Pour cette nouvelle version, Bridgestone habille les roues de la belle avec un tout nouveau pneu, à savoir le RS10, prévu spécialement pour la R1M. Evidemment, une version M ne serait pas aboutie si elle n’était pas habillée de carbone, de ce coloris Silver Blu Carbon avec son réservoir et son bras oscillant polis… un pur bonheur pour les yeux.
Tout ça s’est bien beau mais ceux qui me connaissent savent parfaitement que l’électronique et moi, ça n’a jamais été une grande histoire d’amour. Du coup, je vous avouerais qu’en voyant l’équipement de la Yamaha YZF-R1M, je partais un peu sceptique quant au bienfait de toutes ces assistances. Il faut dire que si on fait le total, ça peut faire pâlir… IMU, YRC, CCU, SCU, TFT, ABS, TCS, SCS, LIF, LCF, vous voyez ce que je veux dire ?
Le lendemain, je devais découvrir tout ça sur le superbe tracé de Portimao au Portugal. Un circuit relativement exigeant, que ce soit pour le pilote ou pour la machine, avec énormément de dénivelé, et des virages à l’aveugle. Le top pour évaluer ces suspattes électroniques… si elles ne me lâchent pas avant ! Et pour bien apprendre, Yamaha nous a fourni quelques mecs qui touchent un peu dans le domaine. Marvin Fritz et Kohta Nozane, deux pilotes du team YART engagé en EWC accompagnent Alex Lowes et Michael Van der Mark, tout deux pilotes du team officiel Yamaha en WSBK… Du très beau monde donc, pour profiter un max de nos R1M équipées pour l’occasion de pneus slicks Bridgestone V02 soft et de l’échappement optionnel Akrapovic.
Dans ces montagnes russes, le comportement de la Yamaha est impérial. Je suis bluffé. Si je n’accélère pas immédiatement (faut l’apprendre ce tracé, croyez-moi !), les compressions et les bosses maltraiteraient n’importe quelle partie cycle. Et ma R1M ne bronche pas.
Après m’être un peu plus familiarisé avec les courbes portugaises, je peux enfin pousser un peu plus, pour comprendre et essayer de mettre en défaut ces puces qui gèrent tout. Mais ce n’est qu’après une explication bien particulière que je prendrais la mesure de l’efficacité de ces différentes aides au pilotage. Il est important de laisser travailler l’électronique et de lui faire confiance (un comble pour moi !). Si vous coupez les gaz au moindre mouvement de la moto, l’IMU (le truc qui analyse tous les mouvements anormaux de la moto) vous laisse la main car vous êtes prioritaire. Donc si par exemple, vous sentez la moto cabrer, continuez votre accélération de manière progressive et le LIF, pour Lift Control System, fera le nécessaire.
Retour en piste. J’exécute les conseils et là, miracle. L’électronique intervient en effet sans qu’on la sente vraiment s’activer ni s’arrêter. Je vous parlais de wheeling juste avant. Le LIF n’agit pas comme un « anti-wheeling », il le gère. C’est très différent, le sentiment de sécurité n’en est qu’amélioré et les performances sont démultipliées. Le résultat est impérial. Gaz en grand, on sait que l’avant reposera en douceur.
Le LIF n’est pas la seule puce à agir de manière transparente. Le SCS est le système de contrôle qui gère les dérives latérales à la ré-accélération sur l’angle. On ne le sent pas intervenir mais surtout on ne le sent pas s’arrêter tant il aide de manière discrète. J’ai pu le ressentir alors que Marvin Fritz me tirait en avant. Un moment déjà grisant en soi, mais mon pneu arrière montrait des signes de fatigue. Chaque accélération en sortie de virage était le théâtre d’une dérive qui était gérée par mon nouveau pote, le SCS. Le fait de garder mon accélération me paraissait particulier et, bien que je sente la moto dériver progressivement, je n’ai jamais eu besoin de lâcher la poignée de gaz, et ce, jusqu’à ce que la moto soit droite et que le SCS n’intervienne plus, sans que je m’en rende compte.