Après toutes ces péripéties routières, les gens de chez Kawasaki ont eu la gentillesse de nous faire essayer la H2 SX le lendemain sur le circuit d’Estoril. Attention, non pas pour faire des ronds sur le tracé, mais plutôt pour aller essayer de cerner dans un cadre idéal l’étendue des performances du moteur et du châssis. Comme énoncé dans mon premier paragraphe, ce n’est pas une sportive, mais une routière-sportive :-)
Premier exercice, le départ arrêté au tout début de la longue ligne droite. Hé bien croyez moi ça pousse velu et, n’étant pas un grand fan du launch control, j’ai réussi mon meilleur départ sans son aide.
Je vais en profiter pour faire une parenthèse sur la bande-son émise par le quatre cylindres, chose que je n’ai pas abordée jusque là. La Kawa est dotée d’une musique bien à elle et qu’on ne retrouve sur aucun autre modèle. En plus, en montant haut dans les tours, on entend distinctement les changements de compression au passage des rapports. L’entendre passer à bloc dans la ligne droite est un réel plaisir auditif.
Après quoi nos hôtes nous ont concocté un petit parcours d’agility, après un départ avant le virage 3 et un droite/gauche, une série de cônes serrés m’attendait pour démontrer la facilité avec laquelle la H2 se balance à gauche et à droite. Ensuite une accélération et une nouvelle série de cônes, cette fois décalés et plus espacés pour le même travail mais à plus haute vitesse. Cela démontre cette fois la stabilité, une fois sur l’angle la Kawa ne bouge pas !
A la sortie de cet exercice j’accélère à fond de deux et passe la trois avant de littéralement planter les freins pour tester l’efficacité de l’ABS. On le sent travailler bien qu’il ne perturbe pas le feeling au levier de frein.
Le reste du tour du circuit est « libre » pour rejoindre le poste d’attente entre les virages 2 et 3. Du coup, je me fais plaisir, surtout dans la longue courbe à droite qui lance la ligne droite des stands. Au fur et à mesure des passages je soigne ma trajectoire et apprécie le contrôle de traction qui s’allume de temps à autres suivant la sollicitation de la poignée droite.
En soignant la trajectoire, je sors en fond de trois et en profite pour tester la vitesse maxi, mon dernier coup d’oeil sur le tableau de bord affichera un 285km/h, avant de freiner au repère de la passerelle qui est le « presque trop tard ». Nul doute qu’avec quelques mètres supplémentaires la H2 SX accroche les 300km/h !
Le freinage qui suit met à rude épreuve autant les freins que les pneus. Incroyable avec quelle facilité la moto passe de près de sa vitesse maxi à environ 60-80km/h pour prendre le virage à droite qui suit. Grisant et cela démontre les hautes performances de la Kawasaki qui n’est pourtant pas dans son espace naturel sur circuit.
A la croisée des chemins entre une routière et une sportive, la Kawasaki H2 SX remet au goût du jour les routières sportives qui ont quasiment disparues des catalogues. Elle est également une vitrine du savoir-faire made in Kawasaki, avec son compresseur unique, dont la production actuelle dépasse de loin le gadget marketing et trouve toute sa raison d’être sur ce genre de machine. La H2 SX est la seule routière sportive à offrir 200 chevaux et une telle facilité sur la route.
Au niveau des aspects pratiques, la Kawa, dans sa version SE, est dotée d’une béquille centrale, de poignées chauffantes, de roues polies, d’un shifter et de phares de virage qui ne sont pas un gadget, ceux-ci permettant d’éclairer votre trajectoire selon l’angle de la moto. En ce qui concerne l'intervalle entre les services, celui-ci s'établi à 12'000 kilomètres ou une année.
Pour emporter vos petites affaires, les valises (en option) sont les bienvenues, elles sont faciles d’utilisation et leur volume vous permettra de partir en week-end sans souci. Il est par exemple aisé d’y mettre un casque intégral dans chacune sans problème, pour vous donner une idée du volume. Par contre, ne comptez pas mettre quoi que ce soit sous la selle, vous pourrez à peine y loger une brosse à dent et son tube de dentifrice, la place étant occupée par deux (!) trousses à outils. En les enlevant, un fin pantalon de pluie pourra y trouver sa place.
Je vous ai présenté ici la version SE de la H2 SX car c’est celle que j’ai essayée. Bien qu’elle soit également disponible en version standard à CHF 21’500.-, soit CHF 3’400.- de moins que la SE, au vu de la différence d’équipement de cette dernière, cette différence vaut vraiment la peine. En plus, ce coloris vert métallisé emprunté au Jocker de Batman lui va à ravir !
Alors, raisonnable ou pas cette Kawasaki H2 SX SE ? Très franchement elle est parfaite pour ce dont elle a été conçue, à savoir : rouler à bloc sur les autoroutes (allemandes bien entendu) et prendre de l’angle dans les cols, le tout dans un confort qui permet de parcourir de nombreux kilomètres et ce, même si chevaucher une moto qui développe 200cv, que les lois de notre pays ne permettent pas d’exploiter, est plus flatteur pour l’ego. En plus, on ne risque pas d'en croiser à chaque coin de rue.
Ma réponse sera donc « oui » !