Il était attendu tel le Messie, après une matinée à rouler sous la pluie, nous l'avons enfin apercu. Qui ? Le soleil, naturellement. Les choses sérieuses allaient enfin pouvoir commencer et nous allons enfin pouvoir bousculer cette Tiger 2018, qui pour rappel se veut plus lègère (-10kg) et plus puissante (+2cv), ce qui devrait la rendre plus joueuse.
Toujours dans l'arrière pays andalou, notre guide ne s'est pas fait prier pour rattraper le temps perdu le matin, donc, de hausser le rythme. Ça tombe bien, la poignée de droite me démangeait sévère après avoir dû rouler en mode Rain. Nous voici donc partis pour plus de 50km de virolos avec parfois une qualité de bitume quelque peu douteuse, mais ce n'est pas grave, nous sommes là pour découvrir les bienfaits des améliorations amenés par Triumph.
Enfin, la moto s'exprime pleinement. Le moteur donne sa pleine puissance, avec une réponse à la poignée des gaz beaucoup plus incisive que sur le mode Rain. Alors honnêtement, celui qui arrive à me dire que les 2cv supplémentaires offrent un gain de puissance indéniable, je lui tire mon casque. La différence n'est pas palpable, la seule chose qui se ressent pleinement, est l'allègement de la moto, qui offre des reprises plus aisées, des changements d'angle bien plus rapides et un freinage qui devient un poil plus performant.
Les 141cv et le couple généreux de 122Nm sont bien présents, mais n'impressionnent pas. Mais ne vous y trompez pas, Triumph a juste retravaillé ses courbes et offre désormais un caractère plus lissé. Exit donc le coup de pied au Q, maintenant vous aurez droit à votre dose de couple sur l'ensemble de la plage d'utilisation. Ça pousse tout le temps une fois que vous aurez passé les 6'000tr/min, le tout avec un son flatteur. D'ailleurs, lorsque vous vous tirez la bourre avec vos autres confrères, il est toujours très agréable d'entendre la sonorité de celui qui vous précède et de celui qui vous suit. Oui, je sais, c'est pas bien de le faire sur route ouverte...
L'apport du Quickshifter Up/Down est un véritable gain de confort (pour les novices, il permet de monter et descendre les rapports sans avoir besoin d'actionner le levier d'embrayage ni couper les gaz. Il ne vous dispense toutefois pas d'actionner le sélecteur), les vitesses montent et descendent à la volée. Je n'ai noté aucun problème du côté de ce dernier ou de la boîte de vitesses. Les rapports se verrouillent bien, l'embrayage à commande hydraulique est vraiment très doux et agréable à l'usage, pour autant que vous vous en serviez.
Le TC contrôle dans ce mode "Road" et en mode essoreur de poignée, aura montré ses limites sur chaussées très dégradées. Entendez par là qu'il a fait son travail lorsque il m'est arrivé de sauter des bosses ou que les nids de poule jonchait la route. Il apporte quoiqu'il en soit un véritable plus en matière de contrôle de sa moto.
La suspension semi-active en mode "normal" est tout simplement bluffante d'efficacité. Pour rappel, vous pouvez la changer en un claquement de doigt avec le joystick de gauche et varier l'intensité en fonction du terrain ou de vos envies de confort à sport. Cette dernière a parfaitement filtré les irrégularités de la route et le retour d'informations au guidon est vraiment très précis. La moto va là où vous le souhaitez sans mauvaise surprise. Associé à une selle moelleuse et une position de conduite agréable, je serais bien parti pour quelques jours de plus.
Le freinage ABS actif en courbe est une belle découverte et permet de corriger les excès d'optimisme. Associé aux étriers Brembo à 4 pistons, il offre une puissance amplement suffisante pour l'utilisation faite. Le freinage arrière est également très performant et permissif, il ne faudra pas hésiter à écraser la pédale pour que l'ABS s'enclenche.
