
Tu as commencé la compétition très jeune et tu t’en es distancé ensuite. Pourquoi ?
J’ai commencé la compétition à six ans. J’en ai fait jusqu’à mes dix-huit ans, donc de 1997 à 2009. J’ai fait du supermotard en championnat de France et d’Italie, puis à la fin, en championnat européen. J’ai commencé ensuite des études supérieures donc je n’avais plus le temps de m’entraîner et je me suis rendu compte que je n’avais pas le niveau pour être professionnel. Du coup je me suis complètement déconnecté du monde de la moto pour me consacrer à mes études.
Dans le fond, ta passion est restée intacte ?
Exact. Je ne pouvais pas m’empêcher de suivre les résultats des courses. A un certain moment je me suis rendu à l’évidence : « regarde les choses en face, tu as encore envie de faire de la moto ». Pendant mes études j’ai appris à écrire. J’ai voulu donc joindre mes deux passions : l'écriture et la moto. Et quand je suis devenu journaliste-essayeur en 2014, j’ai recommencé à faire des courses. De plus, c’est la compétition qui m’a donné goût à la moto. Rouler sur piste, essayer d’aller le plus vite possible, aller au bout de la moto, c’est comme ça que j’ai découvert ce monde. Avec le journalisme j’ai découvert d’autres aspects super cool, comme le côté moto au quotidien, l’histoire, bref tout ce qu’on a l’occasion de découvrir comme journaliste et essayeur, y compris le trail et la GT. Ça me plaît mais au fond de moi, c’est la compétition que je préfère.
Comment est-ce que tu te prépares pour une course d’endurance ?
Je regarde, quand je suis sur la moto, où j’ai éventuellement mal, si je suis essoufflé etc. J’en informe mon préparateur physique et je travaille sur ces points précis. D’habitude, mon entraînement se compose de deux ou trois sorties cardio par semaine, c’est-à-dire aller courir, puis deux ou trois séances de renforcement musculaire. J’essaie de travailler ces points à la même fréquence cardiaque que j’ai quand je suis lors d’une course, donc entre 150 et 160 bpm. J’essaie par ailleurs de rouler autant que possible en moto, deux ou trois fois par semaine, quand j’arrive à organiser mon planning pour dégager ce temps. Je fais du tout-terrain et beaucoup de trial. C’est très intéressant ! Tout cela m’a permis de revoir beaucoup de bases et aussi d’améliorer ma coordination et ma précision, par exemple au niveau de la poignée de gaz. L’entraînement technique en semaine consiste à prendre une moto et essayer de rouler le plus possible.
Cette fois tu pars en tant que pilote titulaire. Comment le vis-tu ? Sereinement, ou bien est-ce une pression supplémentaire ?
C’est différent. Je ne sais pas s’il y a plus de pression mais la pression est différente. Tu sais que tu vas rouler, par contre il faut être performant pendant toute la course. C’est vrai que c’est agréable car l’équipe me fait confiance et voit en moi un potentiel de résultat. Lorsque tu t’entraînes, ça te donne un petit regain de motivation et d’envie. C’est cool ! En revanche il faut être à cent pour cent le jour de la course. Mais finalement c’est une meilleure situation que celle, délicate, de l’an passé ou j’étais quatrième pilote.
Quel est ton objectif ?
Finir les 24 Heures du Mans, plein de gens l’ont fait avant moi. Ce n’est pas cela qui me donne envie de me préparer. Ce que je veux, c’est aller me battre sur la piste pour faire un résultat ! Notre ambition cette année est de faire un podium en stock. Je me bats pour quelque chose, il y a une prise de risque aussi et cela correspond beaucoup mieux à ce dont j’ai envie.
Comment vous y prenez-vous pour régler une seule moto pour plusieurs pilotes ?
Notre chance c’est que la Yamaha est très saine et neutre. La seule chose qui m’a un peu dérangé lors des essais est la position avec le dosseret de selle. Mais on a fait un compromis. On se met d’accord sur les réglages et on a des remontées d’infos similaires. Je suis donc rassuré, contrairement à l’an passé où j’étais en galère sur la moto de la Police Nationale qui n'était pas adaptée à mon gabarit.
Pourquoi l’Endurance ?
Pour plusieurs raisons. D’abord pour une question de planning. Ma priorité est de travailler pour High Side et cela prend énormément de temps. Faire une saison d’une dizaine de courses qui me prendraient à chaque fois quatre ou cinq jours par course serait impossible. J’ai donc choisi une discipline avec un calendrier moins chargé mais avec beaucoup de temps de roulage. J’ai eu l’opportunité l’an passé d’être quatrième pilote et j’ai pu découvrir l’esprit d’équipe qui règne en endurance. C’est bien au-delà de ce que j’ai pu connaître en faisant des courses en solo ! En endurance, tout le monde est important, du cuistot au panneauteur. Pour être honnête, cela me fait penser à nos tournages chez High Side. Sur le tournage si l’assistant fait une erreur et efface toutes les données, tout est fichu. Ce côté chaîne est nettement plus humain ! En plus, le fait de passer une semaine en équipe crée forcement des liens.
Merci beaucoup Adrian pour cette interview ! Que cette saison soit à la hauteur de tes attentes.