
Tout en détails, il nous raconte son expérience lors des 8 Heures de Suzuka.
Depuis sa création en 1962, le circuit de Suzuka a accueilli de nombreuses compétitions internationales dont le championnat du monde d’endurance moto. Ce circuit est une des rares pistes à proposer un tracé en huit sur 5,821 kilomètres.
La première édition des 8 Heures de Suzuka s’est disputée en juillet 1978. Les 8 Heures de Suzuka est l’épreuve d’endurance moto qui a attiré le plus de pilotes de MotoGP. Mike Baldwin a remporté la 1ère édition avec Wes Cooley. Parmi les autres vainqueurs des 8 Heures de Suzuka : Graeme Crosby (1980), Hervé Moineau (1983), Wayne Gardner (1985,86, 91 et 92), Dominique Sarron (1989), Kevin Magee (1988), Wayne Rainey (1988), Eddie Lawson (1990), Mick Doohan (1991), Daryl Beattie (1992), Scott Russell (1993), Tadayuki Okada (1995), Noriyuki Haga (1996), Shinichi Ito (1997,1998, 2006 et 2011) et Valentino Rossi (2001). Dajiro Kato, déjà vainqueur en 2000, est le dernier pilote de Grand Prix à s’imposer en 2002. En 2015, les pilotes de MotoGP font un retour gagnant avec la victoire de Katsuyuki Nakasuga, Pol Espargaro et Bradley Smith (Yamaha Factory).
Cette course mythique n’était donc pas dans mon agenda 2016... mais quelques semaines avant la course, le team Suzuki R2CL me contacte car ils ont besoin d’un pilote. C’est sans hésiter, vous imaginez bien, que je leur dis un grand OUI !
J’aurais dû avoir normalement comme coéquipier deux Australiens. Malheureusement, quelques jours avant la course l’un des deux se blesse, nous serons finalement que deux à s'aligner au départ, ce qui promet une belle dépense d’énergie sur ce circuit somme toute rapide et sinueux !
Pour nous acclimater, nous arrivons sur place à Osaka au Japon quelques jours à l'avance, après 9'723 km et plus de 18 heures d’avion. Nous nous lançons dans la dégustation des fameux sushi, nigiri, sashimi, yakitoris et autres nouilles. Il faut dire que j’avais un super guide pour me conseiller dans mon choix de restaurants...
Bref, retournons à nos moutons ou plutôt à nos motos !
Le mercredi, je décide d’aller faire un tour de reconnaissance du circuit à pied, en courant. Je crois bien que c’est la première fois que je sais plus où je suis sur un circuit ! J’aurais peut-être dû jouer plus souvent à la PlayStation... La piste fait quasiment 6 km, ça monte, ça descend, virages rapides ou lents... ça m’a à l’air beau mais techniquement très compliqué.
Je fais un petit tour des boxes par la pit-lane et je comprends rapidement que les Japonais ne sont pas là pour rigoler ! Le sort de la nation est en jeu, harakiri à celui qui ne performera pas. Enfin, je suppose, à voir le nombre de sabres qui traînent dans leurs boxes. Leurs motos et les teams ont l’air vraiment très affûtés et prêts à en découdre grave, ça sent la haute performance partout !
Les essais débutent le jeudi. J’apprends la piste avec la moto tours après tours et mes chronos descendent gentiment et régulièrement. Je tourne alors en 2min16. La superpole 2015 était en 2.06, il y a un fossé à combler pour moi. Nous avons beaucoup travaillé sur le châssis de la moto, lors des roulages, mais j’avais de la peine à la faire tourner et à changer d’angle.
Vendredi matin, retour en piste avec de nouveaux réglages. Je signe d’entrée de jeu un bon chrono 2.12.3 ! La moto commence à me plaire mais seul "souci", mon coéquipier roule plus de deux secondes moins vite que moi avec cette configuration de châssis... il va falloir trouver un compromis. C’est ça l’endurance !
Vendredi après-midi, voici venu l’heure des qualifications. La moto n’est plus tout à fait comme je l’aurais souhaité mais je vais me battre avec ! Je rate un peu ma première qualif' et me concentre sur la deuxième. Au bout de seulement deux tours, je valide un chrono de 2.12.1 ! Je ne suis pas content de cette performance mais pas facile de rouler avec des réglages qui ne me correspondent pas vraiment. On qualifie tout de même la moto en 23ème position sur 68 équipes engagées.
Mon coéquipier Aaron prend le départ. Il fait un bon premier relais et me passe le relais en 22ème position.
Je prends la piste et j’essaie de me caler dans un bon rythme mais sans forcer ! La course est longue, la piste est très dure physiquement et nous ne sommes que deux pilotes.
A l’heure de mon deuxième relais, nous avons déjà gagné trois places. J’effectue un relais très rapide malgré la chaleur étouffante du Japon qui nous empêche de bien nous oxygéner. Nous sommes 13ème.
Nous allons nous battre aux alentours de cette place jusqu’au bout de la course ! Lors des derniers relais, je commence à sentir la fatigue, je me bats pour garder le rythme et surtout rester concentré pour ne pas faire d’erreurs qui pourrait nous faire perdre très gros. J’ai l’honneur d’effectuer le dernier relais de la course et de passer la ligne d’arrivée !
Splendide, les supporters japonais sont présents, des feux d’artifices géants, une foule en délire, une haie d’honneur dans la ligne droite d’arrivée... quelle ambiance ! Et l’émotion que je ressens est indescriptible. Je l’ai fait !
Que dire de plus, je suis heureux de cette magnifique course.