Enumérons ces modifications : profil des arbres à cames plus assoupli, taux de compression ramené de 12.7:1 à 11.5:1 et un volant-moteur alourdi de 40% par rapport à celui de la R1. De plus, les deux derniers rapports de boîte ont été raccourcis ; en effet, il est physiquement difficile de taper les 300km/h avec un roadster dénué de toute protection.
Le meilleur de la technologie de la Yamaha R1 embarqué dans le roadster FZ1 : des pistons forgés, des cylindres sans chemise, un bloc très compact, une injection type R1 à double papillon et une motricité améliorée de 7% par rapport à sa génitrice.
Au sujet de la partie-cycle, le cadre et le bras oscillant sont réalisés en alu coulé sous pression. La structure périmétrique est, quant à elle, plus étroite de 89 mm et plus légère de 52% ; ainsi, elle offre une excellente rigidité près de la colonne de direction et de l'axe de pivot du bras oscillant et une souplesse à d'autres endroits précis. Ces particularités apportent un meilleur feeling au pilote et un comportement dynamique sain et précis.
Sur le plan de la maniabilité, tout prête à penser que cette FZ1 se veut très véloce : un poids à sec de 194kg (poids avec fluides et carburant, 221kg), un empattement court de 1'460mm et un angle de chasse de 25° (un de plus que la R1). Les arsouilleurs avertis auront de quoi prendre de l'angle.
Je ne demande qu'à vérifier ! Avant tout, passons plutôt à l'allure esthétique de notre athlète.
La version de test arbore une magnifique livrée graphite et noire. Ce FZ1 à selle rouge framboise et campé sur de superbes jantes de couleur bronze se veut discret. Discret, certes, mais agressif, le FZ1 cache bien son jeu. Ses lignes épurées, son design simpliste, l'absence totale de carénage (juste un sabot-moteur), un seul pot d'échappement, un phare en forme de bouclier, le FZ1 paraît a priori sur la défensive. En y regardant de plus près, on remarque clairement quelles sont les intentions de ce roadster.
La paire de gros freins avant de 320mm de diamètre, la zone rouge du compte-tours qui débute à 12'000tr/min, un pneu arrière de 190mm de section, une fiche technique annonçant 150cv à 11'000tr/min et 106Nm à 8'000tr/min, un silencieux d'échappement court, autant d'éléments qui trahissent son apparence.
Je chevauche le roadster. Mon mètre septante-cinq ne me permet pas de poser l'entier de ma plante des pieds sur le sol. De plus, les reposes-pieds étant placés bien en avant gênent lors des marches arrière et manoeuvres dans les parkings. Pas évident ! Par contre, le poids-plume du FZ1 est un réel avantage à basse vitesse.
La position de conduite ne donne guère l'impression de siéger sur un roadster sportif. En effet, bien que mes jambes soient repliées, mes pieds sont trop en avant. Mon dos est presque droit et je ne suis pas du tout en appui sur les poignets. C'est une sentation étonnante ; ceci dit, la maniabilité à basse vitesse est sans aucun doute améliorée !
La tableau de bord est très lisible. On y trouve les trips journaliers et total, l'heure, la température du liquide de refroidissement, le niveau d'essence ainsi que la vitesse ; tout cela sur un écran digital. Le compte-tours, lui, se contente d'une simple aiguille (de couleur rouge, il paraît qu'elle se déplace plus vite !).
Les commodos et les leviers d'embrayage et de frein avant tombent idéalement sous les doigts ; il n'y a pas de risque de se tromper entre le klaxon et l'indicateur de changement de direction. Les premiers kilomètres se font sans ce stress que l'on subit parfois en chevauchant une nouvelle monture. La mécanique monte gentiment en température ; un indicateur sur le tableau de bord m'indique numériquement la température du liquide de refroidissement, appréciable ! Les pneus, des Pirelli Corsa III, si on ne les aide pas un peu, peinent à atteindre la température idéale ; avec les timides 10°C de la saison, ça ne m'étonne guère.
Le freinage est très sensible et offre une grande puissance à la moindre sollicitation du levier de frein avant. L'amortissement de la fourche est ferme ; elle offre précision et confort, le compromis idéal.
Le temps est à l'orage. Rentrons, vite, avant que la foudre m'atteigne !
Si vous lisez cet article, c'est que les forces de la nature n'ont pas atteint ma monture. Le FZ1 fait fi des lois physiques. Le premier rapport est aussi long qu'un hiver sibérien, le compteur affichait 140km/h au passage du rapport suivant. Le deuxième rapport, lui, tire à 165km/h et le troisième vous propulse au-delà de 200km/h ; tout cela dans un temps digne d'une supersportive. Mouah, est-ce bien raisonnable pour un roadster ?!
La poignée de gaz en butée, sur le bon rapport, le FZ1 envoie du lourd, du très lourd. La boîte est idéalement étagée et accordée avec le caractère du moteur. A l'accélération, je retrouve des sensations un poil policées et des performances de très haut niveau. La moindre rotation de la poignée des gaz m'entraîne à des vitesses inavouables.
La cartographie moteur présente trois phases d'utilisation :
- la première, du ralenti à 3'000tr/min : utilisation économique et traversée de localités sur un filet de gaz sur le dernier rapport.
