Les roadsters et autres cruisers restent donc des valeurs sûres et permettent aux différents constructeurs de proposer des machines débordantes de charisme... et surtout de couple !
Aujourd'hui, j'ai décidé de jeter mon dévolu sur deux étireuses de bras, la Ducati Diavel dans sa version Dark et la mythique Yamaha V-Max. Deux motos ayant le même objectif : vous éjecter sur la selle passager à chaque rotation de la poignée de droite !
Sortez de votre grotte, il est temps de découvrir deux monstres de puissance et de sensations !
A gauche, la Ducati Diavel, tout droit venue de Bologne en Italie. Un look ramassé, tel un bulldog campé sur ses pattes avant, le torse bombé et une fière allure ! Sa robe noire de cette version Dark renforce encore plus le côté bad boy de la bête.
Côté performances et fiche technique, la moto offre un bicylindre en L de 1198cc développant 162cv et 12,7Nm de couple dès 8'000tr/min. Vous associez à cela un châssis treillis, une tradition chez Ducati, des suspensions et un système de freinage hérités directement des modèles les plus sportifs de la marque, le tout assisté des dernières technologies en matière d'électronique embarquée. La couleur est annoncée ! Le poids de la machine reste tout à fait honorable au vu du gabarit (239kg tous pleins faits).
Pour passer correctement la puissance au sol, la moto dispose également d'un DTC (Ducati Traction Control), mais surtout d'un pneu arrière ultra large (240/45 ZR17).
Le tour de l'Italienne étant fait dans les grandes lignes (notre essai de la Ducati Diavel Dark), passons à la la légende urbaine, la V-Max.
Pour les novices, la Yamaha V-Max ne date pas d'hier puisqu'elle est apparue au grand jour en 1984 à Las Vegas. A cette époque lointaine, ce premier opus fut équipé d'un moteur de 1200cc développant 145cv ! Pour l'époque, elle s'apparentait à un dragster.
Aujourd'hui, cette époque est révolue et la puissance de la V-Max est sublimée ! Un monstre, dit-on !
Le bouilleur passe donc à 1700cc et développe 16,6Nm à 6'500tr/min. Les chevaux se sont reproduits au fil des années et ce ne sont pas moins de 200 têtes de purs-sangs qui se chamaillent dans le V4. Autant de puissance sans aucune aide électronique, est-ce bien raisonnable ?
Si la puissance a fortement augmenté, le poids de la moto, malgré la légèreté des matériaux modernes, a lui aussi pris l'ascenceur en passant de 258kg en 1984 à 310kg en 2013 !
Du côté du gabarit, il n'y a pas besoin d'être un spécialiste pour remarquer que la Japonaise est bien plus longue que sa consoeur transalpine. 2395mm pour la V-Max contre 2235mm pour la Diavel.
Si une longueur accrue peut s'avérer être un avantage en ligne droite, cela risque d'être tout à l'opposé lors des sorties sur routes sinueuses. La maniabilité de la V-Max serait en retrait par rapport à la Diavel !
Il me tarde donc de pouvoir confronter les deux monstres sur des routes tortueuses. Car si la ligne droite est jouissive pour les accélérations, les virolos sont beaucoup plus excitants !
Dès les premiers kilomètres, la Yamaha V-Max révèle un caractère bien trempé, celui d'une fumeuse de bitume, qui, à la moindre rotation de la poignée de droite, ne demande qu'à envoyer du lourd.
Seul petit souci, si la puissance est bien présente, la capacité à la faire passer au sol se révèle moins efficace que je le pensais. Et, force est de constater que le pneu arrière en 200/50 ZR18 a bien du mal à digérer le débordement de couple ! J'avoue que la tentation du burn est très présente !
Vous n'avez rien vu ! Nous non plus ! Et il en va de même pour l'importateur ! Et finalement, quelle idée de mettre un pareil engin entre nos mains ?!
Le pneu étant bien chaud, mon collègue du jour, ZED pour les intimes, et moi nous sommes amusés à faire quelques départs arrêtés afin de savoir qui avait la plus grosse !
