
Pour l’occasion, nous avons pu profiter d’un cadre de roulage des plus agréables puisque notre point de départ se situait à Saint-Jean-Cap-Ferrat dans les Alpes-Maritimes (France). Cette région magnifique offre des panoramas de carte postale, mais surtout des routes très tortueuses dans l’arrière-pays. Notre parcours du jour nous a permis d’enquiller pas moins de 230km en passant par La Trinité, la Tourrette-Levens, Vence, Séranon, Grasse, Cagnes-sur-Mer, ... de quoi mettre en avant les capacités dynamiques de la Turismo Veloce 800.
MV Agusta arrive donc en terre inconnue avec cette Turismo Veloce, puisque la firme n’a actuellement aucun modèle de ce type dans son catalogue. Vous me direz que la Stradale 800 s’en approche, mais cette dernière est plus typé hypermotard que routière, un peu comme l'est la Ducati Hyperstrada face à la Multistrada. Enfin, nous ne sommes pas là pour parler de Ducati, mais bel et bien de MV Agusta, cette marque italienne qui monte et qui propose désormais des motos toujours plus attachantes, mais surtout des motos performantes et sexy. Après tout, n’est-ce pas ce que l’on recherche chez une Italienne ?
Esthétiquement, il faut le reconnaître, la Turismo Veloce est plutôt réussie avec des lignes et courbes très fluides, moins agressives qu’une Multistrada et moins taillées à la serpe que sa concurrente directe la Yamaha MT-09 Tracer. Le technique est toujours identique pour ce genre de machine, un trail (juste le nom !) haut sur pattes, mais équipé de jantes et pneus en 17 pouces, ce qui, au final, nous donne une sport-touring.
Un style unique avec un simple phare avant entièrement LED et un superbe feu arrière également à LED. Nous noterons encore les clignotants avant et veilleuses de jour parfaitement intégrés dans les protèges-mains. On ne parle donc plus des disgracieux clignotants oranges dépassant de part et d’autre de la moto.
Le cadre treillis en acier accentue le côté sportif de la moto, tout comme le garde-boue avant ajouré ou encore le sabot-moteur conférant une certaine assise à la MV. Il faut le dire de suite, cette moto, bien que haute sur pattes (850mm à la selle), n’est pas faite pour le terrain, d’autant plus qu’il serait dommage d’abîmer les magnifiques jantes à bâtons, l'arrière étant supportée par un monobras.
Le soin des détails est très poussé, comme à l’habitude chez MV, avec un support de plaque à ras la roue arrière et englobant également les clignotants. Lors de la présentation du modèle, MV Agusta a été clair, cette moto est à mettre dans la catégorie sport-touring et non dans les trails. Au moins, les Italiens sont francs avec sa clientèle !
Une fois sur la moto, les grands gabarits comme votre serviteur et son mètre quatre-vingt-huit se trouveront immédiatement à l’aise, presque comme dans un cocon, car l’assise est centrée sur l’avant et le réservoir remonte sur les jambes. La posture du pilote est droite et le large guidon offre un excellent bras de levier, ce qui devrait être un plus lors des manoeuvres en milieu urbain. Les commodos tombent parfaitement sous la main et les leviers de freins et d’embrayage sont naturellement réglables en écartement.
Le champ de vision arrière est assuré par de grands rétroviseurs. Bref, la position est naturelle et permettra d’enquiller les kilomètres sans problème, d’autant plus que l’épaisse selle culminant à 850mm de hauteur devrait offrir un excellent confort.
Côté protection, la bulle avant est réglable en hauteur sur 60mm et ce, d’une seule main ; ainsi, nul besoin de s’arrêter pour dévisser deux molettes ou encore devoir sortir une trousse à outils. Tout a été pensé pour voyager en toute quiétude.
Côté équipement et confort, MV Agusta reprend les recettes qui font le succès des modèles actuels avec un tableau de bord disposant d’un écran TFT couleurs de cinq pouces de diagonale. Ce dernier est des plus complets et il ne manquerait peut-être que la TV et le GPS pour se croire à la maison. Ceci dit, un GPS externe est disponible en option (Garmin Zümo 390). L’écran du tableau de bord dispose de la technologie Bluetooth qui vous permet de connecter votre smartphone, votre système de communication intercom ou encore votre GPS. Tout y est parfaitement lisible et facile à manipuler, comme le nouveau contrôle de traction ou encore le quickshifter EAS 2.0 offrant la possibilité de monter et descendre les rapports à la volée sans toucher le levier d’embrayage. Dans l’équipement de base, nous comptons également des poignées chauffantes, un limitateur de vitesse et encore un stabilisateur de vitesse. Parmi les petites intentions, nous noterons la présence de trois prises allume-cigare, deux en 12v et une en 5v.
