètres). Toujours est-il que les sensations de conduite seront incomparables à celles d’une moto dont la motorisation est de type thermique interne.
Une fois les présentations faites, on nous invite à prendre le guidon de cette étrange ‘ricaine. Aussi trapue qu’imposante, la LiveWire s’affirme par son look et ses dimensions. D’apparence très courte, campée sur ses jantes de 18 pouces à l’avant et 17 pouces à l’arrière, son style minimaliste met en avant une évidente motorisation puissante. Sa fine selle monoplace impose un "ride" égoïste. Une fois en selle, on a les pieds posés au sol, pour autant que nous soyons d’un gabarits moyens. Les bras sont étirés en avant, à l’instar de la position que l’on a sur un roadster à vocation sportive.
Une pression insistante sur le démarreur et l’écran s’illumine. Quel silence ! On entend à peine le feulement du moteur électrique. Pas d’embrayage, ni de sélecteur de vitesse. Il suffit de saisir la poignée de droite (celle qui envoie les watts !). Une légère rotation et la LiveWire se met en mouvement tout en douceur accompagné d’un léger sifflement. L’évolution à basse vitesse se fait avec aisance, tant la LiveWire est maniable et fait fi de son poids de 210kg (en ordre de marche, et non "tous pleins faits", comme nous sommes habitués). La direction bénéficie d’un bon angle de braquage, facilitant ainsi les manoeuvres et les déplacements en milieu urbain.
Accélérer est un jeu d’enfant. Il suffit de tourner la poignée de "gaz" ou plutôt la poignée des watts et le moteur électrique réagit instantanément, mais sans violence. L’accélération est soutenue et très linéaire. Ça pousse dès les plus basses vitesses et on atteint la vitesse maximale en un rien de temps et sans signe de faiblesse de la part du moteur. D’un coup, sans doute pour des raisons de sécurité, l’accélération cesse et l’écran LED indique une vitesse de 153km/h.
Aux vitesses légales, sur route ouverte, le moteur est toujours disponible, peu importe le niveau de régime. On y prend goût et on se délecte de chaque réaccélération, comme si on était un petit projectile catapulté par un élastique.
La question du bruit ! C’est là que le bas blesse. Le typique potato-potato avec lequel se laissent bercer les fans de la firme de Milwaukee n’est plus. Toutefois, Harley-Davidson a voulu marquer son moteur électrique d’un son caractéristique, à l’image de ses twins de grosse cylindrée. Le secret se situe entre le moteur et la transmission. Une série de pièces sont assemblées pour former une sorte d’hélice, proche du dessin d’un turbocompresseur. Le bruit résultant est similaire à celui d’une turbine d’un avion de chasse. Pas aussi puissant, mais bien plus aigu, on découvre alors un moteur électrique qui a un certain "charme sonore". Sans être envahissant, il est présent à toutes les vitesses, proportionnellement.
Puis on aborde les courbes du centre technique Michelin. La LiveWire est stable, même à grande vitesse. Dans les enchaînements rapides, elle se laisse balancer d’un angle à l’autre sans effort. Vive, bien équilibrée et jouissant d’une garde au sol largement supérieure aux standards Harley-Davidson, elle se montre très joueuse et plaisante à emmener.
Et quand vient le moment de ralentir, on peut compter sur l’unique disque de frein Brembo équipant la roue avant. Il ne se distingue pas par une grande puissance mais offre une généreuse décélération. Au vu des performances de la moto, on s’attendait à plus de mordant et plus d’efficacité. Dans tous les cas, lorsque l’on coupe les watts, la rotation de la roue arrière régénère la batterie, il en résulte alors un "frein moteur" assimilable à celui des motos à moteur à combustion. Durant la balade ou en roulant de manière civilisée, ce frein moteur est plaisant. Il suffit d’anticiper à l’approche d’un virage et il n’y a nul besoin de freiner.
Bien que la LiveWire soit encore au stade de prototype, elle est pourvue de nombreuses qualités. De plus, Harley-Davidson prouve qu’il est possible de créer une moto électrique dotée d’un charme certain, tant esthétique que mécanique. On sait aussi que Harley-Davidson tâte encore le marché et souhaite commercialiser une moto électrique d’ici 2020. La LiveWire ainsi présentée est sans aucun doute très proche de la version définitive. Mais rassurez-vous, Harley-Davidson compte commercialiser une moto dont l’autonomie sera proche des 200 kilomètres !
Et, à en croire les propos du directeur général de Harley-Davidson France, Gérard Staedlin, les 74% des motards qui ont roulé la LiveWire seraient prêts à l’acheter ! Et vous, seriez-vous tentés par cette électrisante expérience ?