Mais c’est un week-end de GP et je vais le commenter : quel pied ! Pour être sûr que mon Africa Twin aille bien, je paye une fortune (17 euros par jour) pour qu'elle soit gardée 24 h sur 24 devant l'entrée de l'hôtel. Je ne m'arrête pas pour les repas à midi. Je peux bien lui payer ça, à ma chérie. En plus, je ne pourrai de toute façon pas rouler quand je serai dans le paddock MotoGP.
Aujourd'hui, c'était encore une belle journée mais il fait chaud; 39 degrés affichés sur le tableau de bord et j'ai l'impression qu'il fait encore bien plus avec la chaleur du bitume qui remonte et celle du moteur, juste en-dessous de moi. Je suis content de savoir que Thomas Lüthi trouvait aussi qu'il faisait chaud en arrivant en République Tchèque.
Pour chercher un peu d'air en roulant, j'ouvre un peu le haut de la veste, mais je reste habillé en tenue de motard de la tête aux pieds (je ne plaisante pas avec la sécurité).
Quand j'ouvre la visière, ce sont des bouffées de chaleur qui m'envahissent. C'est oppressant. À partir de 14h, ça devient vraiment usant, voire pesant. Vu les conditions, je ne ferai que 7 h de route, mais toujours en plein soleil. Comme d'habitude, je ne m'arrête que pour faire le plein d'essence, mais je prends de la marge avec la jauge pour ne pas me retrouver en panne sèche (le réservoir de ma Honda fait 16 litres, je mets régulièrement 12,5).
Après un bon petit déjeuner dans les hôtels, je ne mange que des galettes de riz dans les stations-services et j'y achète 1,5 litre d'eau à chaque fois. L'arrêt au stand ne dure que quelques secondes. Heureusement.
Si je reprends l'itinéraire dans l'ordre du jour, après avoir quitté Harrachov (au nord de la République Tchèque), je décide qu’aujourd’hui il n'y aura pas de tremplins, mais du tout terrain. Bien m'en prend, c'est un régal. C'est un peu technique, parce que la moto et les valises, ça fait du poids à emmener dans des sentiers tortueux. Je réalise en prenant une photo que je n'ai pas de réseau et que mes pneus ne sont pas taillés pour exceller sur des sentiers off road. Ça me calme. Pas envie de finir paumé, ni de devoir compter sur l'aide d'un gars du coin. Il faut dire que l’on croise de beaux bébés par ici (presque tous plus larges les uns que les autres, avec des muscles dont j'ignorais même l'existence!). Mais, je me sens fit et la moto est un régal à conduire.
Du coup, comme je suis proche de la frontière avec la Pologne, je décide d'y faire une incursion. Là, je ne m'attendais pas à prendre autant mon pied. Les routes y sont incroyables. Elles sont comparables à l'ancien accès au parking P1 d'Assen; étroites, asphalte parfait, ligne blanche uniquement sur les deux côtés extérieurs. J'attaque comme jamais. 80 km en mode spécial. C'est bestial. Je fais un pit-stop devant un lac pour prendre une photo. Arrêt de 9 secondes. Je reprends la route direction la République Tchèque.
Là encore, je ne prends que des petites routes, mais je me retrouve avec un revêtement plus défoncé. Trop concentré sur ma conduite, je ne sais toujours pas très bien où j'ai passé la frontière. Qu'importe. Même si j'aime la géographie, cette fois-ci, elle attendra. La moto est agile, facile, la forme et le plaisir sont là. A force d’attaquer, je me fais deux frayeurs; l'arrière part dans une courbe à droite (un cycliste a eu peur pour moi, merci à lui); un peu plus loin, l'avant glisse sur des petits cailloux dans un virage en épingle à gauche. Comme dirait un pilote de GP, je sais pourquoi j'ai failli tomber, alors je remets la poignée des gaz en butée.
Je vise la ville tchèque d'Omolouc parce que le nom sonne bien et que des livres me disent que c'est beau. Je m'y arrête... 20 secondes. Les monuments historiques ne sont pas pour moi aujourd'hui. Une prochaine fois avec Christel et Maëlle. Mais pas ici, pas comme ça. J'ai trop besoin de rouler. Alors retour en off road pour continuer mon Dakar à moi. Après 7 h sous un soleil de plomb, j'arrive à l'hôtel fatigué, mais très content. Bilan: 24 h de moto en 3 jours (9 h day 1 + 8 h day 2 + 7 h day 3). Cela fait 1 600km parcourus dans 5 pays différents (Liechtenstein, Autriche, Allemagne, République Tchèque et Pologne). Je suis mon plan de route. Sauf qu'il n'y en a pas! Ah si, 10 pays en moins de 10 jours. Où, quand et comment, je ne sais pas encore.
Mais on les fera !