Photo(s) de Davide Fagnani, Flavio Carato et David Zimmermann
Publié le: 2 septembre 2022 par David Zimmermann
Sardegna Gran Tour – retour sur cette cinquième édition

Pour sa cinquième édition, le Sardegna Gran Tour fait peau neuve. Hormis la première étape de Milan à Livourne, l’itinéraire est entièrement nouveau et les 3 étapes sardes nous font découvrir le Nord-Est de l’île, avec, au choix, chaque jour une trace routière ou tout-terrain.

REPORTAGE

Après ma première participation au Sardegna Gran Tour en 2020, je m’étais juré d’y retourner un jour en duo avec ma copine. Contrairement aux événements que je couvre habituellement, le Sardegna Gran Tour n’est pas une course ou un événement avec des étapes très longues et difficiles. C’est un voyage touristique organisé où chacun peut rouler à son rythme, seul ou à plusieurs en profitant des magnifiques routes et paysages de l’île. Seule consigne, ne surtout pas manquer les pauses repas, parce qu’un soin particulier est porté à nous faire découvrir les spécialités culinaires de l’île.

En 2020, deux couples avaient participé en duo, mais sur des motos routières. Pour cette édition, on s’est dit qu’on allait tenter les traces tout-terrain en duo, histoire de pimenter un peu la situation et de voir si la toute nouvelle Triumph Tiger 1200 Rally Pro est à la hauteur de ses prétentions.

Bricolage de dernière minute

Comme ce fût déjà le cas pour les éditions précédentes, le départ se fait depuis Milan. Pour nous autres Suisses, c’est  assez pratique, on y est en quelques heures. Quand je récupère la nouvelle Triumph Tiger 1200 Rally Pro chez le concessionnaire en début d’après-midi, je constate qu’elle n’est pas équipée de bagagerie. Pour partir 4 jours en duo, c’est pas le top… Il y a dû y avoir un couac dans la communication avec Triumph!

Du coup, il nous faut improviser une solution de secours de dernière minute pour pouvoir emporter des bagages avec nous. Je fonce chez Jumbo pour acheter une planche de bois, je découpe, perce et utilise les taraudages prévus pour le porte-bagages non présent, pour fixer la planche que je recouvre d’un morceau de tapis de fitness, acheté avec plein de bonnes intentions, mais qui prenait la poussière depuis quelques années.

Mon gros sac étanche SW-Motech Drybag 700 qui m’avait accompagné en Mongolie, en Inde et au Myanmar est tiré de sa paisible retraite dans un coin de garage tempéré pour reprendre du service et bouffer de la poussière.

Pour pouvoir tout y caser, quelques sacrifices de ma compagne ont été nécessaires. Les 4 paires de chaussures, le fer à cheveux, la brosse à dent électrique et quelques habits resteront à la maison.

Avec un départ retardé de près de deux heures, ce n’est que vers 21h que nous arrivons à Milan, congelés! On a un peu surestimé les températures en ce mois d’avril… On passe encore une bonne partie de la soirée à installer et à essayer de faire fonctionner les système de communication Midland BT Rush que nous avons reçu le jour même pour en faire un test.

Etape 1: Milan-Livourne 400 km

C’est devant le bâtiment de Garmin Italie que le point de ralliement est donné. Après un petit briefing accompagné de croissants, nous prenons le départ. Sur la trentaine de participants nous sommes les seuls étrangers et l’un des deux couples à rouler en duo. Les prévisions météos nous annonçaient une journée sous la flotte et l’illusion de peut-être passer entre les gouttes nous a rapidement quittée.

La pluie s’est invitée et a tenu à nous accompagner jusqu’au moment de l’embarquement sur le ferry dans la soirée en redoublant d’intensité au moment de l’embarquement. Je me console en me disant que c’est un mal nécessaire pour tester mon ensemble Gore-Tex Klim Carlsbad.

L’idée initiale était de faire ce voyage en duo et sur les traces tout-terrain. Je ne vais pas vous cacher qu’avec la Tiger qui doit avoisiner les 250 kg tous pleins fait, des pneus au profil plutôt routier et ma passagère, j’en menais pas très large. La piste terreuse s’est transformée en boue ultra glissante avec la pluie et c’est en première à une vitesse, digne d’une vieille tortue arthrosée, que nous progressons. Heureusement, la piste s’améliore après quelques kilomètres, mais pas les conditions météo. 

C’est congelés que nous arrivons au petit restaurant où nous retrouvons les autres participants. La plupart ayant évité la section tout-terrain, ils ont déjà mangé mais repoussent le moment fatidique où il faut se remettre en route sous la pluie. On se réchauffe comme on peut avec du thé et du café, tout en dégustant de la bonne charcuterie italienne. 

