L'invitation d'Aprilia donne un accès permanent à leur zone d'accueil pour se restaurer. A midi, chaque groupe a reçu un horaire à respecter, le nombre de tables étant limité. Cette hospitality, c'est un bout de territoire italien en déplacement. Le buffet servi par des chefs transalpins, est couvert de bonnes choses : crudités, viandes froides, pâtes, risotto, desserts, etc. A chaque fois, un régal et difficile de ne pas voir trop grand en garnissant son assiette.
Plus tard ce jour-là, nous avons participé à la visite de groupe du box Aprilia Racing. Mais au moment de franchir la porte, les règles sont claires : interdiction absolue de prendre des photos. En entrant, on tombe tout de suite sur une pile de disques carbone et d'étriers Brembo sur une table, une histoire à plusieurs dizaines de milliers d'euros. A gauche se trouvent deux établis et un peu plus loin le stock de pièces à avoir sous la main plutôt que dans le camion. Tout un coin est occupé par les pneus dans leurs armoires de chauffe à 80°C, une par pilote pour ne pas mélanger les pneus qui sont comptés.
Le vrai garage avec accès à la pitlane est juste après, un grand espace bien rangé pour travailler confortablement autour des quatre motos du team. On nous tend un flanc de carénages carbone pour se rendre compte de la légereté, quelques centaines de grammes tout au plus. Le temps de poser quelques questions à notre guide, la visite se termine déjà, le groupe suivant voulant entrer à son tour dans le box.
Dimanche, la foule est encore plus nombreuse. Les flux de personnes se dirigeant vers le circuit depuis les parkings est déjà compact à 8h30. Pour voir les courses aujourd'hui, le programme Aprilia indiquait un "Dedicated Grandstand" (tribune dédiée) mais il n'y a aucune tribune Aprilia autour du circuit. Il se trouve en fait qu'on est invité à se rendre dans un champ à l'intérieur du dernier virage où on s'assoit dans l'herbe, on devine les motos passant derrière deux rangées de grillages et où il n'y a aucun écran géant pour suivre le reste de la course. Les clients ayants acheté une moto sont un peu amer et la question devient sujet de discussion pendant le repas. Chacun partageant son plan pour assister aux courses.
Après la 4ème place de Lüthi, alors que le podium lui tendait les bras, tout un intermède occupe les spectateurs jusqu'à 14h. Ce sont d'abord Mika Kallio et Alex Hofmann qui ont présenté pour la première fois au public la KTM RC16 dans sa livrée bleue et orange prête pour la saison 2017.
Ce sont ensuite les Flying Bulls qui assuré un spectacle époustouflant au-dessus de nos têtes. D'abord un avion de voltige, comme ceux des Air Race, fait des figures invraisemblables où il devient difficile de suivre dans quel sens vol l'avion. Le balai aérien est magnifique et la trainée de fumée laissée dans le ciel témoigne des prouesses du pilote. Un P38 et un B25 brillant au soleil, un Corsair et un Alpha Jet nous survolent maintenant en formation, exécutant plusieurs passages. Les gestes sont maîtrisés, les avions toujours plus proches les uns des autres. Les yeux vers le ciel, on oublie un moment qu'on est venu jusqu'ici pour des motos. Deux Eurofighter de la Bundesheer autrichienne présentent un dernier tableau à ce balet aérien qui aura fait patienter les 120'000 spectateurs d'une belle manière.
L'hymne national du pays hôte résonne pendant qu'un hélicoptère survol le site avec un grand drapeau rouge et blanc suspendu au bout d'un câble. Il est presque 14h, les MotoGP partent en tour de chauffe puis en tour de formation. Je suis en sortie de virage 7, la piste face à moi et un écran géant dans mon dos, pas trop mal pour suivre toute la course.
Les deux Aprilia, pilotées par Bradll et Bautista, sont en 7ème ligne, juste devant Loris Baz, les trois moins bons chrono des qualifications. Dès le départ, Bautista anticipe l'extinction des feux et écopera d'un Drive Trough. Le début de la course est intéressant, avec les ténors se disputant la tête alors que les Ducati et leur allonge en ligne droite semble faire la loi. Au 6ème tour, l'Allemand aura déjà un tour de retard sur les pilotes de tête. Son coéquipier espagnol remontera peu à peu la course après sa pénalité en profitant de la chute de Laverty au dernier tour et terminera 16ème.
A l'avant, Ducati semble enfin tenir sa première victoire en Grand-Prix depuis Casey Stoner, chez lui, en 2010; et tient même le doublé ! Rossi et Lorenzo n'auront pas été de taille pour conserver la première place quand ils ont pu la prendre. Marquez et Viñales, 5 et 6ème au terme de la course, n'ont, eux, pratiquement pas vu les leaders.
Dans le paddock, il y a une certaine animation près du box Ducati et dans leur hospitality. Mais pas le temps de s'attarder, Genève est à une dizaine d'heures de route. Temps que j'utiliserais pour me remémorer les bons souvenirs de ce week-end. Une expérience unique dans un très beau cadre et avec un sympathique accueil de la part du Aprilia Racing Team Gresini.