Difficile à voir sur les photos, la Rivale est en fait une moto très compacte. L'arrière très fin détourne votre regard du très long monobras. L'amortisseur Sachs entièrement réglable qui y est fixé autorise un débattement de 130mm. A l'avant, c'est une fourche inversée Marzocchi, elle aussi réglable en quatre paramètres qui limitent la course à 150mm. Les suspensions opèrent parfaitement jusqu'à un revêtement légèrement détérioré. Sur une route défoncée, vous serrez pas mal secoué, mais là, seul le géomètre est vraiment à blâmer.
Affichant 178kg à sec sur la balance, la répartition des masses est plutôt surprenante : 88.5kg sur l'avant et 89.5kg sur l'arrière. Vous auriez parié sur un avant plus léger ?
Le freinage est confié à une paire de disques flottants Brembo de 320mm de diamètre pincés par deux étriers radiaux monobloc de quatre pistons chacun. A l'arrière, le disque acier de 220mm est pincé par deux pistons dans un étrier Brembo. Quand le revêtement de la route est parfait, son efficacité est redoutable. Avec le gros orteil sur le levier on stabilise la moto instantanément. Equipé d'un ABS déconnectable dès 2014, il sera un atout pour ce type de machine qui nous pousse à attaquer.
Souvenez-vous, en novembre 2012, quand a été présentée la Rivale à Milan, elle était chaussée de pneus Pirelli MT. Au fil du développement, les ingénieurs R&D se sont rendus compte que la moto pouvait aller bien au-delà des limites de ces pneus. Histoire vraie, ils ont alors monté successivement les deux types de gomme Angel, avant de revenir à l'usine en ayant atteint les limites des pneus mais pas de la Rivale. C'est finalement avec des Diablo Rosso II qu'ils ont eu le ressenti souhaité !
Avec 75% du couple disponible à 4'000 tours, la Rivale vous arrache du sol sans ménagement. elle adore d'ailleurs se cabrer légèrement pour jouer à saute-mouton. Cependant, le système ride-by-wire ne rend pas exactement la même progressivité qu'un câble. Si vous relâchez les gaz avant de les remettre, vous aurez un léger lag, comme s'il fallait faire remettre un turbo en pression. Mais ne vous trompez pas, si vous avez qu'une partie de la puissance disponible, ça peut aussi être le contrôle de traction qui a gardé la main !
Poignée soudée, le trois cylindres ne cessera de pousser sans jamais s'essouffler. Si vous avez prêté le serment de ne jamais passer de vitesse avant le rupteur vous finirez à chaque fois dans le décor. Intervenant à 13'000 tr/min au maximum, le rupteur n'aura pas eu beaucoup de travail avec moi. Déterminé et sur une très longue ligne droite, je ne l'ai touché qu'une fois...
Le quickshifter, lui, n'aide pas à rester raisonnable. Enquiller les rapports aussi vite a eu un effet étrange sur moi : chaque dépassement était l'occasion de le sentir à l'oeuvre. Le claquement court et précis de chaque vitesse qui passe donne envie de l'entendre encore une fois. J'espère ne pas être le seul à qui ça arrive!
Envie d'un aperçu du son de la bête ? Vous trouverez notre vidéo en suivant ce lien !
Pour arsouiller en Rivale, vous devrez adopter un pilotage orienté supermotard. Le déplacement du corps ne suffit pas à balancer la machine sur l'angle que ce soit en grande courbe ou en petit enchaînement rapide. Pour finir les bandes de peur, il faudra en ajouter (beaucoup) au guidon. Son ouverture, sa largeur et la position de conduite y invite énormément, et une fois habitué le train avant est d'une redoutable précision.
La MV Agusta Rivale est une inconditionnelle moto de balade. A moins de voyager léger, vous n'irez pas loin et sur piste l'ambiguïté qui règne entre le genou ou le pied à sortir n'est pas des plus agréables. Il y a aussi une belle paire de poignées pour le passager cachées dans les flancs. La selle biplace est bien moelleuse et taillée ergonomiquement. A vérifier sur une longue distance par une passagère !
En résumé, la Rivale est une moto intermédiaire entre une Brutale et une F3. Mais elle est aussi une moto intermédiaire entre la gamme sportive déjà existante et la gamme tourisme à venir (la Turismo Veloce est une des trois nouveautés prêtes à être commercialisées, mais la marque temporise les lancements).
Cette Rivale 800 est selon moi une réussite, mais elle ne s'adresse pas à un public très large. Délicate à prendre en main pour un débutant, assez haute sur ses roues et surtout réservée à un marché restreint.
Les kilomètres parourus sur sa selle ont été un pur bonheur. Les routes y sont certainement pour quelque chose, mais cette incroyable Italienne y a énormément contribué. La déferlante de couple qui fait se lever la moto sans aucun effort, le quickshifter qui vous pousse à passer toujours plus de rapport, le son d'un trois-cylindres très expressif (sans sifflement!), l'efficacité des freins et enfin le style exclusif que j'adore m'ont convaincu que la Rivale est une belle étape dans le nouveau départ de MV Agusta.
Bonus : Vidéo de l'essai MV Agusta Rivale 800
Monsieur Castiglioni était là pour nous accueillir, mes collègues journalistes et moi. Dans son costume impeccable, incarnant le stéréotype du directeur italien de son entreprise qui fait lui-même l'article de ses produits. Un large sourir aux lèvres, il dit à qui veut l'entendre que depuis le début de la séance d'essai des journalistes, il prend un plaisir fou à arpenter les routes alentours avec sa Rivale personnelle. Reconnaissable avec sa décoration camouflage ainsi que les jantes de F4RR chaussée en Supercorsa de 200 à l'arrière. Vous la verrez peut-être au salon EICMA, mais pour l'instant, il n'est pas question d'en faire une édition spéciale.