L’organisateur du Dakar ayant beaucoup trop de demandes pour les pilotes moto a mis en place un système de sélection dont l’une des obligations est d'avoir couru une manche du mondial des rallyes et des Dakar series. Donc même si je n’ai toujours pas le budget pour le Dakar, je suis quand-même allé en Sardaigne, juste au cas où…
J'ai loué une moto au team hollandais HT Honda Rally Raid, qui est une équipe pro qui a déjà une quinzaine de Dakar à son actif.
J'étais un peu stressé les jours avant car j'ai beaucoup travaillé et du coup fait très peu de physique, de plus je ne connaissais pas leur moto et je n'avais jamais fait un rallye auparavant. En plus sur place, on m'a dit que c'était le rallye à la fois le plus physique et le plus technique ainsi que le plus dur pour la navigation. Heureusement que j'étais sur une île sinon je me serais enfui !
Mais au final tout s'est bien passé. La moto est une CRF-X d'enduro améliorée avec un plus gros réservoir et les outils de navigation. Les suspensions étaient bonnes et la moto pas trop fatigantes, même avec les 15 litres d'essence. J'ai juste pu rouler 30 minutes le jour avant le départ pour régler les leviers et avoir un avant-goût et le lendemain : c'était parti !
C'est toujours marrant d'être un débutant et de te retrouver à côté de Marc Coma ou Olivier Pain, mais avec le temps je m'en soucie plus trop.
Mon but était vraiment de finir la course, donc je suis parti assez prudent, car la navigation ça met quelques heures à rentrer, parce qu'il faut en permanence savoir où tu es, à quel kilométrage, quelle est la prochaine direction, etc. Donc au début tu ralentis toujours beaucoup trop, dès que tu prends plus confiance tu accélères et tu rates des directions, donc tu fais demi-tour etc. En plus pour le rallye de Sardaigne, puisqu'il est technique et qu'il tourne beaucoup, on avait beaucoup d'indications. Sur certaines journées, on avait plus de 500 indications différentes donc ce n’était pas facile et très prenant mentalement.
Le premier jour, j'ai même entendu Olivier Pain dire à son mécano qu'il a calé un peu sur la fin de l'étape, ça m'a rassuré. Il faut dire qu'il faisait plus de 30 degrés et qu'on s'est tapé pas mal de méchante montée caillouteuse dans les montagnes sardes.
Au 3ème jour, on a eu l'étape marathon, donc longue et sans assistance, le soir tout le monde dort sous tente et mange ensemble. C'était sympa de voir les pilotes d'usine manger tous à la même table, malgré les différences de marques, et même certains avec un petit verre de rouge à la main (il faut dire qu'après 10 heures sur la moto, on a grillé toutes les calories pour une semaine de toute façon).
Le matin du 4ème jour a été très dur pour moi, car mon corps sentait encore la longue étape de la veille et on est parti directement en spéciale à 8h30 dans du gros caillou, mais après une demi-heure tout était chaud et la fin de journée plus facile. Malheureusement c'est lors de cette étape que je me suis planté dans un bourbier à cause d'une petite erreur de navigation et j'ai perdu facilement 2 heures en tout. J'étais très fâché contre moi-même mais le soir, j'ai vu que ça faisait marrer le patron du team car jusque-là il était très étonné qu'il ne me soit pas arrivé de soucis pour mon premier rallye.
Pour la 5ème et dernière étape, les spéciales étaient beaucoup plus plaisantes car on a emprunté pas mal de route du WRC et à c'était large rapide et tout en travers, c'était une belle récompense pour cette fin de rallye!
Je finis 31ème en partant à 60 pilotes, je visais la première moitié du classement donc je n'ai pas atteint mon objectif personnel, mais on fera avec. J'ai beaucoup aimé la navigation et l'ambiance générale du rallye et j'ai terminé sans grosse difficulté. Après 5 jours et environ 40 heures passées sur la moto j'étais forcément content de finir, mais physiquement j'aurais pu tenir encore plusieurs jours sans trop de soucis.