
Du haut de ses presque quinze ans, le 27 février, Sébastien Fraga comptabilise déjà cinq saisons de compétition moto. Il est suivi comme son ombre par son manager, mécano, chauffeur, cuisinier, homme à tout faire et surtout père : José Fraga. Je vous propose de les découvrir au fil de l’interview ci-dessous :
J’ai commencé la compétition moto à l’âge de dicans, en participant au championnat suisse "Minibike-Trophy". Ce championnat se disputait sur des motos Honda NSF100 de 100 cm3 développant à peine 8cv. Les courses se déroulaient sur des pistes de karting, très bien adaptées à ce type de moto. Pour la petite anecdote, tous les autres concurrents pratiquaient ce sport depuis l’âge de cinq ans et avaient tous disputé des courses de «pocket-bike». Du coup, pour la première course de ma vie, j’ai terminé à sept tours du vainqueur de l’épreuve ! Mais ça n’a pas diminué mon envie de rouler et, au contraire, j’ai tout fait pour progresser ! Et en fin de saison, je ne terminais "plus qu’à" un tour du vainqueur...
La deuxième saison je me rapprochais petit à petit des pilotes roulant devant, me battant assez régulièrement pour la quatrième place depuis le milieu de saison. J’ai même réussi à monter sur la troisième marche du podium lors d’une course.
Pour ma troisième saison, je connaissais et maitrisais enfin assez bien la moto pour rouler devant. Je suis monté sur le podium à seize reprises sur les dix-huitcourses auxquelles j’ai participé, en gagnant à deux reprises. Je termine troisième au championnat suisse, ne pouvant guère faire beaucoup mieux, handicapé par mon poids comparé aux deux pilotes devant moi.
Pour la saison 2012, il nous a semblé, à mes parents et à moi, qu’il était temps de changer de catégorie. Je me suis donc inscrit au championnat suisse "Moriwaki GP3 junior cup", championnat se disputant sur des 250cm3 développant 35cv. Il s’agit de machines similaires à celles évoluant dans le championnat du monde Moto3 mais avec beaucoup moins de puissance. C’est aussi l’occasion de découvrir et de rouler sur de nouveaux circuits comme Assen, Hockenheim, Portimao.
C’était une saison très intéressante et, surtout, pleine d’apprentissage. Moto plus puissante, beaucoup plus rapide aussi (un peu plus de 200km/h en vitesse de pointe), circuits internationaux, bref, du pur bonheur ! Nous disputons les courses en même temps que les pilotes hollandais, mais avec deux classements séparés. Cela nous permet d’avoir des courses avec vingt-cinq à vingt-huit pilotes prenant le départ. Je termine la saison à la cinquième place du championnat suisse et à la onzième place du classement général (classement non officiel). La progression étant là, je me réjouis déjà de la saison suivante.
Je débute la saison 2013 avec beaucoup d’espoir. Je me qualifie troisième pour le départ de la première course de la saison mais ne termine "que" douzième en course... De nouveaux pilotes sont arrivés, VRAIMENT très légers (30 kg !), ce qui à moto égale est un gros handicap pour moi ! Très motivé, je redouble d’efforts en faisant beaucoup de sport et en faisant attention à mon alimentation. En sachant de toute façon que je ne pèserais jamais aussi peu. Je perds quand même 12kg mais le problème demeure, ce qui nous amène à nous poser la question : les motos sont-elles vraiment toutes identiques ? Je vais résumer en disant que nous avons enfin eu la certitude qu’il y avait des différences entre les motos trois courses avant la fin de la saison. Nous modifions donc un peu ma moto, sans sortir du règlement.
Suite à ces modifications, la moto fonctionne déjà beaucoup mieux mais il nous manque encore un peu de puissance à haut régime. Cela me permet quand même de me qualifier 8ème en Turquie et terminer la course en dixième position, mais cette fois-ci en me battant dans le groupe de tête, ce qui n’était jamais le cas auparavant (je me battais habituellement autour de la quinzième place). Pour les deux dernières courses se disputant à Assen, là aussi je me qualifie très bien (deuxième) et je me bats dans le groupe de tête. Je termine la première course en cinquième position et chute malheureusement à la deuxième alors que j’étais dans le groupe des cinq pilotes qui se battaient pour la victoire. Au terme de cette saison, je suis quatorzième au classement général et vice-champion suisse.