
Sitôt la moto reçue, je n’ai pas pu m’empêcher de vouloir l’emmener voir des cailloux et de la poussière. Avec ses jantes à rayons et ses pneus Continental Twinduro TKC80, elle se doit d’avoir quelques aptitudes pour s’éloigner de la route. Je commence doucement avec une route en terre sèche et compacte où la motricité avec les tétines était sensiblement meilleure qu’en pneus route. Cependant le contrôle de traction avait déjà du travail pour contenir les généreux coups de gaz que j’ai mis.
Je me suis ensuite aventuré sur un chemin apprécié des cavaliers, sans pour autant en croiser ce jour-là. Moteur et suspensions réglés sur Enduro, la progression est possible une fois l’importante largeur de la machine appréhendée. Que ce soit le guidon où les cylindres, il faut un peu analyser le terrain avant d’y aller et qu’ils rencontrent un obstacle. Au sol je dois composer avec quelques trous suffisamment grands pour y descendre avec ma roue avant de 19” mais également des pierres qu’il vaut mieux contourner.
L’embrayage hydraulique qu’on actionnerait à un doigt est un atout dans cette situation, même face à un important dénivelé on peut facilement jouer des gaz et faire grimper la GS. Idem pour les freins que l’ABS surveille avec une loi Enduro bien plus adaptée. Mais on doit pouvoir faire mieux, je me mets en tête de traverser une rivière avec la BMW. Je l’ai fait dans le passé avec une moto d’enduro et un niveau d’eau plus important et le constructeur a fait endurer bien pire à sa moto pour la vidéo de présentation.
Debout sur les grands cales-pieds métalliques, la descente se fait sans encombre et avec de l’élan pour ne pas bêtement perdre l’équilibre. La traversée commence bien, j’ai choisi une trajectoire avec peu de grosse pierre pour progresser sereinement. A mi-chemin, jeme rends compte que j’avais un peu sous-estimé l’importance du courant qui me déstabilise et m’oblige à compenser de mon corps pour garder l’équilibre. Arrivé de l’autre côté, l’avant sort très facilement de l’eau tandis que la roue arrière va bêtement se planter dans un petit banc de sable et là, les 244 kg de la 1200 GS ne pardonnent pas. C’est à la force des bras qu’on sortira l’allemande de son bain.
Elle a forcément tapé dans l’oeil des amateurs du jeu de construction, la BMW en Lego Technic et ses briques bleues électrique pourrait bien être la réplique de la Rallye. C’est même un excellent descriptif de la moto, plus de technique que de style chez les Allemands. De profil, le réservoir semble être très haut, mais celui-ci dissimule les prises d’air (pour faire du sous-marin, ah non je m’égare). On remarque aussi le fameux bec que l’on connaît depuis le tout premier modèle, servant de double garde-boue à la roue avant.
On se souvient en 2013, l’échappement et le cardan avaient échangé leur place par rapport au modèle précédent. Sur la Rallye, la transmission est intégralement noire, et ça en jette, tout comme le cercle des jantes à rayons tubeless. Le bloc optique reste asymétrique, ce qui dans l’ensemble n’est pas très élégant, mais la pièce elle-même est superbe. L’intégration de la technologie LED est simplement superbe. Autre héritage pour la Munichoise, le compteur en grande partie analogique que je ne regardais finalement plus étant donné que j’avais le dernier BMW Navigator VI sur la moto.
Depuis Genève, pour rejoindre les belles routes du coeur de la Suisse, la Vallée Verte est un incontournable. Ses beaux lacets sont un paradis pour motard et la 1200GS un outil parfaitement adapté. Je dois juste me garder d’un excès d’optimisme avec les TKC80 qui pourraient ne pas apprécier une mise sur l’angle précipitée. La surface de contact avec la route est tout de même réduite avec ces pneus M+S.
La descente après le Pas de Morgin est un régal, de grandes courbes ponctuées d’épingles très large pour les prendre facilement. En un rien de temps on se retrouve dans la Vallée du Rhône pour remonter dans les Alpes Vaudoise. La montée des Mosses est connue pour sa route pas mal vallonnée, surtout en un point. Là, la suspension active à réglage automatique ESA prend tout son sens. Un bouton lui est dédié au guidon, pour alterner entre Route et Dynamic, qui utilise une loi d’amortissement plus ferme.
Comme en vol au dessus de la route, la BMW passe sur les vagues sans sacrifier au confort. De quoi enquiller les kilomètres en toute quiétude. Un peu d’avance sur le planning ? Génial, un détour par le Jaunpass s’impose ! Il y a encore peu de trafic, la montée se fait à bon rythme, la descente côté bernois est plus lente, avec de nombreuses épingles pas très larges. Reste à rejoindre l’étape prévue pour la nuit au bord du lac des 4 cantons, en longeant le lac de Thoune et de Brienz.