Côté rangement, nous trouvons deux petits espaces juste derrière la bulle. Ces derniers sont suffisamment grands pour pouvoir y loger un trousseau de clés. De larges valises de 30 litres de volume chacune sont disponibles en option, très simples à installer et à retirer... de quoi voyager confortablement, seul ou à deux.
Les finitions de cette Veloce sont quasiment parfaite. Je note que les ajustements, la qualité des plastiques et de la peinture sont d'un niveau très élevé. Etonnament, un gros effort a été fait sur le masquage des fils. Habituellement, les Italiens ne s'embêtent pas avec ce genre de détail... là, tout est minitieusement camouflé et ajusté.
Côté motorisation, la firme de Varèse confirme en s’appuyant sur le généreux bloc trois-cylindres de 800cc.
Pour l’occasion et pour faire corps avec les aptitudes de la Veloce, ce dernier a été remanié et ramené à une puissance de 110cv. Cependant, il dispose dorénavant d’une louche de couple supplémentaire de 15% par rapport aux Rivale et Dragster. Le "tre pistoni" est doté de nouveaux pistons et de nouveaux arbres à cames, une modification que l’on retrouvera sur les prochains nouveaux modèles. MV Agusta annonce pas moins de dix-neuf nouveautés d’ici 2020. Ça, c'est dit !
En outre et afin de s’adapter au mieux aux conditions et au pilotage de chacun, le moteur propose également quatre cartographies (Touring et Rain limitant la puissance maximale à 90 ch, Sport à 110 ch et Custom où tout peut être personnalisé). Certains paramètres sont personnalisables : ceux-ci incluent la courbe de couple moteur sur la plage de puissance (deux niveaux), le mode du limiteur de régime (intervention plus ou moins incisive), la sensibilité de la poignée des gaz (trois niveaux), le frein-moteur (deux niveaux) et la réponse du moteur (deux niveaux). Le réglage de ces modes est très aisé et se fait en premier lieu via le commodo de gauche, une simple pression sélectionne ce que vous souhaitez : ABS, cartographie, TC, ... Pour valider le choix de la cartographie, il faudra avant tout démarrer la moto, puis appuyer sur le démarreur afin de changer le mode. Ce réglage est également possible en roulant.
Les premiers kilomètres se font en ville pour juger de l’agilité de la Veloce. Elle se montre très facile à prendre en main. Le slalom urbain, encadré par le staff MV, est un véritable jeu d’enfant. La position haute permet de voir par-dessus les voitures, permettant ainsi d’anticiper les manoeuvres de dernière seconde de certains conducteurs peu scrupuleux...
Bien qu’accusant 191kg sur la balance et disposant d’une gomme arrière de 190, la moto se joue des changements de cap à faible vitesse, le poids ne se fait en aucun cas ressentir. L’embrayage à commande hydraulique offre un excellent feeling et est d’une souplesse exemplaire. Heureusement, car il nous aura fallu plus de trente minutes pour sortir de la ville ! Le moteur est exempt de défaut dans cet exercice. Bien aidé par une commande de gaz de type ride-by-wire, il s’est montré très souple dans le mode "Touring" et offre la possibilité de cruiser à 50km/h sur le dernier rapport sans provoquer d'à-coup, ce qui n’était par exemple pas possible sur le modèle Dragster, moteur plus capricieux dans cet exercice.
Les premiers kilomètres sont placés sous le signe de l’apprentissage. Malgré sa facilité, certains essayeurs prendront déjà du retard après cinquante kilomètres, obligeant le staff MV à créer deux groupes pour ne pas pénaliser les journalistes les plus dynamiques. Me voici donc dans le premier groupe, le rythme augmente encore et je constate que la moto est d'une redoutable facilité.
Exit le mode "Touring", je privilégie le mode "Sport". La différence entre les deux cartographies est bien présente : la réponse du moteur est plus franche et les montées en régime se font plus facilement. Comme quoi, 20cv peuvent vraiment changer la donne. Les tours par minute augmentent rapidement et la zone rouge située à 11’000tr/min est rapidement atteinte ! Trois shift-lights indiquent que vous devez changer de rapport, au cas où vous auriez oublier, tant le moteur se montre volontaire. Les sorties d'épingle peuvent se faire sans problème sur le second rapport, le gros de la cavalerie arrivant vers les 5'000tr/min.
