
L’audience du Tribunal régional du Littoral et du Val-de-Travers s’est tenue dans la salle du Conseil général de Boudry, en présence de huit mandataires (dont deux pour les prévenus). Verdict : toute une journée n’a pas suffi pour en arriver aux plaidoiries, qui devraient avoir lieu le 16 décembre. A l’image du brasier, maîtrisé après un jour seulement non sans provoquer des départs de feu pendant une semaine, les débats judiciaires ont été parfois échauffés ou interminables.
Les prévenus ont ainsi passé une journée plus tranquille que leur ancien propriétaire, pris pour cible par leurs défenseurs. Selon eux, les entrepôts n’étaient plus aux normes depuis longtemps : "comment expliquez-vous qu’un demi-litre d’essence ait eu raison de tout le complexe", ont-ils lancé. Et le plaignant subitement devenu "accusé" de répondre : "J’ai toujours fait respecter les normes, qu’elles soient communales, cantonales ou fédérales".
Certains courriers versés au dossier laissent pourtant penser le contraire. Par exemple, un responsable de la commission communale du feu estimait avant les faits que le lieu serait "un véritable guet-apens" en cas d’incendie, cite la défense. Plusieurs milliers de litres de matériaux inflammables étaient entreposés dans les boxes, selon une estimation.
Quoiqu’il en soit, ce sont 15 à 20 millions de francs qui sont partis en fumée, selon les estimations de l'ECAP. Les entrepôts sont en reconstruction et les assurances verseront au propriétaire le manque à gagner locatif jusqu’en août 2015, avance l'avocat du principal lésé.
Les mandataires des prévenus se sont aussi attaqués à la procureure en charge de l’affaire, qui aurait travaillé "totalement à charge". Ils vont d’ailleurs déposer un recours contre sa décision de non-entrée en matière concernant une accusation du propriétaire pour lésions corporelles. Les deux jeunes bricoleurs avaient en effet été transportés en ambulance à l’hôpital, l’un d’eux souffrant de brûlures au deuxième degré.
Le sinistre s’est donc déclenché dans un box. Les deux passionnés de moto retapaient une Buell. Ils en vidaient le réservoir et comme la pompe ne fonctionnait pas, ils ont versé l'essence dans une bassine qu’ils ont laissée sur l’établi pour poursuivre leur activité ailleurs dans le box. C’est quelques minutes plus tard, selon eux, que le feu s'est déclenché sur l’établi. Les flammes de 30 à 40cm ont grandi beaucoup trop vite, l’extincteur ne faisant qu’empirer la situation. Les deux jeunes ont couru avertir les pompiers, qui se situaient juste en face, à quelques mètres.
L’un des deux prévenus n’exclut pas avoir commis une erreur humaine. Le procès a d’ailleurs mis en évidence que les prévenus avaient installés eux-mêmes des néons et des ventilateurs dans leur espace locatif.
Selon l’enquête de la police scientifique, l’étincelle qui a embrasé le combustible ne pouvait provenir que du dispositif de pompage qui traînait sur l’établi.