Pour ce comparo, j'ai choisi de confronter la dernière génération de Yamaha R1, en version spéciale 50th Anniversary, à la version APRC de l'Aprilia RSV-4 et son électronique de pointe. Puissance quasi-similaire, mais gabarits totalement opposés! Quoiqu'il en soit, les deux modèles annoncent du lourd pour ce comparo. Faute d'avoir pu me rendre sur l'Anneau du Rhin pour tester l'entier de la gamme (voir l'essai de Jimmy et Charles), je pars donc sur un avis totalement neutre sur cette R1 2012. La RSV-4 m'avait déjà enchanté lors de sa sortie en 2010 et je me réjouis de voir ce que donne cette version APRC.
Niveau esthétique, la Yamaha R1 50th en jette! On n'aime ou pas, de mon côté je suis fan. Outre le coloris, la plaque numérotée ou le té de fourche façon M1 de MotoGP, rien ne différencie ce modèle des autres R1. La face avant est reconnaissable entre mille et permet d'identifier immédiatement la moto de la firme aux diapasons. De son côté, l'Italienne affiche un avant très contenu et agressif, avec une bulle qui ne semble être là que pour faire acte de présence.
A l'arrière, la Yamaha reste imposante avec ces deux silencieux sous la selle et malgré une coque arrière qui s'est tout de même affinée avec les années. Je regrette l'appendice servant de porte plaque et clignotants. La RSV4 dispose d'un arrière digne d'un string... pardon, d'une vraie Superbike, qui en promet long pour les voyages en duo. Mesdames, si vous avez votre mot à dire, pensez à bien essayer les motos de vos chers et tendres.
De gabarit visuellement contenu, la RSV-4 offre une hauteur de selle supérieure à la R1 (845mm pour l'Italienne contre 835mm sur la Yam'). Qui l'eût cru en mettant les deux motos côte-à-côte! Une fois monté sur l'une et l'autre, la Yamaha R1 me rappelle fortement la position de conduite de ma GSX-R 1000, plutôt relax et droite avec de la place pour mes grandes jambes. A l'inverse, l'italienne annonce la couleur et offre une position ramassée, avec un maximum de basculement sur l'avant et des jambes en mode attaque. Les longs trajets devraient donc être plus agréables sur la Jap'...
Au final, les grands gabarits auront l'impression d'être un Jockey au guidon de la RSV4, alors qu'ils pourront prendre leurs aises sur la R1. Lorsqu'on vous dit que tout est une question de taille... hein Jimmy! (Gna gna gna... Note de Jimmy)
Une Japonaise façe à une italienne, forcément les avis divergeront et les coeurs balanceront pour l'un ou l'autre de nos modèles d'essai. Du côté des bouilleurs et en termes de chiffres sur le papier, c'est quasiment l'égalité parfaite. De chaque côté, nous retrouvons un 4 cylindres fort de 182cv à 12'500trmin proposant un couple casiment identique. Alors certes, ce ne sont pas les moteurs qui délivrent le maximum de puissance dans la catégorie des hypersportives, mais est-ce vraiment le plus important? Afin d'assurer le passage au sol de cette cavalerie, nos deux motos font dans le semblable avec 3 cartographies disponible (Track, Sport/Standard, Rain) et un contrôle de traction réglable sur 8 positions pour l'Italienne et 6 pour la Japonaise.
Avant nos retrouvailles, Jimmy ne tarissait pas d'éloges sur le bloc de la transalpine: "Tu verras, elle arrache tout, c'est la meilleure!"... Dans ma tête et après avoir pu rouler la R1 sur plus de 400 kilomètres, je lui répondais un "Oui, oui..." très narquois. Bon eh bien, c'est pas tout Jimmy, on va aller dégourdir les bielles de nos machines afin d'évaluer et comparer leur potentiel! Une pichenette sur le démarreur et notre cavalerie s'ébroue! La sonorité de la R1 se fait presque oublier aux côtés de la RSV4, alors que seule, elle propose une sonorité propre à son système Cross Plane qui nous laisse nous prendre quelques minutes pour Jorge Lorezo... quoiqu'avec nos niveaux actuels, nous devrions plutôt nous comparer à Ben Spies... (Alors ça c'est méchant... même si t'as le même style et que je suis plus proche de Lorenzo... CQFD! Note de Jimmy). Bref, la RSV4 offre une sonorité bien plus marquée, ce qui flattera les oreilles des non-initiés. Mais bon, la sonorité ne fait pas tout, faut-il encore que le moteur arrive à la hauteur de sa mélodie.
Une fois partis à l'assaut de jolies routes sinueuses, nous haussons le rythme (toujours dans les limites légales, bien entendu...) et surprise, la RSV4 ne se montre pas aussi performante que la R1 dans les bas et mi-régimes, alors qu'elle donnait l'impression de tracter comme un boeuf!
