La Triumph Bonneville Bobber est un retour aux origines pour le constructeur anglais. En effet, alors que dans nos esprits Custom rime avec Harley, les origines du Bobber remontent dans les années 30, quand ce type de custom est apparu et que l’idée était d’alléger un maximum une moto en ôtant tout le superflu pour améliorer ses performances. Déjà à l’époque la maxime « light is right » faisait des émules.
Et aujourd'hui ? Bah il suffit de regarder les yeux de merlan frit du premier venu lorsqu'il les pose sur le Bobber… moi le premier ! C'est simple, sobre et efficace. Au passage, vous noterez que le nom de Bobber est du genre masculin.
De la classique Bonnevile, le Bobber conserve le bicylindre parallèle de 1200cc, la partie avant du cadre en acier, un seul des deux disque de frein et… voilà pour la partie-cycle. En ce qui concerne les commodos, et l’électronique, ils sont communs aux deux modèles.
L’essentiel de l'âme du Bobber se concentre sur son arrière-train et pour une fois, on se pavoisera devant un arrière de… mâle ! Tronqué à l’extrême, doté d’une selle rigoureusement monoplace, cet arrière fait 0% de concession ! Sur notre modèle d’essai, le pare-boue arrière US, encore raccourci par rapport à l’origine et surmonté du petit logo « T » de Triumph sublime encore cet arrière-train masculin. Non je n’ai pas viré de bord, mais… c’est beau !
En lançant le regard vers l’avant, on tombe sur la cathédrale mécanique. Le vertical twin doté de larges ailettes respire la puissance et le couple. Gavé, mais raisonnablement pour répondre aux normes Euro4, par une injection électronique déguisée en vieux carbus, Mon Bobber d’essai faisait ses vocalises au travers de deux magnifiques tubes d’échappement Vans&Hines noir mat.
On notera que le Twin fait appel à un (petit) refroidissement liquide pour justement respecter un peu plus les normes anti-pollution en faisant baisser les nombreuses calories diffusées par les deux grosses gamelles de 600cc chacune.
La finition du Bobber est tout simplement exceptionnelle et on se prendrait presque à croire qu’il s’agit d’une pièce unique qui sort d’un petit atelier. Ce d’autant plus que le catalogue des accessoires disponibles est à peu près aussi fourni que celui d’un constructeur de meuble suédois (il y en a plus de 150).
A ce propos vous apprécierez les deux petites sacoches présentes sur le modèle d’essai. Elles ne vous permettront pas de partir en vacances, d’ailleurs votre séant n’en sera pas capable mais on y reviendra, toutefois vous pourrez au moins y installer deux pintes pour déguster une bière fraiche en cours de route.
En ce qui concerne les aspects pratiques il faudra repasser, un Bobber c’est fait pour être beau(ber) et basta ! Nul besoin de 12 trips au compteur, de l’affichage de la température ambiante, du cruise-control, …. Cependant, comme aujourd’hui on ne badine pas avec la sécurité, la Triumph est tout de même dotée de l’anti-patinage (fort heureusement déconnectable) et de l’ABS (ça aussi on y reviendra…).
Bon, on ne va pas cacher la m… au chat, le Bobber est une moto valorisante pour son pilote. On l’achète pour se faire plaisir, parce que c’est une belle machine et aussi parce qu’elle est… valorisante ! Faire le test est simple, posez un Bobber devant une terrasse de pub ou au centre-ville et vous verrez qu’un bon nombre de passants risque le torticolis en passant à côté.
Alors déjà, pas besoin de porter un patronyme norvégien ou suédois pour monter (ou plutôt descendre) à bord du Bobber, sa hauteur de selle culminant à 69 cm. Bon on (re)notera que la Triumph est une moto d’égoïste et que vous ne pourrez JAMAIS emmener madame faire un tour ou acheter un sac à main chez Vuitton avec (votre carte de crédit vous remerciera). Après il suffit de tendre un tantinet les bras pour prendre les commandes et se rendre compte qu’elles sont faite pour de bonnes pognes, le diamètre étant important. Les leviers sont faciles d’accès et à actionner pendant que tous les boutons tombent bien sous les doigts. Le bloc compteur se réduit à sa plus simple expression, et honnêtement il n’y a pas besoin de plus.