Renato Zocchi, l’organisateur à la tête de AdventureRiding.it,  décide d’annuler la seconde partie off-road, trop risquée avec nos pachydermes au vu des conditions météo. Contrairement au Swank Rally qu’il organise également, le Gran Tour ne s’adresse pas à des personnes ayant une grande expérience en tout-terrain.

C’est donc par les petites routes que nous repartons pour Livourne, un trajet qui aurait été au poil par beau temps, mais que nous n’avons pas vraiment pu apprécier à sa juste valeur. 

Expérience faite, il faut absolument éviter d’aller au port trop tôt, car il n’y a aucun endroit pour se poser au chaud ni pour se restaurer, j’en ai fait l’expérience sur le Swank Rally l’année dernière. Nous avons donc quelques heures à tuer et nous posons alors dans un petit bar à regarder la pluie tomber, nous réchauffant en buvant des thés. Au final, départ pour l’embarquement vers les 20 heures. 

Etape 2: Olbia – San Theodoro 250 km

Cette première étape nous amène du port d’Olbia à San Teodoro, au Nord-Est de l’île. La température est fraîche mais au moins il ne pleut pas. Cette fois, nous pouvons enfin commencer à expérimenter le tout-terrain en duo. Heureusement, les pistes sont relativement faciles et même en conduite assise ça passe bien. Les suspensions ajustables électroniquement de la Triumph Tiger 1200 Rally Pro sont une merveille.  Réglées en mode “confort”, elles gomment les imperfections sans jamais être dépassées, malgré que nous soyons en duo, j’ai presque l’impression de rouler en tapis volant!

Nous essayons également de rouler les deux en position debout, mais pour être franc ce n’est pas très naturel et beaucoup plus fatiguant. Ma compagne me tombe dessus à chaque freinage et me tire en arrière à chaque accélération, tous les avantages de la conduite debout en solo sont perdus. Ce n’est que vers le début de l’après-midi que nous rejoignons la petite cahute où nous avons rendez-vous avec le reste du groupe pour manger.

Dans cette petite baraque perdue dans les collines avec quelques chèvres pour seuls voisins, on nous sert des spécialités locales de charcuteries et de fromages délicieux, le tout accompagné de vins locaux. 

Une des caractéristiques assez sympa de l’événement est de pouvoir changer de traces (route ou tout-terrain) à sa guise. Pour la seconde partie de la journée, nous décidons de prendre la trace routière afin de ne pas arriver trop tard à l’hôtel situé en bord de mer et ainsi, de pouvoir profiter de ce cadre idyllique. Nous roulons à présent depuis 2 jours avec le système de communication Midland BT Rush et il est déjà clair, que nous pourrons plus nous en passer. C’est tellement agréable de pouvoir communiquer avec ma compagne sans devoir ouvrir la visière et crier.

Nous allons passer 2 nuits dans ce même hôtel et faire des boucles depuis ici, ce qui nous permet d’y laisser toutes nos affaires.

Etape 3: Boucle San Teodoro – San Teodoro 300 km

Après un petit-déjeuner copieux sur la terrasse avec vue sur la mer et un soleil bienvenu qui nous fait plisser les yeux, nous enfourchons notre cheval d’acier pour une boucle d’environ 300 km. 

Parmi les participants, la proportion entre ceux qui choisissent la route est d’environ 40% contre 60% en faveur du tout-terrain. Ceux qui le désirent peuvent partir en groupe avec Renato Zocchi comme guide pour la trace tout-terrain. Nous partons un peu plus tard que le groupe, histoire de rouler à notre rythme. 

Les pistes sont assez faciles et tout à fait abordables avec les gros trails du marché, même sans avoir de véritables pneus tout-terrain.

Nous en profitons pour prendre quelques photos qui devront illustrer mon test de la Triumph Tiger 1200 Rally Pro.

Le petit hic quand on est seul ? Personne pour prendre des photos de nous en action. C’est pour cette raison que, dans cet article, vous ne trouverez pas de photos où nous sommes en duo sur la moto.

Dans un virage un peu mouillé, je perds l’avant et laisse tomber la moto, heureusement quasiment à l’arrêt. Je la relève rapidement en me positionnant accroupis dos à la moto et hop, comme sur les vidéos Youtube… enfin presque.

Primo, ce n’est pas une GS et elle n’a donc pas l’avantage de se poser à 45° sur son cylindre. Deuxio, même si elle a perdu 25 kg par rapport à sa devancière, à la relever c’est toujours le poids d’un âne obèse mort et je n’ai pas les bras d’un lutteur Appenzellois Rhodes Intérieur. A la place de la gloire sur TikTok, je devrai me contenter d’un mal de dos qui m’accompagnera durant le reste du voyage et jusqu’au cabinet de mon osthéo. Résultat: une facture de 120 balles.  

