It’s time to ride
Arrivée chez Ducati Iberica, dans la zone industrielle de Valencia, où une vingtaine de motos nous attendent. Au programme, une boucle de quelques 320km sur des routes sinueuses à souhait, avec quelques traversées de villages et un peu d’autoroute. Je prends place sur la « baby » Multistrada, équipée de roues à rayons et de valises, et mets le contact. Enfin, la clé électronique dans la poche, plutôt. Une pression sur le bouton de mise en marche et le sublime tableau de bord TFT de 5 pouces s’anime. Le temps de comprendre comment passer d’un mode moteur à l’autre (il faut une longue pression sur un bouton, puis sélectionner le mode voulu et laisser appuyer 3 longues secondes, gaz coupés, avant que le changement ne s’opère), et j’appuie le démarreur. Une sonorité rauque envahit l’espace sonore, bientôt rejointe par celles de moto des autres journalistes présents. Croyez-moi, quand vingt Testastretta grondent en cœur, cela vous prend aux tripes ! Il est 9h, le soleil brille, la température frise les 15°, je pense qu’on peut dire sans trop s’avancer que la journée commence bien.
Une dose de confort avec une touche de sportivité
1ers tours de roues, et je suis vraiment à l’aise. La position du buste est droite, et les jambes sont un peu repliées, avec les pieds légèrement en retrait des genoux. Hey, on est quand même sur une Ducati ! De prime abord, la selle me semble un peu ferme. Large et plate, elle devrait permettre de se déplacer facilement sur les changements d’angle, avec en prime le séant bien calé par la selle passager, qui fait office de petit dosseret. Bien pratique lors des phases d’accélération. Sa hauteur de 840mm est aussi idéale pour mon mètre quatre-vingt-quatre mais je préconise fortement d’opter d’office pour la selle basse, qui ramène la hauteur d’assise à 820mm, pour celles et ceux qui seraient un peu moins grands. Une fois lancée, la moto est agile et se joue des aléas de la circulation. Il faut s’extirper de la ville et pour cela, pas d’autre choix que d’emprunter l’autoroute. L’occasion de se familiariser avec les commandes, et de valider la protection. Si les jambes et les mains sont parfaitement à l’abri, mes épaules doivent affronter quelques turbulences. La bulle, qui est fort pratiquement réglable d’une seule main, est assez échancrée vers le bas et protège efficacement le buste... en position haute. Une bulle plus protectrice sera indispensable pour les rouleurs au long cours ou pour ceux dont l’autoroute est une purge quotidienne.
Bien calé à 120km/h grâce au régulateur de vitesse et à son fonctionnement intuitif, je constate que quelques petites vibrations s’invitent à la fête. Le moteur tourne à 5000tr/min et si les mains sont épargnées, vos fessiers le seront moins. C’est léger, mais cela peut être fatiguant suivant la longueur de l’étape prévue. A partir de 7000tr/min d’ailleurs, les vibrations s’accentuent, devenant plus dérangeantes. Si cela ne perturbe pas la conduite sur route, et donne même de la vie au moteur, c’est cependant clairement désagréable à régime constant. Un bon moyen de ne pas dépasser les vitesses autorisées, assurément !
Tour de manège
Une fois dans l’arrière-pays, place au grand huit. Les routes semblent avoir été dessinées par un ingénieur atteint de la maladie de Parkinson et les lignes droites sont majoritairement aux abonnées absentes. Dans ce contexte jubilatoire pour tout motard qui se respecte, la Multistrada 950 S sort le grand jeu et dévoile ses cartes. Le moteur est expressif et rageur, avec une montée en régime progressive, mais assez vive et qui s’accélère encore à partir de 7000tr/min. La sonorité, caverneuse et métallique, accompagne ces envolées lyriques dans une symphonie jouissive.
Pour autant, lorsqu’on approche d’un village, le bloc italien sait faire preuve d’une certaine souplesse, permettant d’évoluer à partir de 2000tr/min sur les 1ers rapports. La connexion avec la poignée de gaz via le ride-by-wire est instantanée et si elle frôle la perfection en mode arsouille, elle s’avère plus délicate à gérer lorsqu’il s’agit de faire preuve de douceur et de progressivité. Un rapide passage en mode « Urban » permettra alors de gagner en douceur de fonctionnement, ainsi qu’en confort de suspension. La puissance se verra également réduite à 75cv, ce qui fera de ce mode un allié de choix en cas d’adhérence précaire. La 950 S saura donc se montrer calme, pour autant que vous résistiez à titiller les gaz. Polyvalente, oui, mais à l’italienne, avec son caractère qui vous rappelle que la cavalerie est disponible et prête à bondir. Une Ducati restera toujours une Ducati. Car dès que l’horizon s’ouvrira à nouveau, le moteur vous expliquera que son seul but dans la vie est de se faire rentrer dedans jusqu’à ce qu’un sourire béat se dessine alors sur notre visage.
Scotchée au bitume
La nouvelle partie-cycle, et précisément les suspensions adaptatives DSS « Evo », sont bluffantes d’efficacité. La liaison avec le sol est parfaite, et le train avant offre un retour d’information précis au pilote. Le mode Touring, le plus utilisé lors de cet essai, est sans aucun doute le meilleur compromis pour moi. Offrant l’entier de la cavalerie disponible, et un haut degré d’assistance de l’ABS et du DTC, il permet d’attaquer sans arrière-pensée et de se faire plaisir en toute sérénité. Le mode Sport, un peu plus réactif, durcira l’amortissement pour offrir aux plus sportifs d’entre nous un plus grand contrôle de la machine, en réduisant le degré d’intervention des assistances.
Pour autant, même en mode Sport, le confort reste de mise. On est bien sur une Multistrada, et non sur une Diavel ou une Panigale. En tous les cas, chacun pourra trouver ses réglages idéaux, que ce soit via le DMS (pour Ducati Media System, en option sur la 950, et de série sur cette version S, qui permet également d’exporter les données de la moto ou des trajets via une connexion bluetooth), ou directement via le smartphone. En tous les cas, ce système Skyhook offre un feeling incomparable, et permet de se concentrer sur l’expérience de conduite en toute sérénité. Jamais, que ce soit sur des routes plus dégradées, des portions humides voir sablonneuse, je n’ai réussi à les prendre en défaut. Une vraie réussite qui justifie presque à elle seule le surplus demandé pour cette version S.