
Après de nombreuses années passées en compétition de scooter, j'ai décidé de m'engager en Coupe de France Promosport 1000.
Voilà, la date tant attendue est arrivée. On stresse pour finir la moto, on prépare le matériel, on vérifie que l'on ait rien oublié, on part... on a oublié quelque chose ! Puis on appelle les amis qui nous sauvent en nous rejoignant plus tard.
Hop, sur la route direction le Lédenon. On pense, on réfléchit, on se demande si l'on va être à la hauteur, si la machine va tenir le coup et surtout, on tente de canaliser cette envie de mettre les gaz en grand (eh oui, il y a des paparazzis sur la route qui tentent de voler votre permis de conduire).
Me voici arrivé au Lédenon en milieu de nuit. Il y a déjà beaucoup de monde dans les paddocks. Je descends de mon fourgon et la première chose qui me marque, c'est un son si particulier que j'entends à 100 mètres d'où je me trouve... Le ronflement du motard résonne dans tout le paddock ! Plus sérieusement, l'infrastructure en place fait rêver. Semi-remorque du manufacturier pneumatique, marchand de pièces, deux préparateurs de suspensions de renommée, des centaines de motos. On se rend compte immédiatement qu'il va falloir mettre du gaz, et pas qu'un peu !
Après quelques petites heures de repos et la mise en place du box, un petit tour du paddock s'imposait. J'y ai vu des machines à faire rêver, toutes plus belles les unes que les autres. Propres, soignées, décorées et expirant la passion de leur propriétaire. N'en pouvant plus d'attendre, je file m'inscrire pour les deux séances d'essais de la journée (avec le sourire, je roulerai aux sessions "chaton" et "grille-pain", comme c'est mignon).
Enfin, c'est parti, le moteur ronronne ! Je m'élance pour un tour de reconnaissance... ah non, ce n'est pas possible. Les concurrents sont déjà ventre à terre, je ne suis qu'une chicane mobile.
J'en déduis donc qu'ils connaissent déjà tous la piste comme leur poche. Je m'efforce donc de hausser le rythme afin de ne pas me faire percuter. Le ressenti fait mal, les réglages de la moto sont catastrophiques, retour au box !
Après quelques clics sur les suspensions et vérification des pressions pneumatiques, je démarre la deuxième séance et j'effectue plusieurs haltes pour tenter de régler la moto. La journée est déjà terminée et ni la moto, ni le pilote ne sont efficaces.
Vendredi, on prend les mêmes et on recommence. Il fait froid, les pneus ne chauffent pas bien. La moto est toujours très instable. Elle louvoie beaucoup et plonge beaucoup trop au freinage malgré les tentatives de réglages. La session est terminée et il se met à pleuvoir. Décidément, les ennuis continuent ! Je m'élance donc pour mon tout premier roulage sous la pluie. Après quelques travers de porc (pas ceux que l'on déguste malheureusement), je suis contraint de rouler "sur des œufs" à une vitesse frôlant le ridicule. A cet instant, je me suis dit que le week-end allait être très difficile pour moi. Il est temps d'aller se reposer et faire le point.
Samedi, ça y est, le premier jour officiel de course est arrivé. La journée comprend une séance de qualifications par catégorie et une course. Je me place en sortie de box. Autour de moi, quarante pilotes assoiffés de bons chronos. Il est temps de faire du mieux possible. On tente un dernier réglage et c'est parti. La moto se comporte un peu mieux, mais c'est toujours mauvais. Je tente de corriger les défauts en conduisant tout en douceur et je parviens malgré tout à me qualifier vingt-troisième.
De retour au box, on démonte une grande partie de la moto et j'emmène mes suspensions chez l'un des préparateurs sur place. Il vérifie le matériel et m'apprend que mon amortisseur était muni du mauvais ressort et qu'il manquait une bonne quantité d'huile dans ma fourche, raison pour laquelle elle ne fonctionnait pas correctement. Le problème de fourche a été réglé, contrairement à celui de l'amortisseur, faute de pièce disponible sur place.
Pour le coup, tous les réglages étaient à recommencer. Difficile à encaisser lorsque l'on sait que la prochaine entrée en piste, c'est la course ! Je ne baisse pas les bras et on tente d'effectuer un réglage de base sur les conseils avisés de l'expert suspensions, puis on remonte la moto.
Entrée en pré-grille, la tension monte avec l'excitation de prendre le départ. Un pipi de la peur et c'est parti pour le tour de chauffe et placement sur la grille. Je suis malheureusement en milieu de piste, entouré de pilotes de toute part. Je me demande par où je vais pouvoir m'extraire.
Les feux s'allument, les moteurs rugissent, plus personne ne bouge, tels des félins prêts à bondir. Extinction des feux, gaaaaaaaaz ! J'effectue un bon départ et je parviens à m'extraire sur l'extérieur du premier virage pour contourner l'effet "entonnoir". A ce moment, un concurrent chute devant moi et en embarque un autre, m'obligeant à couper ma phase d'accélération. Ayant réussi à les éviter, je continue de tenter une remontée, qui fonctionne sur deux tours. Les modifications apportées au châssis me permettent de rouler une seconde plus vite qu'aux essais et de pointer en quinzième position.
Malheureusement, ce ne sera pas assez pour remonter sur d'autres concurrents, devant me battre à chaque instant avec la moto. J'ai donc passé la ligne d'arrivée avec une satisfaisante et inespérée quinzième place qui me rapporte un point pour fêter cette première course 1000cc.
Dimanche, la course a malheureusement et été annulée sur une sage décision de la direction de course, pour cause de conditions météorologiques trop mauvaises (pluie, bourrasques de vent, brouillard). Le rangement et l'apéro m'ont donné rendez-vous plus tôt que prévu.
On rentre à la maison et nous nous revoyons les 30 avril et 1er mai pour la prochaine compétition Promosport 1000 sur un circuit que je n'ai jamais vu, soit le circuit de Carole.