D’ailleurs, le passage des vitesses se fait à la volée, tant en montant qu’en descendant les rapports, grâce au quickshifter EAS 2.0 (Electronically Assisted Shift). La boîte de vitesses encaisse sans broncher. Ceci peut ressembler à un gadget pour certains, mais pour l’avoir utiliser tout au long de la journée, je peux confirmer qu’il est appréciable de ne pas avoir à débrayer à chaque descente ou montée de rapport. Ceci étant, ce système montre ses limites à basse vitesse (moins de 50km/h), occasionnant quelques faux points morts.
Les virages s’enchaînent et ne se ressemblent pas : des épingles, des longs, des courts, des bosselés, des revêtements douteux, ... Nous avons eur un vague aperçu de l’état des routes de l’arrière-pays. Ceci a son avantage, celui de pouvoir juger la suspension. MV Agusta a fait le choix d’équiper sa Veloce d’un ensemble Marzocchi de 43mm pour la fourche télescopique avant et d’un amortisseur Sachs pour l’arrière.
Grâce à son équipement de choix, la moto est très joueuse et gagne vivacité.
Gauche-droite, les changements d’angle se font de plus en plus rapides et se suivent. La monte pneumatique Pirelli Scorpion Trail permet de prendre beaucoup d’angle et met en confiance sur ce goudron très abrasif. Ça y est, mes reflexes de pilote de Supermot' ressortent, tout comme mon pied qui cherche la corde à l’approche des virages. J'adore ! Un gros freinage (ABS off) m’autorisera une magnifique glisse de l’arrière ; au second, je verrai si la moto accepte de prendre de l’angle au point de poser un genou, chose faite !
Les virages continuent et le moteur démontre qu’il est bien présent. La sonorité rauque du trois-cylindres est agréable, tant pour le conducteur comme pour le journaliste qui me suit. Les reprises en sortie de courbe se font avec aisance et mettent à mal les Pirelli. Le contrôle de traction ne cesse de s’illuminer, certainement pour vous dire que vous y aller un peu fort... Heureusement, une fois réglé sur l'un des trois premiers niveaux, ce dérangement s’estompe et vous continuerez à envoyer du gaz !
Bien évidemment, qui dit accélération dit freinage, et le système de frein signé Brembo avec ses deux disques avant de 320mm enserrés par des étriers radiaux à quatre pistons offre de belles performances. Tous mes freinages ont été réalisé à un doigt, c'est dire que le freinage est performant et qu'il propose un excellent feeling ! Le frein arrière est anecdotique et sert uniquement de ralentisseur. L’ABS est performant, mais reste un ABS ; à plusieurs reprises reprises, il s’est enclenché dans les freinages en descente et ce, même sur le niveau de réglage le plus permissif. Du coup et afin de profiter pleinement de l’excellent châssis, j'ai switché sur "OFF" durant toute la journée.
Le retour se fera de façon plus cool, le frugal repas de midi nous ayant quelque peu assommés. Enfin, ce sera l'occasion de profiter des qualités "touring" de la Veloce, sans rouler le couteau entre les dents. Elle confirme ce que mon ressenti durant tout mon essai. Confortable, performante, généreusement motorisée et joueuse. Elle ne piège pas non plus et permet de se faire plaisir sans aucune appréhension.
Un aspect important, aussi, c'est la consommation d'essence. Celle-ci s'est stabilisé à une moyenne de 8.9 litres pour 100 kilomètres parcourus. En roulant normalement, sans essorer la poignée de droite, la consommation moyenne peut aisément flirter avec les 6 litres.
Je peux qualifier cette Turismo Veloce de vraiment véloce ! J'ai passé un excellent moment à son guidon, dans toutes situations, en ville, en mode arsouille comme en balade. D’une prise en main très facile et d'un comportement sain, elle s'adresse aussi aux novices en matière de moto sport-touring. Pour les motards chevronnés, elle gratifie d'un paquet technologique de haut niveau. De plus, esthétiquement, elle fait partie des motos les plus aguichantes du marché.
Et, pour ceux qui souhaiterent encore plus d’électronique, il exite une version "Veloce Lusso" disposant d’une suspension semi-active, version malheureusement pas présente dans le cadre de cette présentation presse.