L’équipe est rôdée et chacun connaît son rôle. Il n’y a pas de cafouillage, depuis le contrôle administratif jusqu’à l’entrée en piste, tout est parfaitement géré. Au niveau du roulage, les pilotes sont répartis en quatre groupes : Fun 1, Fun 2, Racing 1 et Racing 2, soit environ 160 pilotes qui se partagent la piste, et bien qu’il y ait des différences de niveaux dans les catégories, une grande convivialité règne. Les pilotes les plus rapides prenant leur temps pour les dépassements.
Pour vous donner un autre exemple de l'implication de Philippe dans ses sorties pistes, il n'hésite pas à faire le tour des tables à midi et s'installe avec l'un ou l'autre groupe pour discuter, avec une simplicité et un franc-parler que son rang d'ancien pilote de niveau mondial ne laissent pas transparaître.
Quant au circuit de Dijon qui développe 3'801m, ce n'est ni un long tracé tel Magny-Cours, ni aussi vallonné que le Lédenon. Il est tout de même assez exigeant et permet aux pilotes de ne pas s’ennuyer. Il offre également quelques passages assez techniques. Il ne faut pas oublier que ce circuit a été inauguré en 1972 a acceuilli de nombreuses manches de Formule 1 et même le dernier Grand-Prix de Suisse en 1982, le record de la piste ayant été établi lors de cet événement par Alain Prost en 1'01.380, et celui-ci tient toujours !
Je vous propose d'embarquer pour un petit tour : la ligne droite des stands, qui permet d’atteindre des vitesses intéressantes (293 km/h au guidon de la S1000RR pour votre serviteur), est suivie du double droit de Villeroy, dont l'entrée très rapide a laissé quelques traces sur mon cuir, mais vous verrez tout cela plus bas (ben oui faut bien tenir le lecteur en haleine!).
Ce double droit est suivi d’un enchaînement gauche/droite, le "S" des Sablières avant une courte accélération qui mène à un gauche serré en légère descente : le gauche de la Bretelle. Dans cette partie où il faut rapidement changer d'angle, il est important d’avoir une bonne maniabilité et je dois avouer que la BMW m’a bluffé. On l'avait souvent décrite avec un côté un peu "camion" et très franchement j'avais l'impression d'avoir piqué le vélo de Cancellara tant le changement ne demandait aucun effort. Mais peut-être ai-je été aidé par les Bridgestone qui équipaient la moto.
Après ce gauche serré, il faut relever au plus vite la teutonne pour profiter au max de sa horde de chevaux dans une accélération avant de tomber deux rapports tout en freinant fort pour attaquer le droit très technique de la parabolique. Ce dernier est très serré et en montée, de plus, il y a une rupture de plan à son sommet ce qui fait qu'on ne voit plus la piste et qu'il faut avoir foi en sa moto lorsque celle-ci se déleste. Le tableau de bord s'illumine tel un sapin de Noël pour indiquer que l'électronique ne chôme pas, et pour ma part, j'ai pu ressentir quelques glisses de l'arrière jugulées admirablement par les puces savantes de la BMW.
S’en suit un nouveau freinage avant la courbe des Gorgeolles qui est un double gauche suivi immédiatement d’un droit à l'entrée serrée, le virage de la Combe avant la mythique courbe de Pois également à droite.
Ce long droit, tout en accélération, conditionne la vitesse dans la ligne droite. Le shifter très efficace permet de monter les rapports sans que la moto ne bronche et permet de se concentrer sur la trajectoire.
A l’entrée de la ligne droite, en redressant la moto l’électronique libère toute la puissance et sous l’assaut des plus de 200 chevaux, l’avant devient très léger, décollant même très légèrement sur une petite rupture de plan.
Au passage de la sixième, on se dit que l’accélération va se calmer un peu, mais non, même à plus de 280 km/h, en soulageant un peu la poignée et en rouvrant à fond, les chiffres du compteur s’envolent à nouveau ! Les chevaux allemands sont dopés aux anabolisants !
La prise des freins en bout de ligne droite est également aussi impressionnante que l’accélération, tant on a l’impression que l’on peut réguler le freinage en modifiant la pression sur le levier. La puissance est là et j’ai rarement connu un feeling aussi fin au levier droit. Celui-ci ne disparaissant pas au fil des tours.
Et vous voilà revenu dans le double droit de Villeroy qui a été rebaptisé : le droit à Marcouille. Je m’explique après le gros freinage en bout de ligne droite, j’ai un poil écarté à l’entrée du virage et me suis retrouvé un peu hors trajectoire, sur les traces laissées par les quatre-roues et une fois sur l’angle maxi l’avant a trouvé bon de vouloir aller faire une sieste et il s'est couché. S’en est suivi une longue et jolie glissade qui a laissé quelques traces sur mon cuir et également une belle blessure à mon amour-propre.
Pour revenir à l'organistion menée de main de maître par l'équipe de Philippe Coulon, je ne peux que vous conseillez de vous inscrire au plus vite ici, déjà pour côtoyer ce personnage dont vous trouverez une interview dans les prochaines heures et également pour profiter de l'ambiance ainsi que de la sympathie de son équipe.
Seul petit bémol, je sais que certain aime avoir des photos de leurs exploits sur piste, la présence d'un photographe piste aurait été la bienvenue.