
Aujourd'hui, la situation est identique, mais dans une autre commune, nous vous laissons le soin de lire l'article de notre confrère du Courrier Picard.
Mais dans ses yeux, c’est aussi de la rage qui commence à poindre. Depuis deux jours, le maire de la commune de Muille-Villette lui demande d’arrêter de fleurir l’endroit où est mort son enfant. Elle en est incapable.
Vendredi 6 mars, le jeune homme de 28 ans originaire d’Annois (Aisne) percutait une voiture à l’entrée du magasin Leclerc, route de Paris. La famille et les amis étaient arrivés alors que les secouristes s’affairaient autour du corps. Un traumatisme pour la mère et l’épouse du motard, Aurore Dormy. Le lieu de l’accident est devenu, pour les deux femmes, le dernier endroit où elles ont vu Stéphane. Un lieu incontournable.
Une semaine plus tard, ce sont des dizaines de bouquets de fleurs qui marquent le lieu de l’accident. Un hommage rendu par les proches qui passent à tour de rôle pour se recueillir. Tous laissent un mot, déposent une bougie.
Depuis jeudi 12 mars, soit au lendemain de l’enterrement, l’édile Jean-Claude Chasselon ne veut plus voir de fleurs sur cette parcelle de pelouse. Il a demandé à la famille de faire le ménage, sous peine d’être verbalisée.
"Je suis abasourdi", souffle la maman de Stéphane Boulanger. "C’est l’adjoint au maire qui m’a appelée, précisant bien qu’il appelait au nom du maire. Il m’a dit que les fleurs ne pouvaient pas rester là. Qu’elles gênaient les agents de la Ville. Il m’a dit que c’était passible d’une amende de 500 euros", raconte Claudine Gense.
Joint par téléphone, le maire confirme et persiste, ces fleurs gênent et doivent être retirées. "Oui, nous avons demandé à la famille de les retirer. Elles posent problème pour la tonte de la pelouse. En plus, elles attirent l’attention des automobilistes et risquent de causer un nouvel accident", lâche l’élu énervé.
"J’entends leur douleur, mais il faut respecter les règles. Il y a des lieux pour se recueillir, les fleurs doivent être déposées dans le cimetière. Qu’il y ait un ou deux bouquets, d’accord, mais là, il y en a trop", insiste-t-il.
"Avant de venir nous embêter, il ferait bien de nettoyer un peu l’endroit. Il y a des déchets partout. Et les taches de sang au sol, ils auraient pu les recouvrir de sable", s’énerve une tante, Cindy Fernandez.
"Ma fille n’a que deux ans. C’est certain, elle voudra venir ici pour déposer des fleurs", dit-elle simplement. Elle a tout de même rassemblé les bouquets autour d’un poteau pour qu’ils prennent moins de place et retiré quelques fleurs fanées. Mais pas plus, elle refuse de tout enlever. Pour elle, le fleurissement est aussi un message adressé aux autres motards. "Je veux qu’ils sachent qu’il y a eu un accident à cet endroit pour qu’ils soient plus prudents."
"Si les bouquets sont retirés, nous les motards, nous bloquerons la route, voire le village", lance David Martens, un ami de Stéphane.
Face à la colère des proches de Stéphane Boulanger, le maire a tout de même fait un pas. Il autorise encore le fleurissement – "mais de manière raisonnable" - jusqu’au 21 mars, date d’une nouvelle marche blanche en hommage au motard.