
Cela fait plus de dix ans que la marque au Bibendum n’avait pas fait évoluer ses pneus cross. Tout du moins pour monsieur tout le monde, car en compétition l’évolution est constante. Et c’est précisément de là qu’est né le nouveau StarCross 5 : de la compétition.
Après un peu plus de quatre années de développement, le nouveau pneu cross de Michelin arrive donc dans quatre configurations différentes, à savoir Hard, Medium, Soft et Sand.
Michelin est donc parti du pneumatique utilisé en compétition pour en faire un pneu accessible à tous. Et le travail a commencé sur la carcasse. Anciennement, la carcasse du pneu français était composée de trois "nappes". Dorénavant, seules deux strates sont présentes et les incidences sur ce nouveau boudin sont multiples.
Un autre changement entraîné par cette nouvelle carcasse, c’est la pression. Michelin est formel. Il faut mettre entre 1 et 1,2 bars ! Ca paraît énorme ! Et qu’est ce qui se passe si on descend en deçà des prescriptions ? En roulant avec une pression en dessous de 1 bar, le risque est de fusiller son pneu. Les tétines risquent de se détériorer rapidement et le pneu ne travaillera pas de manière optimale. Sans parler des risques de dégâts au niveau des chambres à air ou des BIB-MOUSSES.
Une plus grande pression dans le pneu implique forcément qu’il y a plus de place à l’intérieur. La chambre à air (ou la mousse) sera donc d’avantage préservée qu’avec une utilisation à basse pression.
Un autre avantage découlant de cette carcasse inédite, c’est le poids. Alors certes, il faut être honnête. Je n’ai pas le niveau requis pour ressentir une amélioration due à l’amaigrissement des pneus, mais si on regarde un peu plus loin, les teams officiels dépensent des milles et des cents afin de gagner du poids sur leurs machines. Alors quand c’est le produit de base qui est plus léger de 8 à 10%, c’est quand même une amélioration à soulever !
Mais le travail des nouvelles gommes ne se limite pas à la nouvelle carcasse. C’est également au niveau des sculptures que l’on peut voir du nouveau. En fonction de la dureté du pneu choisi, on aura un profil différent. Normal me direz-vous. Toutefois, on peut voir un réel travail technique effectué sur la surface des crampons. Par exemple, sur les gommes avant, des stries ont été faites dans le sens du roulage afin d’améliorer le guidage du pneu. Pour ce qui est de l’arrière, les stries sont cette fois perpendiculaires au sens du roulage afin d’améliorer encore un peu la traction.
Au niveau des pneus Soft, des petites ailettes sont placées en divers endroits afin de « casser » les blocs de terres qui s’accumuleraient entre les tétines. A la première compression, c’est tout le bloc de terre qui s’en retrouve projeté. Le pneu garde ainsi un maximum de surface nette afin d’améliorer le grip et la traction. C’est l’effet autonettoyant recherché par les ingénieurs clermontois.
Petit détail stylistique, outre le M de Michelin qui apparaît régulièrement sur le pneu, le manufacturier a "tracé" une barre sur les tétines des pneus Médium, deux barres pour les Soft, trois barres pour les Sand. Les pneus Hard sont, eux, sans aucune marque apparente.
D’une manière générale, le StarCross 5 vise une polyvalence supérieure à ce qui se faisait auparavant. Et ces améliorations permettent en effet une utilisation sur une plus grande plage de terrains, pour une gamme de pneus. On prendra pour exemple le pneumatique Medium qui peut aussi bien être utilisé sur un terrain compact, que sur des cailloux ou dans la terre. Mais sa plage de compétence s’étend également sur des terrains herbeux et même dans de la boue, à condition qu’elle ne soit pas trop «liquide».
Lors de cette présentation, un aparté a été fait sur l’utilisation des BIB-MOUSSE, qui restent un choix avantageux pour exclure tout risque de crevaison par pincement de la chambre à air. Il est important de penser à vérifier l’état de sa mousse car cette dernière a une date de péremption. De plus, il ne faut pas oublier qu’elle se tassera plus ou moins vite en fonction de l’utilisation que l’on en fait.
Après cette présentation, il m’a été possible de parler avec Sébastien Guilhem, ingénieur chez Michelin en charge du secteur off-road. Je profite pour vous faire un retour de notre échange :
Je suis arrivé en 2010. Mon prédécesseur travaillait déjà sur ce qui est aujourd’hui le StarCross 5, mais dans son aspect "compétition". Il m’a alors été demandé de continuer le travail pour en faire ce qu’il est devenu, mais du très bon travail avait déjà été fait !
Oula, si l’on prend en compte le développement depuis le début, ça a commencé en 2008 avec le pneu produit pour la compétition. Maintenant, moi je suis en charge de ce dossier depuis 2011.
Le pneu off-road, c’est pas un pneu facile à développer. Il faut beaucoup de tests et même comme ça, c’est pas simple. Le terrain évolue d’un tour à l’autre et il est difficile pour un pilote de donner un retour objectif. Et malgré les technologies, on n’arrive pas encore à reproduire les conditions off-road de manière numérique, donc il faut tester.
Mais comme je l’ai déjà dit, on avait déjà l’expérience de la compétition pour la base du StarCross et c’était un point important.
Cette nouvelle carcasse est vraiment bien. Elle permet de rouler avec des pressions plus grandes que par le passé, ce qui amène un comportement général plus sain. La souplesse apportée par cette carcasse augmente la surface de contact avec le sol, donc il y a plus de grip et plus de traction. Après, il y a d’autres évolutions, comme par exemple, sur le pneu soft le système autonettoyant grâce aux ailettes.
Ca dépend, c’est clair que si tu t’engages en course, tu peux pas te permettre de risquer une crevaison au bout de quelques tours. Là, il faut mettre une mousse, c’est clair ! Maintenant, la mousse est aussi plus contraignante à mettre en place qu’une chambre à air. Si tu roules pour le plaisir, rien ne t’empêche de mettre une chambre à air. Les pilotes utilisent en général des chambres à air pour les entraînements, ça coûte moins cher que les BIB-MOUSSE et à leur niveau, une mousse, en deux courses, elle est rincée !
Bien-sûr ! Un BIB-MOUSSE, c’est en gros plein de composant qui font normalement une chambre à air. Au milieu de toute ce plastique, il y a des bulles d’air. Lorsqu’il est fabriqué, on met autour de la mousse un espèce de film protecteur, ce qui permet d’éviter à l’air de s’échapper. C’est pour ça qu’on peut conserver un BIB-MOUSSE dans son carton jusqu’à 18 mois. Une fois installé, il fera le lien entre la jante et le pneu. Il est tout le temps écrasé et maltraité. L’avantage, c’est que tu peux pas crever avec ça ! Par contre, à chaque saut, il perd un peu de ces fameuses bulles d’air. C’est comme ça à chaque fois que le pneu est mis en contrainte. Du coup, au bout d’un moment, c’est plus qu’un tube de plastique qui n’amortit plus rien. C’est le moment de le changer. Alors peut être que pour un gars comme toi, il durera 6 mois, en fonction de ton niveau et du nombre de fois que tu roules, mais pour certains pilotes qui ont du niveau, il fait deux courses…