L'exercice est sans suspense car la V-Max s'est montrée la plus rapide dès le premier run, le tout dans une ambiance sonore spécifique, bien rauque et virile. Quoi de plus logique vu la différence de canassons et de couple en plus ! Seulement, par gagner ce duel sans pitié, un bon dosage des gaz est nécessaire si vous ne voulez pas terminer dans le décor... tant le gommard arrière souffre de cette débauche de couple et de puissance.
La Ducati s'en sort toutefois très bien et tient l'accélération de la tonitruante V-Max. L'Italienne permet de balancer la sauce sans arrière pensée, du fait qu'elle est équipée d'un contrôle de traction permettant de ne penser qu'à une chose : se défouler sur la poignée des gaz ! Un réel avantage si la chaussée est humide, là où la V-Max restera scotchée sur place...
Si lâcher les chevaux en ligne droite relève plus d'une simple formalité qu'un vrai exercice en soit, le passage en courbe et l'arsouille dans les virolos est une autre histoire. D'ailleurs, si je scrute mes rétroviseurs, quelques fous du guidon se rapprochent... il y aura de quoi arsouiller !
Deux motos avec autant de chevaux, tant de poids et des pneus si larges, peuvent-elles faire des miracles dans un col ?
Eh bien franchement, il y a de quoi se faire plaisir ! Les deux muscle-bikes en offrent pour leur argent. Les accélérations de nos deux modèles lors des relances sont très proches. Ceci dit, la Yamaha mène le bal et sort devant, grâce à son moteur gavé de couple !
Au moment de mettre le couteau entre les dents lors d'un virage serré, la Ducati fonce sur la V-Max avec une aisance impressionnante. Si la Yamaha accélère fort, le freinage n'est pas en adéquation pour une utilisation vraiment sportive. La Ducati sort son épingle du jeu avec un freinage sans défaut ; un simple effleurement du levier de frein vous collera au réservoir. En alternant les deux motos, la différence est vraiment frappante.
Les courbes s'enchaînent. La Ducati révèle un tout autre visage et exprime ses origines sportives en offrant une garde au sol et une agilitée plus marquées que le vaisseau amiral japonais. Les virages se négocie avec aisance, mais surtout avec efficacité. L'Italienne met en confiance ! Le pneu de 240mm ne semble plus être présent tant la moto devient facile.
Ce n'est pas pour autant que la V-Max est déméritante, bien au contraire, elle permet également de se faire plaisir malgré son poids bien plus conséquent. La moto prend de l'angle facilement, mais les repose-pieds vous rappellent qu'elle est avant tout conçu pour le cruising sportif. D'ailleurs, la large et moelleuse selle qui s'avère très utile lors de franches accélérations rend quelque peu difficile le déhanchement nécessaire au posage du genou. Quoique, avec de longs fémurs, on y parvient !
A la sortie du virage, gare à la remise des gaz trop prononcée sur la V-Max ! Faute de quoi, vous laisserez dans le meilleur des cas une bonne dizaine de mettre de gomme sur l'asphalte (même sur le troisième rapport !) ou alors, une ruade digne des meilleurs rodéos texans !
Avec une certaine maîtrise, l'exercice devient amusant. Cependant, à ce rythme, vous risquez de devenir le meilleur ami de votre marchand de pneus.
Vous l'aurez certainement compris, l'Italienne révèle un caractère plus joueur, mais plus aseptisé que la V-Max. Cette dernière fait dans le brut de fonderie avec une esthétique et un caractère plus tempé qui rappelle la philosophie unique du premier modèle.
Du côté des performances, l'Italienne prendra l'avantage (à pilote égal) lors des virées sur route de montagne alors que la V-Max se démarquera sur les tronçons de route présentant de belles et longues courbes grâce à son moteur d'exception. Tout est affaire de compromis.
Ces deux motos s'attireront sans aucun doute les faveurs des fans de belles mécaniques et de motos à fort caractère. Pas ou peu de compromis, tout est dans la gueule. Trapue ou massive ! Impossible de rester insensible devant de tels muscle-bikes. Si je peux vous donner un conseil, passez dans les concessions Ducati et Yamaha et faites votre propre essai ! Pour ma part, je partirais sur la Yamaha pour son moteur et son histoire qui en font une moto magique. La raison me pousserait vers la Ducati car plus facilement exploitable de nos jours.