Sur le papier la comparaison se prête plutôt bien. Autant la BMW que la Yamaha sont apparentés au roadster respectif de la marque et en héritent du moteur et d'une partie du châssis. La bavaroise est moins cher que la japonaise, mais une fois les équipements pléthoriques de la Yamaha ajoutés ça se joue à pas grand chose.
Comparons le moteur bicylindre 895 cm3 et le tricylindre CP3 847 cm3. Aux performances, la F doit rendre 10 chevaux à la Tracer (115 ch.) mais lui reprend 5 Nm. Le couple culmine à 92Nm face à 87Nm pour la Yamaha. L'Allemande est aussi plus lourde de 4 kg (215 contre 219 kg.) sa selle est 25mm plus basse avec 825 mm.
La suspension de la Yamaha semble être de meilleure facture, avec une fourche entièrement réglable et un amortisseur réglable en précharge avec une molette déportée. La BMW est plus rustique : sur la fourche rien n'est réglable. L'amortisseur est réglable en pré-charge et en rebond. Cette moto va à contre-courant de la réputation de la marque.
Face au large écran TFT de la F900XR, celui de la Tracer 900 GT fait petit bras. Il en est pas moins complet, rien ne manque à cet affichage. Les boutons répartis à gauche et à droite du guidon sont un plus pour naviguer dans les réglages. Les boutons de la BMW sont uniquement à gauche et plus complexes à appréhender.
Je le disais tout à l'heure, l'équipement de la Yamaha est pléthorique. La Tracer 900 GT est un genre de all-in qui a éclipsé la Tracer 900 qu'on trouve dans les pays limitrophe mais que Yamaha n'importe plus en Suisse, faute de vente. Dans son équipement on trouve : la béquille centrale, le régulateur de vitesse, le shifter up, les protèges-mains et les valises latérales.
En partant de CHF 12'300.-, la BMW est en revanche équipée d'un ABS Pro, donc actif sur l'angle. Pour la mettre au niveau il faudra cocher ces équipements en option et obtenir en plus le blipper pour rétrograder sans embrayage. Le prix sera alors de CHF 13'280.- hors valises, la Yamaha s'affiche CHF 13'990.- avec ces dernières. Un détail enfin sur notre moto d'essai, le peinture rouge entraine un supplément de CHF 230.- et le bulle basse teintée est une option gratuite.
Le look de la Tracer a pris un coup de vieux, quand on voit la Tracer 700 d'une part mais aussi garée à côté de la F900 XR. Heureusement la japonnaise devrait voir venir une mise à jour sous peu. Heureusement les matériaux sont assez beau et bien assemblés. Le design de l'allemande est dynamique mais est essentiellement en plastique et la qualité perçue s'en ressent.
Peu après avoir pris possession des 2 motos, on est tout de suite parti pour une première prise en main en confrontation direct. J'ai retrouvé la Tracer 900 comme je l'avais quittée quand elle s'appelait encore MT-09 Tracer. Confortable et souveraine, elle enroule les virages sereinement. Je saute sur la BMW, c'est un choc. Elle est raide, le moteur est explosif, on a les pieds plus haut, les genoux plus pliés.
En fait c'est un roadster position haute ! La différence entre la F900 R et la F900 XR est en fait très faible. D'une MT-09 à la Tracer 900, l'écart est bien plus important. Un fossé sépare la BMW et la Yamaha en termes de comportement. Dès lors, on s'en doute que la meilleure voyageuse est la plus confortable des deux.
La GT se distingue avec une vraie bulle qui protège le pilote jusqu'à 1m80. Moi qui suis légèrement plus grand, j'avais le flux d'air sur le haut de mon casque. Confortablement installlé dans une position détendue, le guidon tombe dans les mains. Il confère un très bon contrôle de la moto, on manoeuvre facilement à basse vitesse.
Le moteur CP-3 délivre progressivement sa puissance et monte joyeusement en régime avec une bande son agréable. Que ce soit à l'attaque ou au quotidien, des borgorygmes remontent de l'échappement pour vous mettre le sourire en un instant. Le moteur alonge tellement qu'en col on peut pratiquement rester qu'en deuxième avec une vitesse de passage en épingle ou une vitesse maximum déjà répréhensible.
Le freinage est endurant et arrête très bien la moto mais manque de mordant. Ce n'est pas un défaut, juste un avis personnel. La Tracer n'en est pas moins stable et rassurante au freinage. Elle enchaine les cols sans broncher même bien chargée pour un week-end.
La BMW, c'est du sport à côté ! Très raide, elle invite à attaquer. Sa position est plus basculée vers l'avant avec une selle plus ferme. Avec celle-ci je dois avouer, j'ai rapidement eu mal aux fesses. Certes on peut voyager avec, les supports valises sont installés de série, mais dites-vous bien que vous partez en voyage en roadster.
Le train avant est incroyable, il est soudé à la route et donne une confiance hors normes. On a envie de rentrer à des vitesses inavouables en courbe tant le maniement est instinctif. Le freinage va de paire avec cette invitation, le mordant et l'endurance sont au rendez-vous. Dans les enchainements, la F900 XR fait démonstration de son agilité pour changer d'un angle à l'autre.
Le moteur bicylindre, qui affiche une valeur plus importante de couple que la Yamaha, donne une impression plus explosive. Et même s'il est volontaire, il n'allonge pas autant. Le rupteur vient interrompre l'épopée et force le passage à la vitesse supérieure. En revanche je lui ferai le même reproche qu'à la version R : le bruit n'a pas de particularité, pas d'élément notable comme le moteur Yamaha qui fait plaisir à utiliser.
L'objectif de ce comparatif, c'était trouver la bonne voyageuse. Autant dire que celle qui l'emporte semble évident : la Yamaha. Cette Tracer 900 GT mérite son étiquette de voyageuse. Elle en a l'étoffe en se démarquant suffisament des roadster. Face à elle, non pas un trail mais un roadster haut. La F900 XR ne pouvait donc pas faire le poids comme voyageuse.
Il faut cependant lui laisser ses capacités dynamiques. Elles raviront les pilotes à la recherche de performances et une position assise moins contraignante pour le dos. Même au prix d'appel, la BMW tire son épingle du jeu sans faire d'ombre à la Japonnaise.
Ces deux modèles sont aussi différents que les clients qui les choisiront. Leur seul point commun au final est d'avoir 900 dans leur nom.