Une pression sur le démarreur et… le vertical twin gronde au travers des échappements Vans&Hines comme orage un soir d’été. C’est beau et pourtant c’est homologué ! Quelques coups de gaz dans le vide démontrent que les good vibrations ne sont pas que l’apanage d’une célèbre marque américaine. On (enfin je vu que le Bobber est monoplace) engage la première et roulez jeunesse.
L’embrayage est doux, la boîte 6 répond du tac au tac et le moteur tracte dès les bas régimes. En fait c’est même ce qu’il préfère, les reprises en bas accompagnées d’un coup de pied au cul digne d’un 48 fillette d’un basketballeur anglais. Impossible de se lasser de ces relances, j’en joue en laissant la vitesse se réduire puis en remettant une grosse louche de charbon dans la chaudière du Titanic, euh pardon du Bobber.
Par contre, le premier freinage a failli être le synonyme de gros frais… l’unique disque avant peinant à arrêter le poids de la bête, j’ai dû tirer soudainement fort sur la poignée droite et comme la route était passablement bosselée, l’ABS s’est déclenché, rallongeant d’autant la distance de freinage… je peux vous dire que j’ai vu le devis défiler devant mes yeux en voyant le pare-chocs de la Twingo se rapprocher dangereusement ! Honnêtement, même si le look est gagnant, il aurait été judicieux à mes yeux de doter le Bobber d’un deuxième disque de frein avant, comme sur la Bonneville.
Malgré les calories dispensées par le vertical twin, le Bobber est à l’aise en ville. En fait, c’est même son terrain de jeux ! Tout d’abord parce que sa raison d’être est d’attirer le regard et ensuite car il permet de se déplacer en tout confort rapidement d’un point A, soit d’une terrasse, à un point B, une autre terrasse, sans passer inaperçu.
Ensuite, son rayon d’action est assez limité par la contenance de son réservoir. Celle-ci ne fera pas du Bobber un voyageur, et le confort de sa selle non plus. Autant, elle peut paraître confortable pour se déplacer en milieu urbain autant partir en voyage sur de nombreux kilomètres le fessier sur le Bobber pourrait s’apparenter à une initiation SM.
Par contre, le châssis du Bobber est une vraie réussite, la moto se plaçant là où le regard va. La fourche absorbe parfaitement les irrégularités de la route et elle amorti sans effet « pompe à vélo » souvent présent sur ce genre de machines. Les amortisseurs remplissent également leur fonction bien qu’ils soient un peu raides, certainement en raison de leur course courte.
Cela n’empêchera pas d’adopter un rythme un peu sportif le temps d’une virée, le tout bien aidé par le moteur joueur dont la traction parait sans limite. Le Bobber n’aura aucune peine à suivre la meute, hormis s’il y a des trappeurs parmi la meute.
Au fur et à mesure de ce test de longue durée, j’en suis venu tout à d’abord à me dire que la durée serait de toute façon trop courte tant ce Bobber est plaisant et ensuite au même constat tant il est gratifiant. Où que vous soyez quand quelqu’un le voit, le Bobber devient un merveilleux outil de communication avec l’engouement qu’il génère.
Quel luxe pour un constructeur comme Triumph de pouvoir proposer une machine qui se situe à la limite de la petite série. Pas besoin d’en vendre des milliers pour être rentable et justement… vous ne croiserez pas de Bobber à chaque coin de rue ou chaque terrasse :-)
Au niveau dynamique, la Triumph fait dans le juste avec un twin vertical de 1’200cc coupleux à souhait. La partie-cycle fait le travail hormis le frein avant qui mériterait l’ajout d’un congénère pour mieux travailler.