Reportage publié le 08 avril 2020

L'incroyable Dakar 84 de Renato Zocchi [page 4]

Texte de David Zimmermann / Photo(s) de Mimine Magnin, Dune Moto, Dakar d'antan, parisdakar.it

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Comment était organisé ton team Belgarda ?

On était un team de treize italiens. Trois pilotes moto avec un camion Unimog et deux 4x4 d’assistance en course ainsi que deux mécaniciens en avion en un directeur sportif. 

A cette époque les véhicules d’assistance suivaient la même piste que nous et participaient également à la course. Notre camion arrivait toujours tard dans la nuit, vers minuit ou même plus tard. Souvent, il n’y avait plus rien à manger ni à boire pour eux. A peine arrivés, ils passaient la moitié de la nuit à remettre nos motos à neuf car elles étaient détruites après chaque étape. 

A la vitesse où l’on roulait on cassait tout, les roues, les réservoirs… On avait 14 moteurs de réserve pour le team et on les changeait tous les 2-3 jours. Il n’y avait que le cadre qu’on n’avait pas le droit de changer, alors il fallait parfois le ressouder. 

Une fois les motos prêtes, ils devaient encore s’occuper des 4x4 et du camion. Et le matin ils repartaient en course après nous, quasiment sans avoir pu dormir. C’était de la folie !

Dès qu’on terminait l’étape du jour on commençait à travailler sur nos motos avec nos outils de bord car on ne savait jamais quand notre assistance arriverait.

A l’époque, il y avait les catégories motos, voitures de course, camions de course, voitures d’assistance et finalement camions d’assistance. Les camions d’assistance partaient six heures après nous. Notre camion a gagné le Dakar dans sa catégorie. Un de mes coéquipier, Balestrieri, a terminé à la 7ème place et Findanno a la 26ème place.

Les Bib Mousse de Michelin ont fait leur apparition sur cette édition, n’est-ce pas ?

Exacte, c’était la première année où a commencé à utiliser les Bib mousses de Michelin. C’était un désastre, car ils ne tenaient pas les hautes vitesses. Ils s’échauffaient et fondaient dans le pneu. Il était quasi impossible de démonter le pneu après, qui était comme soudé à la jante. On a fini par utiliser les mousses uniquement sur les étapes très caillouteuses et moins rapides.

Quelle étaient les particularités du Dakar 84 ?

Le Dakar 84 était très long ; 18 étapes, 12'000 km (dont 6'000 km de spéciales) et aucune journée de repos. On roulait parfois vingt heures d’affilée. 

Une des choses les plus difficiles à gérer était la peur de se perdre. On savait tous que l’organisation ne viendrait pas nous chercher. On voyait tous les jours des personnes accidentées sur la route.

Beaucoup de privés arrivaient le jour d’après, et il n’y avait plus personne sur place pour les attendre.

Dans les tempêtes de sables, il y a eu des dizaines de personnes perdues pendant des jours d’affilés, mais toutes ces informations étaient cachées à la presse. Sabine était considéré comme un dieu, il pouvait faire ce qu’il voulait à l’époque. Il filtrait toutes les informations destinées à la presse.

Qu’est-ce qui t’as le plus marqué sur le Dakar ?

Mis à part la peur de me perdre, ce qu’il m’avait le plus marqué c’est qu’on n’avait jamais à manger, et souvent même pas à boire.

Les camions qui se chargeaient de transporter la nourriture étaient également en course et arrivaient au bivouac vers minuit ou même plus tard. Nous on repartait le lendemain matin dès 5h00. Il fallait choisir entre manger ou dormir. Le pire c’est qu’il n’y avait souvent rien à boire non plus. 

Le matin, l’organisation nous donnait un sachet de crackers, un œuf cuit dur et un petit snack à la figue sèche ainsi qu’un petit berlingot de jus de fruit. C’est tout ce qu’on avait.

On avait huit litres d’eau obligatoires sur la moto au départ, mais dès qu’on partait, on vidait l’eau par peur de casser le réservoir et pour gagner du poids. On était complètement inconscient.

On dormait dans nos sacs de couchage à même le sol, on n’avait pas de tente. Il n’y avait ni toilettes ni douches au bivouac. Imagine les gars à l’époque, qui passaient vingt jours dans des habits en cuir sans se laver et sans même les enlever… 

Les écarts de températures étaient énormes dans le désert. Lors de notre première nuit en Algérie la température est descendue jusqu’à -20°C et en pleine journée elle pouvait dépasser 30°C. 

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