Le test de reprise en partant sous les 3'000tours/minute profite à la R1, qui offre une plage d'utilisation plus importante pour le quotidien. Passé les 8'000tours/minute, nos deux modèles offrent un coffre et une allonge qui les remettent à un même niveau de performance. 1ère, 2e, 3e, oups! On va un peut vite là, non? Patrick, notre éminent photographe, nous rejoindra un peu plus tard et nous interrogera sur notre vitesse... Nous resteront stoïques et répondrons d'une même voix que nous regardons toujours la route et non le compteur. Si La RSV4 manque (légèrement) de coffre face à la R1, elle pourra néanmoins se targuer d'avoir un plus non négligeable... un shifter qui, associé à sa boîte hyper-douce, vous laissera croire que vous êtes à bord d'une machine de Superbike (le tout au-dessus de 6'000 tours, pour revenir comme une balle sur les copains! Note de Jimmy)
Les premiers virages font leurs apparition, nos pneumatiques respectifs arrivent en température (Metzeler M5 pour la R1 et Michelin Power One pour la RSV4), nous pouvons donc nous en donner à coeur-joie! Il est temps de voir si les deux parties cycles sont à la hauteur de nos espérances. La RSV4 offre une position plus contenue, je me sens donc un peu à l'étroit du haut de mes 188cm, alors que Jimmy et son minable mètre septante-cinq trouvera la position idéale. Un échange de montures me confirmera que la R1 est plus adaptée à mon profil. Lorsque je vous dis que tout est une question de taille... Mouaaaaah!
Je prend la tête avec la R1, alors qu'un long virage nous attend. La vitesse de passage en courbe est assez élevée, la moto reste imperturbable et offre une excellente stabilité dans ces conditions. La remise des gaz se fait en grand, le tout agréablement assisté par le TCS qui ne se fait pas sentir. La RSV4 ne démérite pas et enchaîne le rythme avec quelques mouvement de châssis qui n'étaient pas survenus avant cette journée, selon Jimmy. Un regard sur les pneus plus tard, nous constatons que les Power One sont à la limite légale... Après une grosse journée de roulage la veille, Jimmy avait noté une baisse des performances et du feeling de l'avant. Une baisse qui s'est confirmée durant notre comparatif.
Dommage, monsieur l'importateur, de ne pas avoir changé les pneus de l'Aprilia... Bon, ça va pour aujourd'hui, mais la prochaine fois, c'est burn jusqu'à la toile! (Du coup, je suis dans le flou... cf. photo ci-dessous! Note de Jimmy)
Les virages n'en finissent plus et commencent à se resserrer. Les freinages deviennent de plus en plus nombreux et puissants, et force est de constater que celui de la RSV4 offre un maximum de mordant tout en conservant un feeling dosable aisément. Le freinage de la Yamaha, un cran en-dessous, reste une référence dans la catégorie en offrant une constance et une puissance sans faille, seul le ressenti à la poignée peut dérouter en passant d'une machine à l'autre.
Nous continuons donc nos enchainements de virolos, la RSV4 reprend la main dans les virages serrés en offrant une maniabilité digne d'un vélo de course, le train avant est un exemple de précision, la Yamaha pourra suivre le rythme, à condition d'user d'un pilotage engagé. Si la RSV4 s'en sort haut la main dans le sinueux, il faudra savoir la manier pour aller vite. Eh oui, l'italienne est plus exigeante envers son pilote (Pas pour les lopettes, quoi! Note de Jimmy). La Yamaha garde un rôle de garde fou et est très rassurante en tout temps: un véritable plus pour les pilotes raisonnables ou les nouveaux-venus dans le monde des supersports. A savoir que les réglages de suspension sont restés strictement d'origine, en affinant ces derniers, il est encore possible d'améliorer le comportement de nos deux montures. Toutefois, il faut garder à l'esprit que si l'on sait pas, on touche pas...
Mon coeur balance entre les deux et il est difficile de choisir l'une ou l'autre. D'un point de vue purement personnel et étant adepte des sushis, la R1 me conviendrait mieux. Gabarit, partie-cycle et moteur, conviennent à mon style de pilotage et elle pardonne quelques erreurs. La RSV4 s'en sort fort bien, mais n'est pas pour moi, alors qu'elle convient parfaitement au pilotage incisif et au gabarit de Jimmy (Arrête, je vais rougir!). Toutefois, il faudra avoir un style de pilotage coulé pour pouvoir tirer toute la quintessence de cette superbe machine. Le choix est des plus cornéliens, ce qui peut me convenir ne conviendra pas forcément aux autres et vice et versa. Quoi qu'il en soit en choisissant l'une ou l'autre, vous aurez la banane et prendrez un pied fou, que ce soit sur route ou sur piste. Comme je le répète après chaque comparo, le mieux est de vous rendre en concession afin de vour faire votre propre opinion et surtout ne pas vous tromper au moment de lacher quelques milliers de francs.