La journée se poursuit sans encombre jusqu’à ce que nous nous retrouvions en pleine descente nez à nez avec un immense tas de terre en plein milieu de la piste. Quelqu’un a vraisemblablement décidé de faire des travaux, mais a tout laissé en plan… Impossible de passer. Il faut faire demi-tour, ce que le reste du groupe a également dû faire, on l’apprendra plus tard. Un tourné sur route en pente sur une piste d’à peine 3 mètres de large, c’est plus facile à dire qu’à faire. C’est particulièrement dans ce genre de situation, qu’avec une moto de 250 kg, on se fait très vite rattraper par la réalité. 

Nous rejoignons le restaurant en bord de mer avant le reste du groupe tout-terrain en coupant les derniers 30 kilomètres de la trace, n’étant pas vraiment sûr où la rejoindre. Ceux qui avaient choisi la trace routière sont déjà sur place, en train de savourer un apéritif.

Nous faisons la connaissance d’un duo de journalistes italiens avec qui nous partageons la table. Davide et Flavio publient des articles et tests sur leur site amotomio.it depuis plusieurs années, en dehors de leur travail respectif, comme nous-même chez acidmoto. Ils sont sympas et passionnés et au fil des discussions, je réalise que j’avais déjà rencontré Flavio sur un autre événement, la 2ème édition du Hard Alpi Tour Pavia-Sanremo en 2019. A 60 ans, c’était sa première tentative en tout-terrain. Chapeau!

Etape 4: San Teodoro – Olbia 250 km

Cette dernière étape doit nous ramener à Olbia, où nous embarquerons sur le Ferry en début de soirée. Mais avant ça, nous profitons d’une deuxième journée ensoleillée. Nous repartons seuls et suite à un petit problème sur la trace GPX, nous nous retrouvons à devoir traverser un enclos. C’est ma copine qui doit aller ouvrir à contrecœur les barrières et affronter une truie qui ne semble pas super ravie de nous voir traverser son salon. Nous sommes finalement passés sans encombre, mais je ne suis pas sûr de qui était la plus apeurée des deux.

Nous rejoignons la partie du groupe qui a choisi la trace off-road dans le resto d’une petite station-service ouverte spécialement pour nous pour l’occasion. Quelques enthousiastes se pressent devant un téléphone pour suivre avec beaucoup d’intérêt le Grand Prix de F1 à Imola qui vient de commencer. Pour notre part, c’est par la route que nous rejoignons l’hôtel via une trentaine de kilomètres de routes sinueuses au revêtement aussi parfait qu’une table de billard. Quel kiff cette nouvelle Tiger 1200! Y’a tellement de couple et de puissance que j’ai même pas l’impression de rouler en duo.

Contrairement aux éditions précédentes, nous avons le temps de repasser à l’hôtel en fin de journée, histoire de récupérer nos bagages, profiter d’un dernier verre sur la terrasse, mais également pour la distribution des prix Garmin qui seront offerts aux 3 participants ayant suivi la trace avec le moins d’erreurs. Pour ce faire, il fallait donner le kilométrage du compteur le jour du départ. Nous sommes trois à avoir tenté de trouver l’affichage du nombre total de kilomètres de la Tiger 1200, sans succès, avant de laisser tomber. Ce n’est qu’un jour plus tard, une fois que la moto a atteint les 1’000 km, qu’il était possible de trouver l’information, cachée dans un menu réservé au service de la moto! 

En début de soirée, nous repartons tous ensemble vers le port de Olbia pour embarquer à destination de l’Italie. 

Adventureriding.it a choisi cette année d’organiser le Sardegna Gran Tour en avril plutôt qu’en juin car le lundi 25 avril est un jour férié en Italie, ce qui permettait aux participants de rentrer tranquillement chez eux depuis Livourne lundi matin. Nous n’avons pas été gâté avec la météo lors des deux premières étapes et on peut s’attendre à ce que les prochaines éditions se déroulent à nouveau durant le mois de Juin, histoire de s’assurer de meilleurs conditions de roulage.

J’en profite pour remercier tout l’équipe d’adventureriding.it pour l’invitation, Triumph Suisse pour le prêt de la Tiger 1200 dont vous pouvez lire le test ici et Davide et Flavio pour les photos.

Informations pratiques Sardegna Gran Tour

L’inscription au Sardegna Gran Tour coûte 990 euros pour le pilote et 550 euros pour le passager.

Ce prix comprend le Ferry aller-retour, les 2 nuits d’hôtels en Sardaigne, les repas de midi et du soir, le transport d’un bagage, les traces GPX, un T-Shirt souvenir ainsi qu’une assurance médicale et une assistance mécanique en cas de panne.

Vous trouverez toutes les informations nécessaires sur le site officiel. Si la langue italienne n’est pas votre fort, sachez que les gens de l’organisation parlent français et qu’en général, les italiens se débrouillent assez bien dans la langue de Molière.

Les dates pour l’éditions 2023 ne sont pas encore connues et seront communiquées dès qu’elles seront dispos.

GALERIE