
Agostini demeure le pilote avec le meilleur palmarès dans le Championnat du Monde, avec pas moins de quinze titres et un total de 122 victoires à son nom. Célèbre pour ses nombreux records, il jouissait aussi d’une popularité sans égale auprès du public, semblable à celle qu’allait connaître trois décennies plus tard son compatriote Valentino Rossi.
Dans les années 1960-70, le pouvoir des médias, ou du moins de la télévision, n’était cependant pas comparable à celui d’aujourd’hui. Au lieu d’une image, c’était le jeune pilote lui-même, ambassadeur d’Italie et reconnu comme athlète, qui était le phénomène.
Agostini était arrivé dans le monde du motocyclisme avec une détermination hors du commun. Il venait d’une famille qui n’avait aucun lien avec le sport et son père n’aimait d’ailleurs pas vraiment l’idée d’envoyer son fils se battre sur un deux-roues. Il fut néanmoins convaincu par un officiel de l’époque lorsque son fils tenta de s’inscrire pour la course de Trento à Bondone, qu’il allait finir en seconde position sur une modeste Morini 175 Settebello.
L’année suivante, Morini engageait Agostini dans le Championnat d’Italie, qu’il remportait en 1974, mais faisait aussi une apparition au Grand Prix des Nations 250cc, à Monza, dont il prenait la quatrième place. Cette performance n’allait pas échapper au Comte Domenico Agusta, qui s’assura les services du jeune Agostini presque immédiatement pour l’aligner chez MV Agusta aux côtés du Champion du Monde 500cc Mike Hailwood.
Ago fit ses débuts en 500cc en 1965 et à l’époque, les pilotes avaient l’habitude de courir dans plusieurs catégories à la fois, si bien que l’Italien s’engagea aussi en 350cc. Sa première victoire sur le terrifiant Nürburgring fut le premier des trois succès de sa première année, terminée avec le titre de vice-Champion derrière Hailwood.
Et ce fut l’année suivante que la véritable légende d’Agostini commença à émerger. Son coéquipier, Hailwood, partait chez Honda, laissant à Agostini l’opportunité de se préparer une MV sur mesures, une machine qui allait lui permettre de récolter sept titres consécutifs en 500cc, un record toujours intact à l’heure actuelle.
De 1966 à 1972, la légende n’allait que s’étoffer. Agostini ne se contenta pas seulement de monopoliser le titre de Champion du Monde 500cc mais décrocha aussi cinq titres consécutifs en 350cc. Ses batailles avec Hailwood et Phil Read en 500cc furent épiques mais ses duels avec le Finlandais Jarno Saarinen et son compatriote italien Renzo Pasolini étaient tout aussi passionnants. Sa rivalité avec Saarinen et Pasolini allaient cependant être remplacée par une immense tristesse lorsque les deux perdirent la vie à Monza en 1973.
Passé à ses côtés chez MV, Phil Read allait remporter le premier de ses deux titres dans la catégorie reine en 1973 et pousser Agostini à changer d’équipe pour rejoindre Yamaha, avec qui il décrocha son dernier titre en 1975. Comme pour Valentino Rossi, ce départ d’un team avec lequel il avait connu tant de succès fut suivi d’une superbe aventure, avec le titre 500cc avec Yamaaha en 1975, une victoire au Daytona 200 et le titre 350cc en 1974.
Giacomo Agostini a vécu l’une des plus longues carrières dont le Championnat du Monde ait été témoin et s’est maintenu au plus haut niveau durant pas moins de dix-sept ans. Et comme sur un air de déjà-vu, il remporta sa dernière victoire sur les lieux de la première, au Nürburgring. Le moment était alors venu de délaisser son célèbre casque tricolore, mais Ago et ses records n’allaient jamais quitter le monde du MotoGP™.