« Je voulais faire un film sur la passion de la moto » déclare Benjamin Tobler à l’issue de la projection. « Je n’aurais pas pu trouver meilleure illustration de cette passion. » Conquis par la personnalité hors-normes de Marc Ristori, Benjamin a finalement consacré son documentaire au crossman. S’en sont donc suivis trois ans de tournage, durant lesquels Marc et Benjamin ont évolué tous les deux. « Je traversais moi aussi une période difficile lorsqu’on a commencé à filmer, note Benjamin. Voir l’esprit combatif de Marc m’a beaucoup aidé. »
Pour Marc Ristori, ce film était également un défi. « C’était difficile d’être objectif par rapport à ça, à moi-même, confie-t-il au public après la projection. Même aujourd’hui, trois ans après, en voyant le film, c’est difficile de revenir en arrière, chaud de revenir sur une période très douloureuse. J’ai assisté à la projection entière une fois, mais je ne pourrai pas plus. »
A l’écouter répondre aux questions du public, on sent Marc très ému. Se mettre à nu ainsi, devant une caméra puis des centaines de spectateurs, n’est pas chose aisée. Courageusement, il a relevé le challenge. Tout comme le projet fou de remonter sur une moto; projet qu’il préparera durant un an sans l’avouer à Benjamin. Jusqu’au 7 octobre 2010, où il raconte avoir eu Marc au téléphone: « Benjamin, vient demain avec une équipe, je peux pas t’en dire plus mais c’est trop de la balle. Au fait, ne prend pas de chaussures blanches ». S’il est conscient que le film pourra ouvrir les yeux de beaucoup sur la vie des paraplégiques, inspirer du courage à plus d’un et susciter beaucoup d’émotions, Marc Ristori n’en fait pas pour autant tout un plat. « C’est juste le témoignage d’un bout de chemin« , dit-il simplement. Un sacré bout de chemin tout de même.
Il ne faut pas s’en aller voir ce film dans l’optique de voir un divertissement. Ce film reste un documentaire sur un sujet lourd et loin d’être joyeux. S’ouvrant sur de courtes séquences du Supercross de Genève, le tout avec les commentaires passionnés et engagés de Bernard Jonzier, le générique fait monter une certaine angoisse. Avec un titre évocateur tel que « D’une seconde à l’autre », on craint d’entendre un éclat de voix du commentateur et de revivre ce douloureux instant.
Heureusement, l’ouverture et la jovialité de Marc nous tirent vite dans un échange vivant et intime avec le pilote. Plein de sincérité, Marc raconte jour après jour ce qu’il vit ou a pu vivre quelques jours auparavant. Acteur engagé dans le scénario de ce morceau de vie, il partage avec le spectateur comme avec un ami ; les yeux dans les yeux. Souvent combattant, parfois avec le moral au plus bas. Les séquences de vie et d’interview se croisent très souvent sur les mots de Marc Ristori.
Peu situé géographiquement, le documentaire se place au plus près du personnage principal ou d’un membre de sa famille. Marc prend parfois même le rôle de Benjamin en posant lui-même les questions à ses amis ; après tout, c’est de sa vie dont il est question. On croise notamment Kilian, jeune crossman qui adulait Marc et qui se rencontre dans la même clinique. Ou Bernard Jonzier, avec qui il partage sur ses nouvelles perspectives sportive et son quotidien.
Enrichissant sur le fond et passionnant sur la forme, « Marc Ristori – D’une seconde à l’autre » est une preuve qu’il n’y a pas d’épreuve insurmontable. Plongé dans la vie d’un pilote dont la vie a basculé, il nous tatoue l’esprit de sa nouvelle philosophie : Forever Free. Les émotions vécues lors de cette séance nous incitent à vous le dire: rendez-vous dès le 7 décembre dans les cinémas romands!