Aïe Aïe Aïe, un mode Sport sur un trail... Oui, ca existe et c'est plutôt à la mode ces temps, tant du côté des constructeurs européens que nippons. Et franchement, pourquoi pas devrais-je dire. Si vous pensez que ce type de moto ne peut pas arsouiller, vous faites erreur, une grave erreur même. Car derrière sa carrure plutôt imposante, se cache un Tigre (elle était facile celle-ci), alors certes, elle n'aura jamais l'agilité d'une Supermot', de toute façon ce n'est pas sa vocation, mais elle pourra en faire déchanter quelques-uns dans les cols.
Le mode Sport enclenché, la moto devient plus agressive. La courbe moteur est remaniée, la réponse des gaz devient plus réactive et le Traction Control s'efface presque totalement. Il n'y a que la suspension que vous devrez passer de vous-même en mode arsouille.
Toujours joueur, notre guide décide d'ouvrir comme un goret. Ca tombe bien, ca me démengeait sévère de pouvoir me tirer une petite bourre. Et ça tombe à pic, il regarde sans cesse dans ses rétros pour voir qui va vouloir jouer ou pas (oui, pas besoin de me le rappeler, ce n'est pas bien de faire ca sur route ouverte...). Ouvrant la route et l'ayant fait plusieurs fois depuis le lancement presse, ce dernier la connait comme sa poche, ce qui permet de pouvoir souder comme il se doit. Rapidement, la grande partie de nos confrères ne suivent plus, je me retrouve donc seul avec le guide et un autre journaliste (Maxime) qui soude également.
Et nous voici lancé à l'assaut des lacets andalous et quelles magnifiques routes mes amis, vous n'imaginez pas les décors de rêves que nous avons découvert. Passons... La moto dans cette configuration m'a vraiment surpris dans le bon sens et a démontré une excellente aptitude dans cet exercice.
Agile (malgré son poids), facile à emmener, prévenante, performante, ouch! elle m'a bluffé la vilaine. Les mises sur l'angle se font en toute confiance, la vitesse de passage en courbe est somme tout honorable pour ce type de moto, à tel point qu'il m'est arrivé de sortir le pieds comme je le faisais il y a quelques années sur ma 690 SMC R... Le moteur offre vraiement tout ce qu'il faut et quand il le faut. De 3'000tr/min dans les épingles à 10'000tr/min, vous sentez que la cavalerie ne demande qu'à être lâchée, ajoutez à ceci le shifter et vous sortez avec la banane à la moindre solicitation de la poignée de droite.
La suspension en mode sport offre un surplus de fermeté et n'a jamais été mise à mal. Debout sur le frein avant, la fourche ne plonge pas exagérément et permet de placer votre roue avant là où vous le souhaitez. Il n'y a qu'après une très longue descente que le freinage avant commençait à perdre un peu de son mordant, sinon RAS. Poids, rythme très soutenu, ceci est tout à fait normal et ne péjore en rien le plaisir de cette longue arsouille.
La monte pneumatique Metzeler ? Que dire... Elle est redoutable d'efficacité et démontre bien que Metzeler reste l'un des meilleurs manufacturiers pour les motos de ce type. A aucun moment ils n'ont démontré une faiblesse, que ce soit sous la pluie battante ou sur le sec lors de cette arsouille, ils ont répondu présent. Ça devient rare, une pareille polyvalence.
Du côté de la consommation, les 20 litres du réservoir vous permettront sans problème, en utilisation normale, de pouvoir parcourir 300km avant de devoir passer à la pompe. en utilisaton intensive "goret", vous devrez tabler sur 200 à 230km.
Bon, j'en ai presque fini avec cette Tiger, me reste à vous faire découvrir mon ressenti en mode Off-Road. Car oui, Triumph nous dit qu'elle sait aussi aller dans le sable et la boue. Ça tombe bien la météo nous promet tout ceci.