- la deuxième, de 3'000 à 7'500tr/min : beaucoup de couple pour la balade énergique, sans recherche de chronos, idéal pour les trajets à deux. L'échappement rend une excellente mélodie.
- la troisième, au-delà de 7'500tr/min : tout y est, le couple, la puissance et le bruit à l'échappement.
Le moteur du FZ1 est un régal à l'utilisation. Il est d'une polyvalence spectaculaire. Doux, coupleux et sans à-coups dès les plus bas régimes, vif et violent plus on se rapproche de la zone rouge ; il est bon partout !
L'échappement d'origine a été agréablement travaillé pour offrir un rendu sonore très flatteur sur toutes les plages de régimes. En-dessous de 4'000tr/min, le bruit est sourd et rauque ; entre 4'000 et 7'000tr/min, une sonorité métallique vient se marier au bruit déjà sourd ; au-delà, le moteur hurle dans des tonalités aiguës. Le volume sonore, lui, augmente crescendo dès le ralenti pour ensuite se stabiliser de 7'000tr/min au rupteur. Un silencieux aftermarket n'améliorera sans doute guère le bruit jusqu'à 7'000tr/min ; par contre, au-delà, il libérera la puissance sonore. En ce qui me concerne, l'échappement d'origine est très bien étudié pour une utilisation quotidienne du véhicule.
Ce n'est pas le tout d'accélérer fort, faut-il encore pouvoir freiner ! Le FZ1 se moque de cette citation. A l'approche des virages, relâcher les gaz ne suffit pas à freiner la machine. Le frein-moteur est présent, certes, mais pas aussi efficace que celui d'un bicylindre, évidemment. Le freinage est redoutable d'efficacité. Il suffit d'effleurer le frein avant pour se rendre compte de la puissance de freinage ; les plaquettes mordent férocement les disques sans se faire prier. La fourche s'écrase à peine, le freinage est d'une excellente précision. Seule la position de conduite me dérange ; à mon goût, je ne suis pas suffisamment incliné vers l'avant et appuyé sur les poignets. Le frein arrière combiné aux freins avant, nous découvrons un duo de choc !
Le passage en virage se fait naturellement. La moto s'inscrit avec précision puis poursuit sur la trajectoire souhaitée. Seul l'amortisseur arrière viendra parfois perturber ce parfait équilibre. En effet, en appui, la suspension arrière pompait quelque peu. Mes 70kg ne sont sans doute pas insurmontables pour l'amortisseur. Il a fallu régler l'amortisseur en conséquence. Le nouveau réglage me convenait parfaitement ; seulement, c'est en emmenant mon sac de sable que ce réglage faisait à nouveau défaut. Jusqu'à présent, c'est bien le seul point noir constaté.
A la remise des gaz, en sortie de virage, l'arrière s'écrase pour délester l'avant. Sur les trois premiers rapports, le grip sur l'avant se réduit quasiment à néant. C'est avec doigté qu'il faut dompter ce roadster effarouché !
Sur des tracés comportant de nombreux virages, le FZ1 offre de remarquables performances. Son agilité et son moteur font un mariage redoutable, à l'image de Bonnie et Clyde. Avec un FZ1, on va vite, très vite... et surtout trop vite, sur routes ouvertes. Couteau entre les dents, mains agrippées aux poignées, fesses câlées au fond de la selle confortable et au design sportif, les pieds suivent le reste.
Il est évident qu'un roadster qui n'offre comme protection au vent qu'un phare aérodynamique ne sera pas à son aise sur autoroute. Comme tout roadster dépourvu de protection, cruiser sur autoroute n'est pas ce qu'il y a de plus agréable. Puisque nous y sommes, saluons à nouveau le parfait étagement de boîte ! En effet, le sixième rapport permet à 4'700tr/min de se déplacer à la vitesse légale autorisée. La consommation s'en fait sentir, l'autoroute est ainsi moins l'objet d'appréhensions.
Avec un FZ1, vous passerez inaperçu. Ce n'est pas nécessairement une moto qui attire l'attention. Les couleurs proposées au catalogue ne sont pas spécialement voyantes (mis à part le jaune). Cependant, les passionnés sauront reconnaître le roadster Yamaha au gros bouilleur. Ceci dit, l'oeil non-initié aura grande peine à différencier le FZ1 de ses petites soeurs FZ8 et FZ6 ; la lignée de la gamme FZ de Yamaha est bien issue du même coup de crayon. J'aime particulièrement l'idée de passer inaperçu en ayant une arme de guerre !
Ma passagère a particulièrement apprécié les balades sur ce roadster, étonnament. La selle passager a relativement moelleuse par rapport à celle des roadsters concurrents. Une balade dominicale de plusieurs dizaines de kilomètres est envisageable sans crainte de disputes conjugales. Le FZ1 n'offre malheureusement pas de poignées latérales.
Le FZ1 m'a surpris par sa polyvalence : doux comme un agneau pour la balade à deux et virulent telle une supersport au-delà de 7'000tr/min. Un moteur d'exception, un boîte de vitesse au parfait étagement, une partie-cycle offrant une précision extrême, le FZ1 offre des prestations au-delà de toutes attentes. Il est un concentré de technologie non pas domptable, mais, exploitable au quotidien. De plus, son prix se situe (qu')à la hauteur de la concurrence !