Alors déjà, pas besoin de porter un patronyme norvégien ou suédois pour monter (ou plutôt descendre) à bord du Bobber, sa hauteur de selle culminant à 69 cm. Bon on (re)notera que la Triumph est une moto d’égoïste et que vous ne pourrez JAMAIS emmener madame faire un tour ou acheter un sac à main chez Vuitton avec (votre carte de crédit vous remerciera). Après il suffit de tendre un tantinet les bras pour prendre les commandes et se rendre compte qu’elles sont faite pour de bonnes pognes, le diamètre étant important. Les leviers sont faciles d’accès et à actionner pendant que tous les boutons tombent bien sous les doigts. Le bloc compteur se réduit à sa plus simple expression, et honnêtement il n’y a pas besoin de plus.
Une pression sur le démarreur et… le vertical twin gronde au travers des échappements Vans&Hines comme orage un soir d’été. C’est beau et pourtant c’est homologué ! Quelques coups de gaz dans le vide démontrent que les good vibrations ne sont pas que l’apanage d’une célèbre marque américaine. On (enfin je vu que le Bobber est monoplace) engage la première et roulez jeunesse.
L’embrayage est doux, la boîte 6 répond du tac au tac et le moteur tracte dès les bas régimes. En fait c’est même ce qu’il préfère, les reprises en bas accompagnées d’un coup de pied au cul digne d’un 48 fillette d’un basketballeur anglais. Impossible de se lasser de ces relances, j’en joue en laissant la vitesse se réduire puis en remettant une grosse louche de charbon dans la chaudière du Titanic, euh pardon du Bobber.
Par contre, le premier freinage a failli être le synonyme de gros frais… l’unique disque avant peinant à arrêter le poids de la bête, j’ai dû tirer soudainement fort sur la poignée droite et comme la route était passablement bosselée, l’ABS s’est déclenché, rallongeant d’autant la distance de freinage… je peux vous dire que j’ai vu le devis défiler devant mes yeux en voyant le pare-chocs de la Twingo se rapprocher dangereusement ! Honnêtement, même si le look est gagnant, il aurait été judicieux à mes yeux de doter le Bobber d’un deuxième disque de frein avant, comme sur la Bonneville.
Malgré les calories dispensées par le vertical twin, le Bobber est à l’aise en ville. En fait, c’est même son terrain de jeux ! Tout d’abord parce que sa raison d’être est d’attirer le regard et ensuite car il permet de se déplacer en tout confort rapidement d’un point A, soit d’une terrasse, à un point B, une autre terrasse, sans passer inaperçu.
Ensuite, son rayon d’action est assez limité par la contenance de son réservoir. Celle-ci ne fera pas du Bobber un voyageur, et le confort de sa selle non plus. Autant, elle peut paraître confortable pour se déplacer en milieu urbain autant partir en voyage sur de nombreux kilomètres le fessier sur le Bobber pourrait s’apparenter à une initiation SM.
Par contre, le châssis du Bobber est une vraie réussite, la moto se plaçant là où le regard va. La fourche absorbe parfaitement les irrégularités de la route et elle amorti sans effet « pompe à vélo » souvent présent sur ce genre de machines. Les amortisseurs remplissent également leur fonction bien qu’ils soient un peu raides, certainement en raison de leur course courte.
Cela n’empêchera pas d’adopter un rythme un peu sportif le temps d’une virée, le tout bien aidé par le moteur joueur dont la traction parait sans limite. Le Bobber n’aura aucune peine à suivre la meute, hormis s’il y a des trappeurs parmi la meute.
Au fur et à mesure de ce test de longue durée, j’en suis venu tout à d’abord à me dire que la durée serait de toute façon trop courte tant ce Bobber est plaisant et ensuite au même constat tant il est gratifiant. Où que vous soyez quand quelqu’un le voit, le Bobber devient un merveilleux outil de communication avec l’engouement qu’il génère.
Quel luxe pour un constructeur comme Triumph de pouvoir proposer une machine qui se situe à la limite de la petite série. Pas besoin d’en vendre des milliers pour être rentable et justement… vous ne croiserez pas de Bobber à chaque coin de rue ou chaque terrasse :-)
Au niveau dynamique, la Triumph fait dans le juste avec un twin vertical de 1’200cc coupleux à souhait. La partie-cycle fait le travail hormis le frein avant qui mériterait l’ajout d’un congénère pour mieux travailler.