
Bien sûr que les reins tirent en fin de journée, mais sur la moto, je ne ressens rien. Aucune douleur. La position de conduite de la CRF1000L est agréable et la qualité de la selle fait que je n’ai même pas mal aux fesses (ma crainte avant le long voyage).
Le moteur est vraiment bon, linéaire, coupleux; bref, je suis heureux. Je pense qu’avec une sportive ou un roadster, je n’aurais jamais réussi un tel périple. Le mien aujourd’hui, c’est de traverser la Slovaquie pour rejoindre les hauteurs de ce fabuleux pays, puis de retourner en Pologne pour voir deux tremplins de saut à skis et revenir à Bratislava. J’ai choisi cette ville comme point de chute pour les trois nuits, parce qu’ainsi, je vois mes copains le soir et c’est bien situé pour additionner les pays en faisant un parcours en étoile. Ce n’était pas ma première idée, mais c’était plus simple pour commenter deux GP moto en deux semaines.
La route qui me mène au point culminant de la Slovaquie me fait penser à Sion. J’ai l’impression de découvrir Valère et Tourbillon en voyant des châteaux aux sommets de petits monts. C’est rigolo et beau à la fois! Les Hautes-Tatras se présentent enfin à moi. Et ça en vaut vraiment la peine. Pour vous donner une idée, c’est une chaîne de montagnes qui marque la frontière entre la Slovaquie et la Pologne. Le site est classé par l’Unesco. Sur une longueur de 26 kilomètres, il y a dix sommets à plus de 2600 m d’altitude. Certains disent que les Hautes-Tatras sont les Alpes en miniature et d’autres qualifient l’endroit comme étant les plus petites hautes montagnes du monde. Ça, c’est ce qu’on lit et ce qu’on dit. Mais ce qu’on ressent sur la moto est bien plus beau.
Quelques semaines après, je regrette de ne pas avoir pris une photo d’un moment précis. Je ne suis pas fan des plantes mais là, j’en n’ai jamais vu d’aussi belles. Des centaines de fleurs roses bonbon sur le bord de la route que j’emprunte à 1000 mètres de haut. Un truc de fous. Je ne me suis pas arrêté, parce que je suis un groupe de motards polonais. On roule à bonne allure sur cette route qui offre ces monts impressionnants à gauche et l’immense vallée à droite. Au guidon, je me sens léger, rien ne peut me toucher, ni m’empêcher de vivre ma liberté. J’ai la tête dans les nuages.
L’air de la montagne fait un bien fou. Ici, la vitesse n’est pas toujours de mise, même si le goudron est en parfait état. C’est plutôt la contemplation qui prédomine et c’est dur de regarder la route tellement c’est magique sur 360 degrés.
Il y a des hôtels. Vous devriez, comme moi, (re)venir ici avec femme et enfants. Eux pourraient se promener en forêt pendant que vous le faites en moto. Moi, je continue ma route à Zdiar. En contournant la chaîne de montagnes, j’arrive en Pologne. Ou plutôt je reviens dans ce pays que j’avais déjà franchi depuis la République Tchèque. Cette fois, l’objectif, c’est d’aller voir Zakopane et Wisla. Ce sont deux sites de saut à skis très connus. Je vois deux avantages d’y aller. D’abord un tremplin, quand on ne connaît pas la région, c’est la certitude d’évoluer sur des routes sinueuses et montagneuses. Ensuite, pour moi, c’est l’occasion de préparer des anecdotes lorsque je commenterai ce sport depuis la Corée du Sud à l’occasion des Jeux Olympiques, en février 2018.
Bref, l’enchaînement Zakopane-Wisla est plaisant, mais pas aussi grisant que celui entre Liberec et Harrachov, en République Tchèque. Ici, il y a plus de camions et de travaux, donc plus de trafic. C’était beaucoup mieux sur les Hautes-Tatras!
Retour en Slovaquie pour rejoindre à nouveau Bratislava. Cette fois je roule sur l’autoroute pour arriver à une heure convenable. J’ai fait 12 h 30 de route, sans m’arrêter pour manger (sauf mes traditionnelles galettes de riz et de l’eau aux stations-service). Je réalise que je peux faire facilement 10 h par jour sur une moto dans ces conditions. Mais après ça devient quand même un peu long.