Alors que certains ont déjà commencé à plier leur tente à 07h00, moi, comme à l’armée, je suis à la traîne et je prends le petit-déjeuner et plie ma tente au dernier moment. Aujourd’hui, je pars avec Michel, un motard belge que j’ai rencontré hier. Comme il est encore plus à la bourre que moi, on se retrouve quasiment à partir en dernier. En plus, je n’avais pas fait le plein hier soir en arrivant. Du coup, on doit commencer par chercher une station...
La météo s’annonce meilleure et donc on repart pour l’itinéraire "extrême", pas d’excuses ! Les chemins s’enchaînent, tantôt dans des forêts, mais surtout entre les champs, des chemins d’herbe, de terre ou de gravier et bien entendu, des ornières, dont certaines nous réservent quelques bonnes sections boueuses bien casse-cou(illes). On est très loin de la France touristique que tout le monde connaît. Ici, entre les champs et les fermes, ces petits patelins n’ont souvent même pas de station-service ni de magasins. De nombreux villages possèdent des monuments en hommage aux soldats morts pendant les première et deuxième Guerres mondiales, chose que je n’avais encore jamais vu en France...
Michel, qui compte plus d’un million de kilomètres à son actif, roule bien et c’est non sans mal que je suis son rythme. Heureusement, il m’attend et, aussi, de temps en temps, il tombe, ce qui me permet de rattraper mon retard !
Dans le courant de la journée, on tombe sur un sympathique couple de Genevois, Thomas et Renate, et on continue la route en leur compagnie.
De mon côté, pas de chutes aujourd’hui ni de difficultés insurmontables, je prends juste beaucoup de plaisir au guidon de ma grosse tigresse anglaise !
On arrive dans les premiers au bivouac à Bertangles, probablement parce qu’on n’a pas vraiment fait de pause pour manger à midi. Il fait froid et je m’empresse de courir à la douche afin de profiter de l’eau chaude tant qu’il y en a encore... Malheurs et désolation, il n’y en a pas ! Une fois mon acte héroïque accompli, j’apprends que dans l’autre container il y en avait...
Je me retrouve rapidement avec tous mes habits devant les grills pour tenter de me réchauffer en attendant le souper.
Alors qu’on a déjà quasiment fini de manger, le trio belge en Vespa arrive seulement au camp sur le coup des 21h00 ! Malgré le handicap de leurs petites roues et surtout leurs nombreuses pannes, ils ne baissent pas les bras et rejoignent chaque soir le bivouac bien après tout le monde. Autant pour l’originalité de leur idée, leur look et surtout leur authenticité, c’est vraiment les stars de cette édition du Paris-Dunkerque.
On apprend également qu’un malheureux s’est fracturé le tibia et le péroné, écrasé par sa valise lors d’une chute alors qu’il traversait un gué avec la moto de quelqu’un pour donner un coup de main...
Après le souper, personne ne s’éternise, il fait tellement froid que chacun essaie tant bien de mal de se réchauffer dans son sac de couchage. Il semblerait que je ne sois pas le seul à être venu avec un sac de couchage pour l’été, donc autant vous dire que j’ai eu froid, même en dormant dans mon sac avec tous mes habits, veste y compris !