
L'usager de la route est souvent pris pour cible. Il pollue, il pue, il n'optimise pas ses trajets, il fait du bruit, il gêne la faune et la flore... et, une chose est sûre, il est une manne financière inaltérable pour les caisses de l'Etat. Les motards, eux, ont la particularité de rouler bien au-delà des limitations de vitesse, de ne pas respecter la loi sur la circulation routière dans sa globalité... et de faire du bruit, beaucoup de bruit, beaucoup trop de bruit. Horreur, dans quel monde vit-on !
Enfin, si l'on devait caricaturer la situation et la vision populaire écologiste, c'est à peu près ce à quoi on devrait s'attendre.
Récemment, l'Office fédéral de l'environnement a prévu de nombreuses mesures pour lutter contre la pollution sonore. Parmi ces dernières, on retient l'installation d'un radar pointant du doigt les conducteurs trop bruyants. En collaboration avec le TCS, des permiers tests seront effectués dans le canton de Soleure sur un tronçon particulièrement apprécié des motards.
Le principe est simple. Lorsque le radar détecte l'approche d'un véhicule, un microphone se déclenche afin de mesurer le niveau de bruit émis par le moteur. Quelques mètres plus loin, un écran d'affichage remercie les usagers peu bruyants et épingle les amateurs de vitesse et de décibels : "Moins vite !", "Moins de bruit !".
Bien que nous en sommes au stade de la prévention, il semblerait que ce soit une méthode qui porte ses fruits. La responsable de la pollution sonore due à la route à l'OFEV, Sophie Hoehn, souligne : "Les affichages de vitesse avec les smileys se sont avérés être un moyen très efficace pour sensibiliser les conducteurs".
Quand bien même tous les véhicules respectent des valeurs limites de bruit lors de leur homologation, le TCS note que "même une simple moto peut être conduite inutilement bruyamment". Même, des relevés au sonomètre attestent par exemple que lorsqu'on met les gaz à bas régime, certaines motos peuvent émettre jusqu'à 92dB, soit deux fois plus que la limite européenne fixée à 80dD. Une fois les hauts régimes atteints, il n'est pas rare de voir franchie la barre des 100dB.
Dans un avenir proche, on peut donc s'attendre à ce que la prévention laisse place à la répression... Avec un brin d'ironie, doit-on se réjouir ?