Genève - Rémy Pagani freine l'arrivée des motos sur les voies de bus - La bisbille politique commence

Une réforme peut-elle se noyer dans un pot de peinture? La question se pose au sujet d’un projet de Luc Barthassat. Le conseiller d’Etat veut autoriser, à titre d’essai, les motos et les scooters à rouler sur certaines voies de bus. Mais une résistance inédite vient contrecarrer ses plans. En Ville, Rémy Pagani refuse de donner le coup de peinture nécessaire.

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Rémy Pagani : 

«J’ai reçu une lettre du département de Luc Barthassat qui m’enjoint de peindre des pictogrammes de moto sur la route de Ferney, indique le conseiller administratif de la Ville. Mais, sans un avis de droit, il est exclu que je prenne cette responsabilité.»

La route de Ferney est l’un des six tronçons où un test sera mis en place. Seulement voilà, en ville de Genève, c’est la Commune qui a la haute main sur les chaussées. «D’après le courrier que nous avons reçu, nous devons poser 16 pictogrammes sur le tronçon retenu pour le test», explique son directeur de l’aménagement, Claude-Alain Macherel.

Mais quel pictogramme?

«Je ne sais pas si cette mesure est légale, explique Rémy Pagani. Si un accident se produit, je ne veux pas que la Ville soit tenue pour responsable.» Le magistrat a donc réclamé un avis juridique.

Le département de Luc Barthassat, lui, est sûr de son bon droit. Ce que nous confirme l’Office fédéral des routes. «Le Canton est autonome et responsable sur cette question», déclare son porte-parole, Guido Bielmann.

L’affaire semble donc réglée, mais Rémy Pagani n’en reste pas là. Ses services vont aussi demander à Berne quel pictogramme poser. Car, à leur connaissance, il n’en existe pas. Et il est vrai que l’ordonnance sur la circulation routière ne prévoit aucun logo pour représenter au sol les motos. Mais il est tout aussi vrai que le pictogramme des taxis n’y figure pas non plus, bien qu’il existe dans la réalité… Il faut croire que la créativité est permise.

Tout cela, peinture et pictogramme, ressemble à un prétexte. Car Rémy Pagani, qui roule à vélo, conteste la mesure de Luc Barthassat, qui aime tant les grosses motos. «Sa politique va à contre-courant de l’évolution des mentalités. En ville, la majorité des déplacements se fait désormais à pied. On ferait mieux d’accompagner ce mouvement plutôt que de prendre des mesures qui vont ralentir les bus et causer des accidents.»

Carouge regimbe aussi

Dans les autres communes, le Canton a les coudées franches sur les routes cantonales. Mais s’il piétine le domaine communal, ça se gâte. C’est ce qu’il fait en partie à Carouge, sur un tronçon de la route des Jeunes. «L’Etat nous a demandé de peindre des pictogrammes, relate Nicolas Walder, conseiller administratif de Carouge et président du parti des Verts. Il n’est pas question que la commune débourse un centime pour cela.»

Le Canton souhaite entamer son test en juin. Reste à savoir si la rébellion picturalo-pictogrammique fera capoter le projet.

Les six tronçons test Le pont du Mont-Blanc, la rte des Jeunes et la Voie centrale, la rte de Drize, la rte de Ferney (de l’autoroute à la place Carantec et de la rte de Morillons au ch. du Petit-Saconnex).