
AcidMoto.ch en a profité pour revenir sur cette aventure extraordinaire avec lui.
Damien Udry, 28 ans, Vésenaz (GE), formation d’automaticien. J’exerce la fonction de chef de projet en automatisme pour une société privée basée à l’aéroport de Genève.
J’ai commencé la moto à l’âge de cinq ans et la compétion depuis cinq ans. D’abord un peu en enduro et ensuite dans le rallye, j’en fais ma spécialité.
Ça m’apporte beaucoup d’aide ! Le vélo étant plus léger qu’une moto, il faut absorber les chocs et cela m’aide lorsque le terrain est très caillouteux, également lors de grosse descente comme on a eu dans la région d'Iquique. Mes années en championnat m’aident aussi à me préparer mentalement et j’aborde les course en étant détendu et concentré.
Lors de ma dernière course en 2014 sur le rallye de Merzouga au Maroc, je me suis senti prêt pour le Dakar. Après en avoir discuté avec mon père qui est aussi mon coach, nous avons été rejoints par un autre pilote qui voulait prendre le départ avec nous. Ce dernier a ensuite décidé de renoncer car il ne se sentait pas encore prêt. Cela ne nous a pas découragés. Ensuite, le gros travail de l’année a été la recherche de sponsors et trouver une moto rapidement disponible pour pouvoir s’entraîner avec.
J’ai pu effectuer mon premier entraînement au Maroc en octobre dernier pendant une semaine et enchaîner sur le rallye de Merzouga où j’ai aussi rencontré Nomade Racing qui ont assuré l’assistance sur mon Dakar. Les deux mois qui ont suivi, j’ai effectué un complément d’entraînement physique en salle avec essentiellement du cardio.
Le temps a manqué mais j’ai l’avantage de pouvoir aménagé mon horaire et je travaille en bureau ce qui facilite les échanges de mail et de téléphone. J’ai dû aussi adapter ma vie privée et faire des concessions pour pouvoir passer du temps auprès de ma copine qui ne m’a pas beaucoup vu lors de cette année.
Je dirais surtout la longueur des étapes et les longues liaisons au petit matin qui vous fatigue d’entrée de jeu. Le type de terrain est aussi différent, surtout les dunes de sables qui sont plus hautes et le sable moins porteur en Amérique latine. Mais la grosse difficulté a été le fesh-fesh (ndlr : sable mou) car je n’étais pas habitué de rouler autant.
Le Dakar n’est pas très dur en navigation et ma position dans le peloton m’ouvrait une piste bien marquée par les traces des précédents. Néanmoins, la navigation est mon atout car j’ai commencé par le Merzouga qui est réputé pour être un rallye très dur en navigation et j’ai beaucoup de plaisir à la pratiquer.
J’aimerais beaucoup refaire un Dakar mais cela dépendra surtout des moyens financiers car j’ai beaucoup mis de ma poche pour celui-là et je ne pourrais pas me permettre d’en refaire un dans ces conditions. J’espère que ma performance va m’ouvrir des opportunités de sponsoring et je vais travailler à cet effet. J’aimerais aussi participer au rallye de Sardaigne, au rallye du Maroc et bien sûr au Merzouga.
Nous avions calculé un budget de CHF 80'000.- et la réalité est très proche. Les sponsors nous ont permis de couvrir 70% de cette somme et le reste fut à notre charge. La course aux sponsors est très dure, surtout que je venais sans bagage sérieux.
Le team était composé de mon père comme team manager, de Joe Genoud comme manager financier et de Noémie Chamoux comme responsable de la communication. Une équipe soudée et conservée pour cette année. De plus Nomade Racing chargée de l’assistance a englobé notre structure au sein de leur team.
Mon père et Joe nous ont rejoint sur place pour la deuxième semaine et Noémie a travaillé depuis Genève.
Il était selon moi pas assez préparé et il a vite payé ce manque. Cela faisait trois étapes qu’il rentrait au petit matin après avoir dormi dans le désert. Aussi, le manque de sommeil et une casse mécanique ont eu raison de son Dakar.
J’ai tapé une pierre dans une zone de fesh-fesh (ndlr : sable mou) et fait une grosse chute. Je ne me rappelle plus de grand chose mais un photographe qui était à proximité m’a expliqué. Une fois que j’ai retrouvé mes esprits, l’hélicoptère avec les médecins m’ont examiné et laissé repartir. J’ai dû réparer la moto, le radiateur et toute la navigation étaient cassés. J’ai dû court-circuiter le radiateur en changement les durites de sens et faire tenir à peu près le devant de la moto. J’ai terminé la journée avec le guidon tordu et en surveillant le niveau d’huile et surtout sans outils de navigation.
La longueur des étapes et de la course en générale. Egalement le temps de sommeil qui est court dû aux réveils aux aurores. Les températures extrêmes, autant le chaud (+52°C) que le froid (-10°C), sur certaines journées sont vraiment pénibles car on ne peut jamais s’habiller en conséquence car la température varie tellement entre le matin et l’après-midi.
Cette catégorie est très spéciale et limitée par l’organisation aux pilotes qui ont déjà plusieurs Dakars à leur actif car c’est vraiment dur d’enchaîner la journée de course plus la mécanique le soir. Il faut être très résistant sur tous les plans et rouler sans prendre de risque pour éviter la chute. Cela ne m’attire pas pour l’instant, je préfère rechercher la performance et les limites. Mais dans le futur, pourquoi ne pas tenter l’expérience. !
Du point de vue paysage, c’est l’arrivée sur Iquique en haut de la grande dune avec la vue sur tout le littoral et cette immense descente jusqu’au bivouac situé au pied de la dune.
Du point de vue humain, c’est cette solidarité entre les motards et la bonne ambiance sur le bivouac. Les tops pilotes sont vraiment accessibles et nous écoutent lorsqu’on a des questions ou nous donnent des conseils.